Chapitre 1
1 Au huitième mois, en la seconde année du roi Darius, la parole du Seigneur fut adressée à Zacharie, le prophète, fils de Barachie, fils d’Addo, disant :
Note : Zach. 1, 1 : Darius, fils d’Hystaspe, roi de Perse. ― Au huitième mois de l’année sacrée, et second de l’année civile, lequel commençait à la nouvelle lune d’octobre, selon les rabbins ; mais c’était plus probablement à celle de novembre. ― Disant (dicens). Voir Aggée, 1, 1.
2 Le courroux du Seigneur a été irrité contre vos pères. 3 Et tu leur diras : Voici ce que dit le Seigneur des armées : Revenez à moi, dit le Seigneur des armées, et je reviendrai à vous, dit le Seigneur des armées.
Note : Zach. 1, 3 : Voir Isaïe, 21, 12 ; 31, 6 ; 45, 22 ; Jérémie, 3, 12 ; Ezéchiel, 18, 30 ; 33, 11 ; Osée, 14, 2 ; Joël, 2, 12 ; Malachie, 3, 7.
4 Ne soyez pas comme vos pères auxquels les prophètes antérieurs criaient en disant : Voici ce que dit le Seigneur des armées : Revenez de vos voies mauvaises et de vos pensées très mauvaises ; et ils ne m’ont pas écouté, et ils n’ont pas fait attention à moi, dit le Seigneur. 5 Vos pères, où sont ils? et les prophètes, est-ce qu’ils vivront éternellement? 6 Mais cependant mes paroles et mes décrets, que j’ai confiés à mes serviteurs les prophètes, est-ce qu’ils n’ont pas atteint vos pères, et est-ce qu’ils se sont convertis, et ont dit : Comme le Seigneur des armées avait résolu de nous faire selon nos voies et selon nos inventions, ainsi il a fait?
Note : Zach. 1, 6 : Décrets ; c’est le vrai sens de legitima, expliqué par l’hébreu. ― Inventions ; dans l’hébreu, actions, oeuvres.
7 Le vingt-quatrième jour du onzième mois appelé Sabath, en la deuxième année du roi Darius, la parole du Seigneur fut adressée à Zacharie, le prophète, fils de Barachie, fils d’Addo, disant :
Note : Zach. 1, 7-17 : Ire section : Vision sur le sort futur des Juifs, du chapitre 1, verset 7 au chapitre 6. ― Trois mois après sa vocation au ministère prophétique, en l’an 521, Zacharie eut une nuit plusieurs visions. ― 1° Dans la première, chapitre 1, versets 8 à 17, il vit un cavalier au milieu des myrtes, signe de miséricorde et de bénédictions célestes pour Jérusalem.
Note : Zach. 1, 7 : Du onzième mois de l’année sacrée, et cinquième de l’année civile, lequel commençait à la nouvelle lune de janvier, selon les rabbins ; mais c’était plus probablement à celle de février. ― Disant (dicens). Voir Aggée, 1, 1.
8 Je vis pendant la nuit; et voilà un homme monté sur un cheval roux, et il se tenait parmi les myrtes qui étaient dans un lieu profond; et après lui des chevaux roux, mouchetés et blancs. 9 Et je dis : Qui sont ceux-ci, ô mon Seigneur? Et l’ange, qui parlait en moi, me répondit : Moi, je t’indiquerai ce que ceci signifie.
Note : Zach. 1, 9 : En moi ; cette expression qui est reproduite dans plusieurs autres versets de ce chapitre signifie plutôt, selon le véritable sens de l’hébreu, avec moi.
10 Et l’homme qui se tenait parmi les myrtes répondit, et dit : Ceux-ci sont ceux qu’a envoyés le Seigneur, afin qu’ils parcourent la terre. 11 Et ils répondirent à l’ange du Seigneur, qui se tenait parmi les myrtes, et dirent : Nous avons parcouru la terre, et voilà que toute la terre est habitée, et est en repos. 12 Et l’ange du Seigneur reprit et dit : Seigneur des armées, jusqu’à quand n’aurez-vous point pitié de Jérusalem, et des villes de Juda contre lesquelles vous êtes irrité? C’est déjà la soixante et dixième année.
Note : Zach. 1, 12 : La soixante et dixième année. Ces soixante et dix ans de la désolation de Jérusalem et de tout le pays sont différents des soixante et dix ans de la captivité.
13 Et le Seigneur répondit à l’ange qui parlait en moi de bonne paroles, des paroles de consolation. 14 Et l’ange qui parlait en moi me dit : Crie en disant : Voici ce que dit le Seigneur des armées : Je brûle pour Jérusalem et pour Sion d’un très grand zèle.
Note : Zach. 1, 14 : Voir Zacharie, 8, 2.
15 Et je suis aussi enflammé d’une très grande colère contre les nations opulentes, parce que, quand moi je n’ai été qu’un peu irrité, elles, au contraire, ont aidé au châtiment.
Note : Zach. 1, 15 : Le sens de ce verset est que Dieu est très irrité contre les nations qu’il avait chargées d’exercer sa vengeance sur Jérusalem, parce que dans l’exercice de cette vengeance, elles sont allées bien au-delà du châtiment qu’il voulait infliger à son peuple, pour lequel, malgré ses infidélités, il avait conservé un grand amour (voir versets 13 et 14).
16 A cause de cela, voici ce que dit le Seigneur : Je reviendrai à Jérusalem avec des sentiments de miséricorde ; et ma maison y sera bâtie, dit le Seigneur des armées, et le niveau sera étendu sur Jérusalem.
Note : Zach. 1, 16 : Le niveau, etc. ; c’est-à-dire, qu’on rebâtira les murs et les maisons de Jérusalem, aussi bien que le temple.
17 Crie encore, en disant : Voici ce que dit le Seigneur des armées: Mes cités regorgeront encore de biens; le Seigneur consolera encore Sion, et il choisira encore Jérusalem. 18 Et j’ai levé mes yeux, et j’ai vu ; et voilà quatre cornes.
Note : Zach. 1, 18-21 : 2° Dans la seconde vision, chapitre 1, versets 18 à 21, Zacharie vit quatre cornes et quatre forgerons, symboles de la ruine des peuples qui ont persécuté Juda ; les quatre forgerons brisent les quatre cornes, c’est-à-dire les Chaldéens, les Perses, les Grecs et les Romains.
Note : Zach. 1, 18-19 : Les quatre cornes désignent les quatre grands empires qui dans divers temps ont dispersé Israël et Juda, comme un taureau en fureur jette au vent tout ce qu’il rencontre, et qui sont, selon les uns, les Assyriens, les Chaldéens, les Perses et les Egyptiens, et selon les autres, parmi lesquels saint Jérôme, les Chaldéens les Perses, les Grecs et les Romains, parce que les Assyriens étaient déjà renversés ; mais les partisans de la première opinion croient que cette vision représente en même temps et ce qui était accompli, et ce qui restait encore à accomplir.
19 Et j’ai dit à l’ange qui parlait en moi : Qu’est ceci? et il me répondit : Ce sont les cornes qui ont jeté au vent Juda, Israël et Jérusalem. 20 Et le Seigneur me montra quatre ouvriers.
Note : Zach. 1, 20-21 : Quatre ouvriers. La qualité de ces ouvriers n’est déterminée ni par l’hébreu, ni par le chaldéen, ni par les Septante ; mais on pense communément que c’étaient des forgerons, peut-être parce qu’on se les représente comme armés de marteaux pour abattre les quatre cornes. Saint Jérôme regarde ces ouvriers comme des figures des anges qui en diverses occasions ont affaibli les quatre grands empires.
21 Et je dis : Que viennent faire ceux-ci? Il répondit en disant : Voilà les cornes qui ont jeté au vent, homme par homme, tous les habitants de Juda, et aucun d’eux n’a levé sa tête ; et ceux-ci sont venus les épouvanter, afin d’abattre les cornes des nations qui ont levé la corne contre la terre de Juda pour la disperser.
Note : Zach. 1, 21 : Les épouvanter. Le pronom les étant au neutre (ea) se rapporte grammaticalement à cornes (cornua), puisque ce mot est également du neutre en latin. L’hébreu met le masculin ; mais le sens est le même puisque les cornes signifient proprement les rois et les princes ennemis du peuple de Dieu.