Chapitre 11
1 Parole qui fut adressée par le Seigneur à Jérémie, disant :
Note : Jr. 11, 1-23 : 3° La violation de l’alliance du côté d’Israël est suivie de la rupture de cette alliance du côté de Dieu, chapitre 11. ― La transition de la 1re à la 2e section se fait dans le chapitre 11. ― Jérémie rappelle, d’abord, l’alliance de Dieu avec son peuple et les engagements qu’avait contractés Israël, la violation de ces engagements et les châtiments qui en avaient été la conséquence, versets 1 à 8. ― Israël a violé de nouveau ses obligations ; Dieu va donc le châtier de nouveau, et ses idoles ne lui serviront de rien, versets 9 à 13 ; le Prophète ne peut plus même prier pour son peuple, car le Seigneur consumera sans miséricorde le peuple qu’il avait planté, versets 14 à 17. ― Comme preuve de la ruine future de Juda et de la justice de Dieu, Jérémie raconte que les habitants d’Anathoth ont voulu attenter à sa vie, mais que le Seigneur a prononcé contre eux une sentence terrible, versets 18 à 23.
Note : Jr. 11, 1 : Disant (dicens). Voir sur ce mot, Jérémie, 1, 4.
2 Ecoutez les paroles de cette alliance, et parlez aux hommes de Juda, et aux habitants de Jérusalem ; 3 Et tu leur diras : Voici ce que dit le Seigneur, le Dieu d’Israël: Maudit l’homme qui n’écoutera pas les paroles de cette alliance, 4 Que je prescrivis à vos pères, au jour où je les fis sortir de la terre d’Egypte, de la fournaise de fer, disant : Ecoutez ma voix, et faites tout ce que je vous ordonne ; et vous serez mon peuple, et moi je serai votre Dieu ;
Note : Jr. 11, 4 : De la fournaise de fer ; c’est-à-dire de la servitude très dure.
5 Afin que je fasse revivre le serment que je jurai à vos pères de leur donner une terre où couleraient du lait et du miel, comme c’est en ce jour. Et je répondis et je dis : Amen, Seigneur.
Note : Jr. 11, 5 : Comme c’est, etc. ; comme cela se voit aujourd’hui ; littéralement dans la Vulgate, les Septante et l’hébreu, comme est ce jour.
6 Et le Seigneur me dit : Crie à haute voix ces paroles dans toutes les cités de Juda, et en dehors de Jérusalem, disant : Ecoutez les paroles de cette alliance et observez-les ; 7 Car prenant à témoin, j’ai pris à témoin vos pères, depuis le jour où je les fis sortir de la terre d’Egypte jusqu’à ce jour; me levant dès le matin, je les ai pris à témoin et j’ai dit : Ecoutez ma voix ;
Note : Jr. 11, 7 : Me levant dès le matin. Voir pour le sens de cette expression, Jérémie, 7, 13.
8 Et ils n’ont pas écouté, et ils n’ont pas incliné leur oreille; mais ils ont suivi chacun la dépravation de son coeur mauvais; et j’ai amené sur eux toutes les paroles de cette alliance que je leur ai commandé d’observer, et qu’ils n’ont pas observée.
9 Et le Seigneur me dit : Il a été découvert une conjuration parmi les hommes de Juda et les habitants de Jérusalem. 10 Ils sont revenus aux premières iniquités de leurs pères, qui n’ont pas voulu écouter mes paroles; ceux-ci donc sont allés de même après des dieux étrangers, afin de les servir; la maison d’Israël et la maison de Juda ont rendu vaine l’alliance que j’avais conclue avec leurs pères.
11 A cause de cela, voici ce que dit le Seigneur : Voilà que j’amènerai sur eux des maux dont ils ne pourront sortir; et ils crieront vers moi, et je ne les exaucerai pas. 12 Et les cités de Juda et les habitants de Jérusalem iront et crieront aux dieux auxquels ils font des libations, et ces dieux ne les sauveront pas au temps de leur affliction. 13 Car selon le nombre de tes cités étaient tes dieux, ô Juda, et selon le nombre de tes rues, ô Jérusalem, tu as élevé des autels de confusion, des autels pour faire des libations aux Baalim.
Note : Jr. 11, 13 ; 11. 17 : Baalim. Voir Jérémie, 2, 23.
Note : Jr. 11, 13 : Voir Jérémie, 2, 28. ― Des autels de confusion ou d’ignominie. C’est par ce mot flétrissant qu’est désigné Baal, à qui ces autels étaient élevés.
14 Toi donc, ne prie pas pour ce peuple, et ne m’adresse pour eux ni louange, ni prière, parce que je ne les exaucerai pas au temps de leur cri vers moi, au temps de leur affliction.
Note : Jr. 11, 14 : Voir Jérémie, 7, 16 ; 14, 11.
15 Pourquoi est-ce que mon bien-aimé a dans ma maison commis beaucoup de crimes? est-ce que des chairs saintes ôteront de toi tes méchancetés dont tu t’es glorifiée?
Note : Jr. 11, 15 : Des chairs saintes ; des victimes que tu me sacrifies.
16 Olivier fertile, beau, chargé de fruits, superbe, le Seigneur t’a appelée de ce nom ; à la voix de sa parole, un grand feu s’est allumé dans cet olivier, et ses rameaux ont été brûlés. 17 Et le Seigneur des armées qui t’a planté, a prononcé le mal sur toi, à cause des maux de la maison d’Israël et de la maison de Juda, qu’elles se sont faits à elles-mêmes pour m’irriter en faisant des libations aux Baalim.
18 Mais vous. Seigneur, vous m’avez fait voir leurs pensées, et je les ai connues ; alors vous m’avez montré leurs oeuvres. 19 Et moi, j’ai été comme un agneau plein de douceur que l’on porte pour en faire une victime ; et je n’ai pas su qu’ils formaient contre moi des projets, disant : Mettons du bois dans son pain, rayons-le de la terre des vivants, et que son nom ne soit plus rappelé dans la mémoire.
Note : Jr. 11, 19 : Et moi, etc. Jérémie est la figure de Jésus-Christ même. ― Mettons du bois, etc. ; autre figure du divin Sauveur, vrai pain de vie descendu du ciel et attaché à une croix de bois sur le Calvaire. C’est ainsi que les Pères ont expliqué ce passage.
20 Mais vous, Seigneur Sabaoth, vous qui jugez justement et qui éprouvez les reins et les coeurs, que je voie votre vengeance sur eux ; car je vous ai révélé ma cause.
Note : Jr. 11, 20 : Voir Jérémie, 17, 10 ; 20, 12. ― Sabaoth ; mot hébreu que l’on traduit ordinairement par armées ; mais dont le sens primitif est : ce que le ciel et la terre renferment. Comparer à Genèse, 2, 1. ― Les reins. Ce mot se prend en hébreu pour l’esprit, l’intérieur en général.
21 A cause de cela, voici ce que dit le Seigneur aux hommes d’Anathoth, qui cherchent mon âme, et disent : Tu ne prophétiseras pas au nom du Seigneur, et tu ne mourras pas de nos mains.
Note : Jr. 11, 21 : Anathoth était la patrie de Jérémie. Voir Jérémie, 1, 1. ― Qui cherchent mon âme. Voir pour le sens de cette expression, Jérémie, 4, 30. ― Tu ne prophétiseras pas, etc. ; c’est une menace dont le sens est : Ne prophétise pas, etc. ; si tu ne veux pas mourir de nos mains.
22 C’est pourquoi voici ce que dit le Seigneur des armées : Voilà que moi je les visiterai ; les jeunes hommes mourront par le glaive, leurs fils et leurs filles mourront de faim. 23 Et rien ne restera d’eux ; car j’amènerai le mal sur les hommes d’Anathoth, l’année de leur visite.
Note : Jr. 11, 23 : L’année (annum). Cet accusatif peut-être considéré grammaticalement comme complément direct du verbe précédent j’amènerai (inducam), et par là même comme un explicatif du mot mal, ou bien comme un accusatif adverbial de temps, signifiant en l’année. L’hébreu, ainsi que la Vulgate, est susceptible de ces deux sens ; mais les Septante ont traduit conformément à ce dernier. ― Visite ; c’est-à-dire punition, châtiment.