Chapitre 9
1 Je dis la vérité dans le Christ, je ne mens pas, ma conscience me rendant témoignage par l’Esprit-Saint, 2 Qu’il y a une grande tristesse en moi, et une douleur continuelle dans mon coeur. 3 Car je désirais ardemment d’être moi-même anathème à l’égard du Christ, pour mes frères, qui sont mes proches selon la chair,
Note : Rm. 9, 3 : Voir Actes des Apôtres, 9, 2 ; 1 Corinthiens, 15, 9. ― Bossuet remarque avec raison que l’Apôtre ne porte pas ses voeux vers l’état des damnés, quant aux peines, et quant au péché qui en est la cause, mais qu’il se borne à souhaiter d’être privé de la gloire dont Dieu couronne les élus. D’ailleurs ce souhait n’est pas absolu, puisque, outre qu’il procède d’une condition impossible, saint Paul désire partout posséder Dieu. Ainsi on peut ne voir dans ces paroles qu’une hyperbole dictée par un zèle qu’on admire, mais qui ne doit pas être poussé à la rigueur.
4 Qui sont les Israélites, auxquels appartiennent l’adoption des enfants, la gloire, l’alliance, la loi, le culte et les promesses, 5 Dont les pères sont ceux de qui est sorti, selon la chair, le Christ même qui est au-dessus de toutes choses, Dieu béni dans tous les siècles. Amen.
6 Non que la parole de Dieu soit restée sans effet; mais tous ceux qui descendent d’Israël ne sont pas Israélites; 7 Ni ceux qui appartiennent à la race d’Abraham ne sont pas tous ses enfants; mais c’est en Isaac que sera ta postérité;
Note : Rm. 9, 7 : Voir Genèse, 21, 12. ― Littéralement : En Isaac sera appelée ta postérité, pour En Isaac sera ta postérité. Comparer à Romains, 7, 3.
8 C’est-à-dire, ce ne sont pas les enfants selon la chair qui sont enfants de Dieu, mais ce sont les enfants de la promesse qui sont comptés dans la postérité.
Note : Rm. 9, 8 : Voir Galates, 4, 28.
9 Car voici les termes de la promesse : En ce temps, je viendrai, et Sara aura un fils.
Note : Rm. 9, 9 : Voir Genèse, 18, 10.
10 Et non-seulement elle, mais aussi Rebecca, qui eut deux fils à la fois d’Isaac notre père.
Note : Rm. 9, 10 : Voir Genèse, 25, 24. ― Qui eut deux fils Jacob et Esaü.
11 Car avant qu’ils fussent nés ou qu’ils eussent fait ni aucun bien, ni aucun mal (afin que le décret de Dieu demeurât ferme selon son élection), 12 Non à cause de leurs oeuvres, mais par la volonté de celui qui appelle, il lui fut dit :13 L’aîné servira sous le plus jeune, selon qu’il est écrit : J’ai aimé Jacob, et j’ai haï Esaü.
Note : Rm. 9, 13 : Voir Genèse, 25, 23 ; Malachie, 1, 2. ― Dans l’Ecriture, le mot haïr signifie souvent aimer moins. Ainsi l’Apôtre veut dire que Jacob a été préféré à Esaü, mais il veut montrer en même temps contre les Juifs, que par cette préférence donnée au plus jeune sur l’aîné, Dieu n’est lié envers aucune nation particulière dans la distribution de ses grâces. Car comme, en effet, il ne voit aucun mérite antérieur à sa grâce, mais qu’il trouve tout enveloppé dans le péché, dans la même masse de condamnation, il n’y a personne qu’il ne puisse justement laisser dans cette masse ; de sorte que quiconque en est délivré, l’est par sa miséricorde, et quiconque y est laissé, l’est avec justice. Comme lorsque, de deux hommes également criminels, un roi veut bien, par pure grâce, pardonner à l’un, tandis qu’il laisse la justice suivre son cours à l’égard de l’autre.
14 Que dirons-nous donc? Y a-t-il en Dieu de l’injustice? Nullement. 15 Car il dit à Moïse : J’aurai pitié de qui j’ai pitié, et je ferai miséricorde à qui je ferai miséricorde.
Note : Rm. 9, 15 : Voir Exode, 33, 19.
16 Cela ne dépend donc ni de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu, qui fait miséricorde. 17 Car l’Ecriture dit à Pharaon : Voici pourquoi je t’ai suscité : c’est pour faire éclater en toi ma puissance, et pour que mon nom soit annoncé dans toute la terre.
Note : Rm. 9, 17 : Voir Exode, 9, 16.
18 Donc il a pitié de qui il veut, et il endurcit qui il veut.
Note : Rm. 9, 18 : Dieu endurcit le coeur, non pasen lui inspirant le mal, mais en ne lui accordant pas la grâce, qui est purement gratuite de sa part.
19 Certainement vous me direz : De quoi se plaint-il encore? car qui résiste à sa volonté? 20 Ô homme, qui es-tu, pour contester avec Dieu? Le vase dit-il au potier : Pourquoi m’as-tu fait ainsi?
Note : Rm. 9, 20 : Voir Sagesse, 15, 7 ; Isaïe, 45, 9 ; Jérémie, 18, 6.
21 N’a-t-il pas le pouvoir, le potier, de faire de la même masse d’argile un vase d’honneur et un autre d’ignominie ?
Note : Rm. 9, 21 : Si la comparaison du potier et de l’argile n’est pas juste sous tous les rapports, puisque l’argile ne concourt pas à la forme qu’on lui donne, tandis que l’homme concourt à la sainteté que Dieu lui communique, elle l’est au moins sous ceux pour lesquels l’Apôtre en fait usage ici.
22 Que si Dieu, voulant manifester sa colère et signaler sa puissance, a supporté avec une patience extrême les vases de colère propres à être détruits,
Note : Rm. 9, 22 : Que si Dieu, etc. Le raisonnement qui commence ici, et qui se poursuit à travers diverses phrases incidentes, l’Apôtre le conclut au verset 30.
23 Afin de manifester les richesses de sa gloire sur les vases de miséricorde qu’il a préparés pour la gloire, 24 En nous qu’il a de plus appelés, non-seulement d’entre les Juifs, mais aussi d’entre les gentils,
25 Comme il dit dans Osée : J’appellerai celui qui n’est pas mon peuple, mon peuple ; celle qui n’est pas bien-aimée, bien-aimée ; celle qui n’a point obtenu miséricorde, objet de miséricorde :
Note : Rm. 9, 25 : Voir Osée, 2, 24 ; 1 Pierre, 2, 10.
26 Et il arrivera que dans le lieu même où il leur fut dit : Vous n’êtes point mon peuple, ils seront appelés enfants du Dieu vivant.
Note : Rm. 9, 26 : Autre citation d’Osée (voir Osée, 1, 10), parlant encore des dix tribus. La vocation des gentils entre donc dans le plan divin de la rédemption ; il en est de même de l’incrédulité d’une partie des Juifs, et par suite de leur exclusion du salut messianique (voir versets 27 et 28).
27 Et Isaïe s’écrie à l’égard d’Israël : Le nombre des enfants d’Israël fût-il comme le sable de la mer, il n’y aura qu’un reste de sauvé.
Note : Rm. 9, 27 : Voir Isaïe, 10, 22.
28 Or le Seigneur accomplira cette parole et l’abrégera avec équité ; oui, le Seigneur abrégera cette parole sur la terre ;
Note : Rm. 9, 28 : Cette parole; cette prophétie d’Isaïe. ― L’abrégera; c’est-à-dire il réglera le temps de son accomplissement ; il l’accomplira promptement.
29 Et comme Isaïe avait dit auparavant : Si le Seigneur Sabaoth ne nous avait réservé un rejeton, nous serions devenus comme Sodome, et semblables à Gomorrhe.
Note : Rm. 9, 29 : Voir Isaïe, 1, 9. ― Sabaoth, mot hébreu, que l’on traduit ordinairement par armées; mais dont le sens primitif est : ce que le ciel et la terre renferment. Comparer àGenèse, 2, 1.
30 Que dirons-nous donc? Que les gentils qui ne cherchaient point la justice ont embrassé la justice ; mais la justice qui vient de la foi.
Note : Rm. 9, 30 : Saint Paul reprend ici le raisonnement qu’il a commencé au verset 22.
31 Et qu’Israël, au contraire, en recherchant la loi de justice, n’est point parvenu à la loi de justice. 32 Et pourquoi? Parce que ce n’est point par la foi, mais comme par les oeuvres qu’ils l’ont recherchée; car ils se sont heurtés contre la pierre de l’achoppement, 33 Comme il est écrit : Voici que je mets en Sion une pierre d’achoppement et une pierre de scandale; et quiconque croit en lui ne sera point confondu.
Note : Rm. 9, 33 : Voir 1 Pierre, 2, 7. ― Ecrit: l’Apôtre fond ensemble deux versets d’Isaïe (voir Isaïe, 8, 14 et 28, 16) qui, dans le sens littéral, se rapportent à Yahweh et à la théocratie de l’ancienne Alliance, et, dans le sens typique, au Messie. Comparer à 1 Corinthiens, 1, 23 ; Matthieu, 11, 6. ― En lui; c’est-à-dire en celui qui est représenté par la pierre d’achoppement et de scandale.