Chapitre 6
1 Après cela Jésus s’en alla de l’autre côté de la mer de Galilée, c’est-à-dire de Tibériade;
Note : Jean 6, 1 : Voir Matthieu, 14, 13 ; Marc, 6, 32 ; Luc, 9, 10. ― Jésus s’en alla de l’autre côté de la mer de Galilée. Voir Matthieu, note 14. 13. ― Sur Tibériade, voir au verset 23.
2 Et une grande multitude le suivait, parce qu’ils voyaient les miracles qu’il faisait sur ceux qui étaient malades. 3 Jésus monta donc sur la montagne, et là il était assis avec ses disciples.
Note : Jean 6, 3 : Sur la montagne ; c’est-à-dire sur la montagne voisine.
4 Cependant approchait la Pâque, jour de la fête des Juifs.
Note : Jean 6, 4 : La Pâque. Voir Matthieu, 26, 2.
5 Jésus donc ayant levé les yeux et vu qu’une très grande multitude était venue à lui, dit à Philippe : Où achèterons-nous des pains, pour que ceux-ci mangent? 6 Or il disait cela pour l’éprouver; car pour lui il savait ce qu’il devait faire. 7 Philippe lui répondit : Deux cents deniers de pain ne leur suffiraient pas pour que chacun d’eux en eût même un petit morceau. 8 Un de ses disciples, André, frère de Simon-Pierre, lui dit:9 Il y a ici un petit garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons : mais qu’est-ce que cela pour tant de monde? 10 Jésus dit donc : Faites asseoir ces hommes. Or il y avait beaucoup d’herbe en ce lieu. Ces hommes s’assirent donc au nombre d’environ cinq mille.
Note : Jean 6, 10 : Il y avait beaucoup d’herbe en ce lieu. L’herbe pousse abondamment sur certaines montagnes de la Palestine. Le P. de Géramb dit de celle des Béatitudes : « Arrivés au pied de cette montagne, nous fûmes arrêtés par la hauteur de l’herbe. Elle était si élevée qu’elle atteignait presque la tête de nos chevaux, et si épaisse qu’elle obstruait tout le passage. Nos janissaires furent obligés de la faucher avec leurs sabres pour nous ouvrir un chemin. »
11 Alors Jésus prit les pains, et quand il eut rendu grâces, il les distribua à ceux qui étaient assis; et de même des poissons, autant qu’ils en voulaient. 12 Lorsqu’ils furent rassasiés, il dit à ses disciples : Amassez les morceaux qui sont restés, pour qu’ils ne se perdent pas. 13 Ils les amassèrent donc, et remplirent douze paniers de morceaux des cinq pains d’orge qui restèrent à ceux qui avaient mangé. 14 Or ces hommes, ayant vu le miracle que Jésus avait fait, disaient : Celui-ci est vraiment le prophète qui doit venir dans le monde. 15 Et Jésus, ayant connu qu’ils devaient venir pour l’enlever et le faire roi, s’enfuit de nouveau sur la montagne tout seul.
Note : Jean 6, 15 : Voir Matthieu, 14, 23 ; Marc, 6, 46.
16 Dès que le soir fut venu, ses disciples descendirent à la mer. 17 Et quand ils furent montés dans la barque, ils vinrent de l’autre côté de la mer, vers Capharnaüm. Or les ténèbres s’étaient déjà faites, et Jésus n’était pas venu à eux.
Note : Jean 6, 17 : Vers Capharnaüm. Voir Matthieu, 4, 13.
18 Cependant, au souffle d’un grand vent, la mer s’enflait. 19 Après donc qu’ils eurent ramé environ vingt-cinq ou trente stades, ils virent Jésus marchant sur la mer et s’approchant de la barque, et ils eurent peur.
Note : Jean 6, 19 : Vingt-cinq à trente stades équivalent à cinq ou six kilomètres.
20 Mais il leur dit : C’est moi, ne craignez point. 21 C’est pourquoi ils voulurent le prendre dans la barque, et aussitôt la barque se trouva à la terre où ils allaient.
22 Le jour suivant, le peuple, qui se tenait de l’autre côté de la mer, observa qu’il n’y avait eu là qu’une seule barque, que Jésus n’était point entré avec ses disciples dans cette barque, mais que ses disciples seuls étaient partis; 23 Cependant, d’autres barques vinrent de Tibériade, près du lieu où ils avaient mangé le pain, le Seigneur ayant rendu grâces.
Note : Jean 6, 23 : Tibériade, sur les bords du lac auquel elle a donné son nom, fut bâtie, d’après Josèphe, par Hérode Antipas, et ainsi nommée par son fondateur en l’honneur de l’empereur Tibère. Cette ville fut la capitale de la Galilée depuis sa fondation jusqu’au règne d’Hérode Agrippa II qui rétablit le siège de son gouvernement à Séphoris, ancienne capitale de la province. Plusieurs de ses habitants étaient Grecs et Romains. Dans le voisinage, il y avait des eaux thermales célèbres chez les Latins. Le Sanhédrin s’y fixa vers le milieu du second siècle de notre ère, et des écoles juives très renommées y fleurirent pendant longtemps.
24 Quand le peuple eut vu que Jésus n’était point là, ni ses disciples, il monta lui aussi dans les barques et vint à Capharnaüm, cherchant Jésus. 25 Et l’ayant trouvé de l’autre côté de la mer, ils lui dirent : Maître, comment êtes-vous venu ici? 26 Jésus leur répondit, et dit : En vérité, en vérité, je vous le dis, vous me cherchez, non parce que vous avez vu des miracles, mais parce que vous avez mangé des pains et avez été rassasiés.
27 Travaillez, non pas en vue de la nourriture qui périt, mais de celle qui demeure pour la vie éternelle, et que le Fils de l’homme vous donnera; car Dieu le Père l’a scellée de son sceau.
Note : Jean 6, 27 : (? ) Voir Matthieu, 3, 17 ; 17, 5 ; Jean, 1, 32.
28 Ils lui demandèrent : Que ferons-nous pour travailler aux oeuvres de Dieu? 29 Jésus répondit et leur dit : L’oeuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé.
Note : Jean 6, 29 : Voir 1 Jean, 3, 23. (? ) ― « La foi à laquelle Notre-Seigneur réduit ici (et souvent ailleurs) tous ses préceptes, ne consiste pas seulement à croire à la parole du Christ ; c’est la foi qui se livre à lui sans réserve, la foi pénétrée de charité, s’unissant à son objet et communiant à tout ce qu’il est. » (CRAMPON)
30 Ils lui repartirent : Quel miracle donc faites-vous pour que nous voyions et que nous croyions en vous? 31 Nos pères ont mangé la manne dans le désert, comme il est écrit : Il leur a donné du pain du ciel à manger.
Note : Jean 6, 31 : Voir Exode, 16, 14 ; Nombres, 11, 7 ; Psaumes, 77, 24 ; Sagesse, 16, 20. ― Dans le désert du Sinaï.
32 Jésus leur dit donc : En vérité, en vérité, je vous le dis, Moïse ne vous a point donné le pain du ciel, mais c’est mon Père qui vous donne le vrai pain du ciel. 33 Car le pain de Dieu est celui qui descend du ciel, et donne la vie au monde.
34 Ils lui dirent donc : Seigneur, donnez-nous toujours ce pain. 35 Et Jésus leur dit : C’est moi qui suis le pain de vie : qui vient à moi n’aura pas faim, et qui croit en moi n’aura jamais soif.
Note : Jean 6, 35 : Voir Ecclésiastique, 24, 29.
36 Mais je vous l’ai dit, vous m’avez vu, et vous ne croyez point. 37 Tout ce que me donne mon Père viendra à moi, et celui qui vient à moi, je ne le rejetterai pas dehors :
Note : Jean 6, 37 : Tout ce que ; c’est-à-dire tous ceux que. Voir, pour cette énallage, Matthieu, 18, 11 (? ).
38 Parce que je suis descendu du ciel, non pour faire ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé. 39 Or c’est la volonté de mon Père qui m’a envoyé, que de tout ce qu’il m’a donné, rien ne se perde, mais que je le ressuscite au dernier jour. 40 C’est la volonté de mon Père qui m’a envoyé, que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle, et moi je le ressusciterai au dernier jour.
41 Cependant les Juifs murmuraient contre lui, parce qu’il avait dit : Moi je suis le pain vivant qui suis descendu du ciel, 42 Et ils disaient : N’est-ce pas là Jésus, le fils de Joseph, dont nous connaissons le père et la mère? Comment donc dit-il : Je suis descendu du ciel?
Note : Jean 6, 42 : Voir Matthieu, 13, 55 ; Marc, 6, 3.
43 Mais Jésus répondit et leur dit : Ne murmurez point entre vous; 44 Nul ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire ; et moi je le ressusciterai au dernier jour. 45 Il est écrit dans les prophètes :Ils seront tous enseignés de Dieu. Quiconque a entendu la voix du Père et a appris, vient à moi.
Note : Jean 6, 45 : Voir Isaïe, 54, 13.
46 Non que personne ait vu le Père, si ce n’est celui qui est de Dieu; car celui-là a vu le Père.
Note : Jean 6, 46 : Voir Matthieu, 11, 27.
47 En vérité, en vérité, je vous le dis : Qui croit en moi, a la vie éternelle. 48 C’est moi qui suis le pain de la vie. 49 Vos pères ont mangé la manne dans le désert et sont morts.
Note : Jean 6, 49 : Voir Exode, 16, 13.
50 Voici le pain qui descend du ciel, afin que si quelqu’un en mange, il ne meure point. 51 Je suis le pain vivant, moi qui suis descendu du ciel.
52 Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement; et le pain que je donnerai, c’est ma chair pour la vie du monde.
53 Les Juifs donc disputaient entre eux, disant : Comment celui-ci peut-il nous donner sa chair à manger? 54 Et Jésus leur dit : En vérité, en vérité, je vous le dis : Si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme, et ne buvez son sang, vous n’aurez point la vie en vous.
Note : Jean 6, 54 : Et ne buvez, etc. Voir Matthieu, 26, 27. « “Celui, dit saint Basile, qui est régénéré, qui a la vie par le baptême, doit l’entretenir en lui par la participation aux mystères sacrés. ” C’est pour cela que l’Eglise fait un devoir rigoureux de s’approcher, au moins une fois chaque année, de la table du Seigneur. Il ne suit pas, d’ailleurs, de ces paroles, que tous doivent nécessairement recevoir Notre-Seigneur sous les deux espèces du pain et du vin ; car comme il arrive souvent dans le style biblique, la conjonction et est mise ici pour ou ; en outre, on sait que Jésus-Christ est présent tout entier sous chaque espèce. La communion sous les deux espèces n’est de rigueur que pour les prêtres qui offrent le sacrifice de la Messe, où l’immolation du Sauveur et l’effusion de son sang sont représentées par la distinction des espèces sacramentelles. » (CRAMPON)
55 Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. 56 Car ma chair est vraiment nourriture et mon sang est vraiment breuvage ;
Note : Jean 6, 56 : Voir 1 Corinthiens, 11, 27.
57 Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui. 58 Comme mon Père qui est vivant m’a envoyé, et que moi je vis par mon Père, ainsi celui qui me mange vivra aussi par moi.
59 Voici le pain qui est descendu du ciel. Ce n’est pas comme vos pères, qui ont mangé la manne et sont morts. Celui qui mange ce pain vivra éternellement.
60 Il dit ces choses, enseignant dans la synagogue, à Capharnaüm.
Note : Jean 6, 60 : Enseignant dans la synagogue. Voir Matthieu, 4, 23 et Luc, 4, 16.
61 Mais beaucoup de ses disciples l’ayant entendu, dirent : Ces paroles sont dures et qui peut les écouter? 62 Or Jésus sachant en lui-même que ses disciples en murmuraient leur dit : Cela vous scandalise?
Note : Jean 6, 62-63 : Vous ne croyez pas maintenant que je puisse vous donner ma chair à manger, et mes paroles à cet égard vous scandalisent ; mais en serait-il de même, si vous me voyiez monter au ciel ? Ce miracle ne vous prouverait-il pas la vérité de ce que je vous assure ?
63 Et si vous voyiez le Fils de l’homme montant où il était auparavant? 64 C’est l’esprit qui vivifie ; la chair ne sert de rien : or les paroles que je vous ai dites sont esprit de vie.
Note : Jean 6, 64 : La chair seule sans l’esprit ne sert à rien. C’est en vain que l’on reçoit le corps de Jésus-Christ d’une manière sensible et corporelle, si l’on ne le reçoit en esprit et par la foi. ― Les paroles de Jésus-Christ sont en effet esprit et vie, puisqu’elles contiennent la promesse d’un sacrement dans lequel on peut recevoir d’une manière miraculeuse, l’esprit la grâce et la vie dans sa source.
65 Mais il en est parmi vous quelques-uns qui ne croient point. Car Jésus savait, dès le commencement, qui étaient ceux qui ne croyaient pas, et qui devait le trahir.
66 Et il disait : C’est pourquoi je vous ai dit que nul ne peut venir à moi, s’il ne lui est donné par mon Père. 67 Dès lors, beaucoup de ses disciples se retirèrent, et ils n’allaient plus avec lui. 68 Jésus donc dit aux douze : Et vous, voulez-vous aussi vous en aller? 69 Mais Simon-Pierre lui répondit : Seigneur, à qui irions-nous? Vous avez des paroles de vie éternelle ; 70 Pour nous, nous avons cru, et nous avons connu que vous êtes le Christ, le Fils de Dieu.
Note : Jean 6, 70 : Voir Matthieu, 16, 16 ; Marc, 8, 29 ; Luc, 9, 20.
71 Jésus leur répondit : N’est-ce pas moi qui vous ai choisis tous les douze? Cependant l’un de vous est un démon. 72 Il parlait de Judas Iscariote, fils de Simon : car c’était lui qui devait le trahir, quoiqu’il fût un des douze.