Chapitre 17
1 Six jours après, Jésus prit Pierre, Jacques et Jean son frère, et les conduisit sur une haute montagne, à l’écart.
Note : Matth. 17, 1 : Voir Marc, 9, 1 ; Luc, 9, 28. ― Sur une haute montagne. On croit communément que c’est le Thabor dans la Galilée. ― C’est l’opinion qui a été soutenue par Eusèbe et saint Jérôme. Elle est néanmoins aujourd’hui très contestée, parce que le Sauveur était précédemment fort loin du Thabor, à Césarée de Philippe (voir Matthieu, 16, 13) et qu’après la transfiguration, les Evangélistes parlent de son retour en Galilée (voir Matthieu, 17, 21 ; Marc, 9, 29), sans mentionner aucun voyage dans l’intervalle. On pense donc que la montagne de la Transfiguration était située plus au nord, et à l’est du Jourdain, mais sans pouvoir la déterminer d’une manière précise.
2 Et il fut transfiguré devant eux; sa face resplendit comme le soleil, et ses vêtements devinrent blancs comme la neige. 3 Et voilà que Moïse et Elie leur apparurent, s’entretenant avec lui. 4 Or, prenant la parole, Pierre dit à Jésus : Seigneur, il nous est bon d’être ici; si vous voulez, faisons-y trois tentes, une pour vous, une pour Moïse, et une pour Elie. 5 Il parlait encore, lorsqu’une nuée lumineuse les couvrit. Et voici une voix de la nuée, disant : Celui-ci est mon fils bien-aimé, en qui j’ai mis toutes mes complaisances. Ecoutez-le.
Note : Matth. 17, 5 : Voir Matthieu, 3, 17 ; 2 Pierre, 1, 17.
6 Or, les disciples entendant cela, tombèrent sur leur face, et furent saisis d’une frayeur extrême. 7 Mais Jésus s’approcha et les toucha ; et il leur dit : Levez-vous et ne craignez point. 8 Alors, levant les yeux, ils ne virent plus personne, si ce n’est Jésus, seul. 9 Et comme ils descendaient de la montagne, Jésus leur commanda, disant : Ne parlez à personne de cette vision, jusqu’à ce que le Fils de l’homme ressuscite d’entre les morts.
10 Et les disciples l’interrogèrent, disant : Pourquoi donc les scribes disent-ils qu’il faut qu’auparavant Elie vienne?
Note : Matth. 17, 10 : Voir Marc, 9, 10. ― Le prophète Malachie dit, en effet, qu’Elie doit venir avant le grand et épouvantable jour du Seigneur. Comparer à ce que nous avons dit un peu plus haut à Matthieu, note 11. 14.
11 Jésus répondant, leur dit : Elie, en effet, doit venir, et il rétablira toutes choses.
Note : Matth. 17, 11 : Voir Malachie, 4, 5.
12 Mais je vous le dis : Elie est déjà venu, et ils ne l’ont point connu, et ils lui ont fait tout ce qu’ils ont voulu. C’est ainsi que le Fils de l’homme lui-même doit être traité par eux.
Note : Matth. 17, 12 : Voir Matthieu, 11, 14 ; 14, 10.
13 Alors les disciples comprirent qu’il leur avait parlé de Jean-Baptiste.
14 Lorsqu’il fut venu vers le peuple, un homme s’approcha de lui, et il se jeta à ses pieds, disant : Seigneur, ayez pitié de mon fils, parce qu’il est lunatique et qu’il souffre cruellement; car il tombe souvent dans le feu et souvent dans l’eau.
Note : Matth. 17, 14 : Voir Marc, 9, 16 ; Luc, 9, 38.
15 Je l’ai présenté à vos disciples, et ils n’ont pu le guérir. 16 Et répondant, Jésus dit : Ô race incrédule et perverse, jusqu’à quand serai-je avec vous? jusqu’à quand vous supporterai-je? Amenez-le-moi ici. 17 Or, Jésus ayant gourmandé le démon, il sortit de l’enfant, qui fut guéri à l’heure même. 18 Alors les disciples s’approchèrent de Jésus en secret, et lui dirent : Pourquoi nous, n’avons-nous pu le chasser? 19 Jésus leur répondit : A cause de votre incrédulité. En vérité, je vous le dis, si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé, vous diriez à cette montagne : Passe d’ici là, et elle y passerait, et rien ne vous serait impossible.
Note : Matth. 17, 19 : Voir Luc, 17, 6. ― Un grain de sénevé. Voir Matthieu, 13, 31.
20 Mais ce genre de démons ne se chasse que par la prière et le jeûne.
21 Or, tandis qu’ils se trouvaient en Galilée, Jésus leur dit : Le Fils de l’homme doit être livré entre les mains des hommes.
Note : Matth. 17, 21 : Voir Matthieu, 20, 18 ; Marc, 9, 30 ; Luc, 9, 44.
22 Et ils le tueront, et le troisième jour il ressuscitera. Et ils furent extrêmement contristés.
23 Lorsqu’ils vinrent à Capharnaüm, ceux qui recevaient le didrachme s’approchèrent de Pierre, et lui demandèrent : Est-ce que votre maître ne paye pas le didrachme?
Note : Matth. 17, 23 : Le didrachme ou double drachme valait environ quatre-vingt-un centimes. ― « Ce didrachme était la contribution d’un demi-sicle, ou de deux drachmes, que les familles juives étaient habituées à payer pour l’entretien du Temple. Vespasien le fit percevoir plus tard pour le Capitole. Les collecteurs s’adressent à saint Pierre, soit par respect pour le Sauveur, soit pour engager le disciple à s’acquitter à la place du maître. La réponse du Sauveur suppose clairement sa divinité. Pour ne pas scandaliser ceux qui l’ignorent, il consent à payer ; mais fait observer qu’il n’est pas soumis à l’impôt, et il révèle par un miracle cet acte de condescendance. Le statère avait la valeur d’un tétradrachme, trois francs environ, et par conséquent suffisait pour deux personnes. » (BACUEZ. ) ― Capharnaüm, voir Matthieu, 4, 13.
24 Il répondit : Il le paye. Et lorsqu’il fut entré dans la maison, Jésus le prévint, disant : Que t’en semble, Simon? De qui les rois de la terre reçoivent-ils le tribut ou le cens? de leurs enfants ou des étrangers? 25 Et Pierre répondit : Des étrangers. Jésus lui dit : Ainsi, les enfants en sont exempts. 26 Cependant pour ne les point scandaliser, va à la mer, jette un hameçon ; et le poisson qui le premier montera, prends-le; puis ouvrant sa bouche, tu trouveras un statère; l’ayant pris, donne-le pour moi et pour toi.
Note : Matth. 17, 26 : Le statère valait quatre drachmes.