Bible Glaire
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Chapitre 2

1 Lors donc que Jésus fut né en Bethléem de Juda, aux jours du roi Hérode, voilà que des mages vinrent de l’Orient à Jérusalem,

Note : Matth. 2, 1 : Voir Luc, 2, 7. ― Voir note 27, à la fin du volume, la description de Bethléem. ― « Il est parlé dans l’Evangile de deux Hérodes, Hérode l’Ancien ou le Grand, fils d’Antipater, meurtrier des Innocents, et Hérode Antipas, fils du précédent et d’une samaritaine, appelée Malthace, tétrarque de Galilée, époux adultère d’Hérodiade, meurtrier de saint Jean-Baptiste, celui que Notre-Seigneur appelle un renard, et devant qui il comparaît dans sa Passion. C’est avec lui que Manahen avait été élevé. C’est lui qui eut pour intendant Chusa, dont la femme était au nombre des disciples les plus dévoués du divin Maître : Il mourut dans l’exil. ― Les Actes des Apôtres parlent encore d’un troisième Hérode, surnommé Agrippa, petit-fils d’Hérode l’Ancien, fils d’Aristobule et d’une petite-fille de Marianne, neveu d’Hérode Antipas et son beau-frère par Hérodiade. Celui-ci, porté subitement au trône par le caprice de Caligula, dont il était le compagnon de débauche et le favori, fit décapiter saint Jacques et incarcérer saint Pierre, puis périt rongé des vers. Le roi Agrippa, devant qui Festus fit comparaître saint Paul, était son fils. ― Les Hérodes étaient Iduméens d’origine, c’est-à-dire descendants d’Esaü. Le premier naquit à Ascalon. » (L. BACUEZ). ― Son père Antipater avait été nommé procureur de la Judée par Jules César, sous le pontificat d’Hyrcan II, en 47 avant Jésus-Christ. Les Iduméens s’étaient convertis à la religion juive, quand ils avaient été soumis par Jean Hyrcan, vers 129 avant Jésus-Christ. A la mort d’Antipater, son fils Hérode, âgé, dit-on de quinze ans, devint gouverneur de la Galilée, puis de la Coelésyrie. Plus tard, Marc-Antoine le nomma tétrarque de Judée avec son frère Phasaël. Une invasion des Parthes, qui soutenaient les anciens princes Asmonéens, l’obligea de fuir à Rome. Là il fut nommé, par le Sénat, roi de Judée, en 40 avant Jésus-Christ, et dans la suite, Auguste augmenta encore son pouvoir et son royaume. Hérode, qu’on a surnommé le Grand, se distingua par son luxe et ses cruautés. Il rebâtit le temple de Jérusalem et aussi celui de Samarie ; il introduisit les jeux païens dans sa capitale, et le culte païen à Césarée ; à Rome il avait sacrifié à Jupiter. Il mourut à l’âge de 70 ans, souillé du sang de sa femme Marianne, de trois de ses fils, des saints Innocents et de bien d’autres. On place ordinairement sa mort l’an 4 avant notre ère. ― Les mages étaient des sages ou savants qu’on croit être venus de l’Arabie Déserte, de la Chaldée ou de la Mésopotamie, aux environs de l’Euphrate. Comme le fameux devin Balaam avait habité ces contrées, on pouvait y avoir conservé le souvenir de la prophétie par laquelle il avait annoncé l’avènement du Messie sous l’emblème d’une étoile qui devait s’élever de Jacob (voir Nombres, 24, 17).

2 Disant : Où est celui qui est né roi des Juifs? car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus l’adorer.

Note : Matth. 2, 2 : Voir sur l’étoile des mages, la note 28 à la fin du volume (appendices).

3 Ayant appris cela, le roi Hérode se troubla, et tout Jérusalem avec lui. 4 Et assemblant tous les princes des prêtres et les scribes du peuple, il s’enquit d’eux où naîtrait le Christ.

Note : Matth. 2, 4 : Les princes des prêtres, c’est-à-dire les chefs des prêtres, comme le porte le texte grec, les chefs des vingt-quatre familles sacerdotales qui faisaient à tour de rôle une semaine chacun le service du temple. La Vulgate avait employé le mot principes, on a pris l’habitude de traduire en français les princes des prêtres, mais il faut remarquer que le mot principes n’a pas le sens restreint de notre mot princes et signifie ici dans le texte latin chefs, chefs des familles sacerdotales. Ils étaient membres du sanhédrin. ― Les scribes du peuple. On appelait scribes des hommes habiles dans la science et dans l’explication de la loi mosaïque. Ils jouissaient d’une grande considération parmi le peuple. Ils sont ordinairement mentionnés comme ici avec les princes, c’est-à-dire les chefs des prêtres. Comme corps, ils avaient une plus grande influence que les prêtres simplement dits. Plusieurs d’entre eux faisaient partis du sanhédrin avec les principaux des prêtres et les anciens. Leur nombre était considérable ; ils avaient des écoles où ils enseignaient ; ils donnaient aussi des conseils à ceux qui les consultaient. ― Les docteurs de la loi étaient des scribes mais on réservait ce titre de docteurs à ceux des scribes qui étaient spécialement juristes et interprétaient la loi. La plupart des scribes étaient pharisiens ; ils comptaient cependant aussi dans leurs rangs quelques saduccéens. Ils avaient surchargé la loi de pratiques minutieuses ; ils adressèrent souvent au Sauveur des questions captieuses et ils méritèrent d’être traités par lui d’hypocrites et de guides aveugles.

5 Or eux lui dirent : A Bethléem de Juda; car il a été ainsi écrit par le prophète :6 Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es pas la moindre parmi les principales villes de Juda ; car c’est de toi que sortira, le chef qui doit régir Israël mon peuple.

Note : Matth. 2, 6 : Voir Michée, 5, 2 ; Jean, 7, 42.

7 Alors Hérode, les mages secrètement appelés, s’enquit d’eux avec soin du temps où l’étoile leur était apparue; 8 Et, les envoyant à Bethléem, il dit : Allez, informez-vous exactement de l’enfant; et lorsque vous l’aurez trouvé, faites-le-moi savoir, afin que moi aussi j’aille l’adorer. 9 Ceux-ci donc, après avoir entendu le roi, s’en allèrent ; et voilà que l’étoile qu’ils avaient vue en Orient les précédait jusqu’à ce qu’elle vint et s’arrêta au-dessus du lieu où était l’enfant.

Note : Matth. 2, 9 : Du lieu où était l’enfant. Ce lieu est appelé maison au verset 11, d’où divers commentateurs ont conclu que la Sainte Vierge et saint Joseph avaient quitté la grotte et l’étable et avaient été reçus dans une maison proprement dite, avant l’arrivée des mages. Il est cependant possible que le mot de maison, dont la signification est très large dans les langues orientales, soit appliqué ici à la grotte et pris simplement dans le sens de demeure, habitation. La tradition actuelle place dans la grotte l’adoration des mages.

10 Or, voyant l’étoile, il se réjouirent d’une grande joie. 11 Et, entrant dans la maison, ils trouvèrent l’enfant avec Marie, sa mère, et, se prosternant, ils l’adorèrent; puis, leurs trésors ouverts, ils lui offrirent des présents, de l’or, de l’encens et de la myrrhe.

Note : Matth. 2, 11 : Voir Psaumes, 71, 10. ― La plupart des Pères ont remarqué dans ces présents un mystère qui désignait la divinité, la royauté et l’humanité de Jésus-Christ.

12 Mais ayant été avertis en songe de ne point retourner vers Hérode, ils revinrent dans leur pays par un autre chemin.

13 Après qu’ils furent partis, voilà qu’un ange du Seigneur apparut à Joseph pendant son sommeil, et dit : Lève-toi, prends l’enfant et sa mère, fuis en Egypte et restes-y, jusqu’à ce que je te parle; car il arrivera qu’Hérode cherchera l’enfant pour le faire mourir. 14 Joseph, s’étant levé, prit l’enfant et sa mère pendant la nuit et se retira en Egypte ; 15 Et il s’y tint jusqu’à la mort d’Hérode, afin que fût accomplie cette parole que le Seigneur a dite par le prophète : J’ai rappelé mon fils de l’Egypte.

Note : Matth. 2, 15 : Voir Osée, 11, 1.

16 Alors Hérode, voyant qu’il avait été trompé par les mages, entra en une grande colère, et il envoya tuer tous les enfants qui étaient dans Bethléem et dans tous ses environs, depuis deux ans et au-dessous, selon le temps dont il s’était enquis des mages.

Note : Matth. 2, 16 : Un auteur païen a conservé le souvenir du massacre des saints Innocents. « Macrobe raconte entre les bons mots d’Auguste que cet empereur, ayant appris que parmi les enfants qu’Hérode, roi des Juifs, avait fait tuer en Syrie, âgés de deux ans et au-dessous, avait enveloppé son propre fils dans ce massacre, dit : Il vaut mieux être le pourceau d’Hérode que son fils. » (GLAIRE. )

17 Ce fut alors que s’accomplit la parole du prophète Jérémie, disant :18 Une voix a été entendue dans Rama, des pleurs et des cris déchirants souvent répétés : c’était Rachel pleurant ses fils et ne voulant point se consoler, parce qu’ils ne sont plus.

Note : Matth. 2, 18 : Voir Jérémie, 31, 15. ― Rachel fut enterrée près de Bethléem. Son tombeau est à une demi-lieue, au nord de ce village. Le tombeau actuel « ne remonte qu’à Mohammed IV, qui l’a renouvelé en 1679. Un Juif d’Europe l’a fait réparer récemment, dit Mgr Mislin. Des ruines sont éparses sur les collines ; quelques-uns ont cru que ce devait être celles de Rama. Au témoignage d’Eusèbe, [il y avait] un lieu appelé Rama près de Bethléem. » Il paraît plus exact [à d’autres] de prendre ici simplement ce mot dans le sens de hauteur. Ce fut là qu’on entendit les cris déchirants qui s’élevèrent jusqu’au ciel des mères de Bethléem et des environs, personnifiés dans Rachel, la mère des enfants d’Israël. ― Pourquoi, se demande saint Jérôme, ces enfants sont-ils plus particulièrement attribués à Rachel, tandis qu’elle est la mère de Benjamin et non de Juda, dans la tribu duquel est située la ville de Bethléem ? Il répond : « Parce que Rachel est ensevelie près de Bethléem, et qu’elle a pris le titre de mère de la terre qui a donné l’hospitalité à son corps ; ou encore, parce que les deux tribus de Juda et de Benjamin se touchaient, et qu’Hérode avait ordonné de mettre à mort non seulement les enfants de Bethléem, mais ceux de tous les environs. »

19 Hérode étant mort, voilà qu’un ange du Seigneur apparut à Joseph pendant son sommeil en Egypte, 20 Disant : Lève-toi, prends l’enfant et sa mère, et va dans la terre d’Israël; car ils sont morts, ceux qui recherchaient la vie de l’enfant. 21 Joseph s’étant levé, prit l’enfant et sa mère et vint dans la terre d’Israël. 22 Mais ayant appris qu’Archélaüs régnait en Judée à la place d’Hérode, son père, il appréhenda d’y aller; et, averti pendant son sommeil, il se retira dans le pays de Galilée.

Note : Matth. 2, 22 : Archélaüs, fils d’Hérode le Grand et de la samaritaine Malthace, avait été désigné par son père pour être son successeur dans le royaume de Judée. Les soldats le proclamèrent roi, mais il ne voulut prendre ce titre qu’après y avoir été autorisé par Auguste. Avant de partir pour Rome, il fit périr près de trois mille Pharisiens pour réprimer une sédition. Il revint de la capitale de l’empire avec le titre d’ethnarque et épousa Glaphyra, veuve de son frère Alexandre. Son mépris de la loi mosaïque et ses cruautés révoltèrent les Juifs qui portèrent leurs plaintes à Auguste. Archélaüs fut déposé (an 7 de Jésus-Christ) et exilé à Vienne, dans les Gaules, où il mourut. Quelques commentateurs ont vu une allusion au voyage d’Archélaüs à Rome dans la parabole de Notre-Seigneur rapporté dans saint Luc, 19, 12-14. ― Archélaüs régnait en Judée, et non en Galilée, où était située Nazareth. L’autorité d’Archélaüs s’étendait sur la Judée, l’Idumée et la Samarie. Le reste du royaume d’Hérode avait été partagé entre ses deux autres fils : Hérode Antipas avait eu la Galilée et la Pérée, et Philippe la Batanée, la Trachonitide et l’Hauranitide. La Judée proprement dite correspondait à peu près à l’ancien royaume de Juda, formé par la Palestine du Sud. ― Le pays de Galilée. Sur la Galilée, voir la note 29 à la fin du volume.

23 Etant donc venu, il habita une ville qui est appelée Nazareth, afin que s’accomplît ce qui a été dit par les prophètes : Il sera appelé Nazaréen.

Note : Matth. 2, 23 : Nazareth. Voir sur Nazareth la note 30 à la fin du volume.

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