Chapitre 4
1 Alors Jésus fut conduit par l’Esprit dans le désert pour y être tenté par le diable.
Note : Matth. 4, 1 : Voir Marc, 1, 12 ; Luc, 4, 1. ― Le désert de la tentation est, d’après la tradition, le désert de la Quarantaine, ainsi appelé des quarante jours qu’y passa Notre-Seigneur. Il s’étend à l’ouest de Jéricho ; il est très accidenté et ses montagnes sont des plus belles de la Palestine méridionale ; elles se composent de calcaire blanc et sont remplies de cavernes ; c’est là vraisemblablement que se réfugièrent les espions envoyés par Josué à Jéricho (Voir Josué, 2, 22) ; elles furent peuplées d’anachorètes, après l’ère chrétienne, en souvenir du jeûne du Sauveur.
2 Et lorsqu’il eut jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim. 3 Et le tentateur s’approchant, lui dit : Si vous êtes le Fils de Dieu, dites que ces pierres deviennent des pains. 4 Jésus, répondant, dit : Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.
Note : Matth. 4, 4 : Voir Deutéronome, 8, 3 ; Luc, 4, 4.
5 Le diable alors le transporta dans la cité sainte et le plaça sur le haut du temple,
Note : Matth. 4, 5 : Sur le haut du temple. Littéralement sur le pinacle du temple. Le sens est incertain. D’après les uns, c’est le faîte du temple proprement dit ; d’après les autres, comme le texte grec emploie un mot qui désigne ordinairement l’ensemble des constructions du temple, hiéron, c’est le faîte du portique de Salomon à l’est ou bien le faîte de la porte royale qui se dressait au sud au-dessus d’un précipice profond, d’après le témoignage de Josèphe.
6 Et il lui dit : Si vous êtes le Fils de Dieu, jetez-vous en bas, car il est écrit : Il vous a confié à ses anges, et ils vous porteront en leurs mains, de peur que vous ne heurtiez votre pied contre quelque pierre.
Note : Matth. 4, 6 : Voir Psaumes, 90, 11.
7 Jésus lui dit : Il est écrit aussi : Tu ne tenteras point le Seigneur ton Dieu.
Note : Matth. 4, 7 : Voir Deutéronome, 6, 16.
8 Le diable de nouveau le transporta sur une montagne très élevée; il lui montra tous les royaumes du monde et leur gloire,
Note : Matth. 4, 8 : Sur une montagne très élevée. Il est impossible de savoir quelle est cette montagne.
9 Et lui dit : Je vous donnerai toutes ces choses, si, vous prosternant, vous m’adorez. 10 Alors Jésus lui dit : Retire-toi, Satan, car il est écrit : Tu adoreras le Seigneur ton Dieu et tu le serviras, lui seul.
Note : Matth. 4, 10 : Voir Deutéronome, 6, 13.
11 Alors le diable le laissa; et voilà que des anges s’approchèrent et ils le servaient.
12 Mais quand Jésus eut appris que Jean avait été mis en prison, il se retira en Galilée;
Note : Matth. 4, 12 : Voir Marc, 1, 14 ; Luc, 4, 14 ; Jean, 4, 43.
13 Et ayant quitté la ville de Nazareth, il vint demeurer à Capharnaüm, ville maritime sur les confins de Zabulon et de Nephtali;
Note : Matth. 4, 13 : Capharnaüm. Le site de Capharnaüm, dont le nom revient si souvent dans les Evangiles, est encore aujourd’hui un problème. La malédiction prononcée par le Sauveur contre cette ville coupable s’est si littéralement accomplie que personne ne peut dire avec certitude où il faut en chercher les ruines. D’après les uns, Capharnaüm était à Khan Miniéh, d’après les autres à Tell Hum. Khan Miniéh est un monceau de ruines qui tire son nom d’un vieux khan du voisinage, sur les bords du lac de Tibériade, à l’extrémité nord-ouest de la plaine. Tell Hum est à une heure de chemin au nord de Khan Miniéh, à trois quarts d’heure environ à l’ouest-sud-ouest de l’embouchure du Jourdain dans le lac.
14 Afin que s’accomplît la parole du prophète Isaïe, disant :15 La terre de Zabulon et la terre de Nephtali, voie de la mer, au-delà du Jourdain, Galilée des nations,
Note : Matth. 4, 15 : Voir Isaïe, 9, 1.
16 Le peuple qui était assis dans les ténèbres a vu une grande lumière ; quant à ceux qui étaient assis dans la région de l’ombre de la mort, une lumière s’est levée aussi pour eux. 17 Depuis ce temps-là, Jésus commença à prêcher et à dire : Faites pénitence, car le royaume des cieux approche.
Note : Matth. 4, 17 : Voir Marc, 1, 15.
18 Or, marchant le long de la mer de Galilée, Jésus vit deux frères, Simon qui est appelé Pierre, et André, son frère, qui jetaient leurs filets dans la mer (car ils étaient pêcheurs),
Note : Matth. 4, 18 : Voir Marc, 1, 16 ; Luc, 5, 2. ― La mer de Galilée. Sur la mer de Galilée ou lac de Tibériade, voir la note 33 à la fin du volume.
19 Et il leur dit : Suivez-moi, et je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes. 20 Et eux aussitôt, quittant leurs filets, le suivirent.
21 Et s’avançant de là, il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et Jean, son frère, dans leur barque avec Zébédée, leur père, racommodant leurs filets, et il les appela.
Note : Matth. 4, 21 : Zébédée, pécheur de la mer de Galilée, époux de Salomé, qui paraît avoir joui d’une certaine aisance.
22 Et eux, aussitôt, ayant laissé leurs filets et leur père, le suivirent.
23 Et Jésus parcourait toute la Galilée enseignant dans leurs synagogues, prêchant l’Evangile du royaume, et guérissant toute langueur et toute infirmité parmi le peuple.
Note : Matth. 4, 23 : Les synagogues étaient des lieux d’assemblée de religion pour les Juifs ; ils s’y réjouissaient les jours de sabbat et les jours de fête pour prier, lire et entendre la parole de Dieu, et pour y exercer les autres pratiques de leur loi. ― Du royaume ; c’est-à-dire du royaume de Dieu.
24 Sa réputation se répandit aussi dans toute la Syrie, de sorte qu’on lui présenta tous les malades, tous ceux qui étaient atteints de souffrances et de maux divers, des démoniaques, des lunatiques, des paralytiques, et il les guérit.
Note : Matth. 4, 24 : Toute la Syrie. La Syrie désigne dans le Nouveau Testament le pays borné à l’est par l’Euphrate et l’Arabie, au sud par la Palestine, à l’ouest par la mer Méditerranée et la Phénicie, au nord par la chaîne de l’Amanus et du Taurus.
25 Et une grande multitude le suivit de la Galilée, de la Décapole, de Jérusalem, de la Judée et d’au-delà du Jourdain.
Note : Matth. 4, 25 : Voir Marc, 3, 7 ; Luc, 6, 17. ― La Décapole était la confédération de plusieurs villes unies entre elles pour leur commune défense. Quoique le mot Décapole signifie dix villes, le nombre des cités confédérées était variable. La plupart d’entre elles étaient situées à l’est du Jourdain. La capitale, Scythopolis, l’ancienne Bethsan, à l’ouest du fleuve, est la clef de la Palestine proprement dite. Après Scythopolis, les villes les plus importantes de la Décapole étaient Césarée de Philippe, Asor, Cédès de Nephtali, Séphet, Corozaïn, Capharnaüm, Bethsaïde, Jotapata et Tibériade. Le territoire confédéré s’étendait donc depuis Scythopolis au sud jusqu’au Liban et à Damas au nord ; à l’ouest, il se prolongeait jusqu’à Sidon ; à l’est, il se prolongeait au-delà de Gadara, d’Hippos et de Pella.