Chapitre 51
1 Ecoutez-moi, vous qui suivez ce qui est juste, et qui cherchez le Seigneur; portez votre attention sur la pierre dont vous avez été taillés, et sur la cavité de la citerne dont vous avez été arrachés.
Note : Is. 51, 1-23 : 3e Discours : Salut final d’Israël, chapitre 51. ― Le serviteur de Dieu propose à Israël la condition du salut : la foi qui sera récompensée par les plus grandes consolations, versets 1 à 8. ― Excité par cette promesse, Israël demande à Dieu de le sauver, comme il l’a fait autrefois en Egypte, versets 9 à 11. ― Le Seigneur lui répond et s’engage de nouveau à le sauver, versets 12 à 16. ― Alors le prophète prend la parole et exhorte son peuple au courage et à la patience, jusqu’à ce que vienne le moment fixé par Dieu pour punir ses ennemis, versets 17 à 23.
2 Portez votre attention sur Abraham votre père, et sur Sara qui vous a enfantés; je l’ai appelé seul, et je l’ai béni, et je l’ai multiplié.
Note : Is. 51, 2 : . Portez votre attention, etc. il y a ici deux allégories, qui, selon saint Jérôme, désignent la stérilité d’Abraham et de Sara. ― Je l’ai appelé seul ; c’est-à-dire lorsqu’il était sans enfants.
3 Ainsi le Seigneur consolera Sion, et il consolera toutes ses ruines; il rendra son désert comme un lieu de délices, et sa solitude comme un jardin du Seigneur. On y trouvera la joie et l’allégresse, l’action de grâce et la voix de la louange.
Note : Is. 51, 3 : Un jardin du Seigneur ; un paradis terrestre, comme celui où Dieu plaça nos premiers parents. Comparer à Genèse, 2, 8.
4 Soyez attentifs à moi, mon peuple; ma tribu, écoutez-moi; parce qu’une loi sortira de moi, et que mon jugement pour la lumière des peuples reposera parmi eux.
Note : Is. 51, 4 : Mon jugement, etc. Voir Isaïe, 42, vv. 4, 6-7.
5 Proche est mon juste, sorti est mon sauveur, et mes bras jugeront les peuples : les îles m’attendront, et elles espéreront mon bras.
Note : Is. 51, 5 : Les îles ; c’est-à-dire selon l’hébreu, les pays lointains.
6 Levez au ciel les yeux ; et voyez en bas sur la terre; parce que les cieux comme la fumée se dissiperont, et la terre s’usera comme un vêtement, et ses habitants comme elle périront; mais mon salut sera éternel, et ma justice ne défaudra pas.
Note : Is. 51, 6 ; 51. 8 : Mon salut ; le salut que je donne.
Note : Is. 51, 6 : Voir Psaumes, 36, 39 ; Matthieu, 24, 35.
7 Ecoutez-moi, vous qui savez ce qui est juste, mon peuple, dans le coeur de qui est ma loi ; ne craignez pas l’opprobre des hommes, n’appréhendez pas leurs outrages.
Note : Is. 51, 7 : Voir Psaumes, 36, 31. ― Dans le coeur de qui ; littéralement et par hébraïsme dans leur coeur. En hébreu, le pronom conjonctif ou relatif se sous-entend très souvent. Quant au pronom possessif leur (eorum) il est au pluriel également dans l’hébreu et dans les Septante, parce qu’il se rapporte à peuple qui est un nom collectif.
8 Comme un vêtement, le ver les rongera, et comme la laine , la teigne les dévorera ; mais mon salut sera à jamais, et ma justice dans toutes les générations.
9 Lève-toi, lève-toi, revêts-toi de force, bras du Seigneur, lève-toi comme aux jours anciens, dans les générations des siècles. N’est-ce pas vous qui avez frappé un superbe, blessé un dragon ?
Note : Is. 51, 9 : Dans les générations, etc. ; dans les siècles qui se sont succédés. ― Un superbe (superbum) ; l’hébreu porte Rahab, qui signifie proprement orgueil, fierté, d’où on l’applique à l’Egypte. Voir Isaïe, 30, 7 ; Psaumes, 86, 4. ― Un dragon ; c’est-à-dire Pharaon, roi d’Egypte, qu’Ezéchiel (voir Ezéchiel, 29, 3) désigne en effet, sous ce nom.
10 N’est-ce pas vous qui avez desséché la mer, l’eau du grand abîme ; qui avez établi une voie au profond de la mer, afin que ceux qui avaient été délivrés y trouvassent un passage?
Note : Is. 51, 10 : Voir Exode, 14, 21. ― N’est-ce pas, etc. Ce verset confirme l’interprétation donnée dans le précédent.
11 Et maintenant ceux qui ont été rachetés par le Seigneur, retourneront et viendront à Sien chantant des louanges; une allégresse éternelle couronnera leurs têtes, ils posséderont la joie et l’allégresse : la douleur fuira ainsi que le gémissement.
12 C’est moi, c’est moi-même qui vous consolerai; qui es-tu pour craindre un homme mortel, le fils d’un homme, qui comme l’herbe séchera?
Note : Is. 51, 12 : Le fils d’un homme ; expression poétique, pour dire simplement un homme. Dans ce verset et le suivant, il est question de Nabuchodonosor, roi de Babylone.
13 Et tu as oublié le Seigneur qui t’a créé, qui a étendu les cieux et fondé la terre ; et tu as tremblé sans cesse tout le jour devant la fureur de celui qui te tourmentait et se préparait à te perdre ; où est maintenant la fureur de celui qui te tourmentait?
14 Bientôt viendra celui qui est en marche pour ouvrir les prisons; il ne tuera pas jusqu’à une entière extermination et son pain ne défaudra pas.
Note : Is. 51, 14 : Le Prophète parle ici du Rédempteur qui est proche et c’est pourquoi il déclare que le tyran n’arrivera pas à exterminer Israël, à qui ne manquera pas la nourriture. ― Pain ; par ce mot les Hébreux désignaient souvent toute espèce de nourriture, les vivres en général.
15 Or moi je suis le Seigneur ton Dieu, qui agite la mer et ses flots se soulèvent ; le Seigneur des armées est mon nom.
16 J’ai mis mes paroles dans ta bouche, et à l’ombre de ma main je t’ai protégé, afin que tu établisses des cieux, et que tu fondes une terre, et que tu dises à Sion : Mon peuple, c’est toi.
Note : Is. 51, 16 : J’ai mis, etc. Ni Isaïe, ni Cyrus, ni saint Jean-Baptiste, n’ont rempli toute l’étendue des paroles qu’on lit ici. Il n’y a que Jésus-Christ à qui l’on puisse en faire l’application juste et complète. Comparer à Isaïe, 49, vv. 2, 4. ― Afin que tu établisses, etc. On peut dire en toute vérité que le divin Sauveur a établi des cieux nouveaux et fondé une terre nouvelle, en fondant son Eglise, en changeant la face du monde, par la prédication de l’Evangile ; en faisant d’un peuple corrompu, terrestre, enseveli dans les ténèbres, un peuple saint, pur et éclairé, dont la vie est en quelque sorte dans le ciel, etc. (voir Isaïe, 65, 17 ; 66, 22 ; Matthieu, 13, 11 ; Ephésiens, 2, 19 ; Philippiens, 3, 20 ; 2 Pierre, 3, 13 ; Apocalypse, 21, 1).
17 Lève-toi, lève-toi, réveille-toi, Jérusalem, qui as bu de la main du Seigneur le calice de sa colère; jusqu’au fond du calice d’assoupissement tu as bu, et tu as bu jusqu’à la lie. 18 De tous les fils qu’elle a mis au monde, il n’en est pas qui la soutienne, et de tous les fils qu’elle a élevés, il n’en est pas qui prenne sa main.
Note : Is. 51, 18 : Qui prenne sa main ; pour la secourir.
19 Il y a deux maux qui sont tombés ensemble sur toi ; qui s’attristera pour toi? le ravage et la destruction, la faim et le glaive ; qui te consolera?
Note : Is. 51, 19 : Voir Isaïe, 47, 9. ― Il y a deux maux (duo sunt). Le texte sacré en énumère quatre, mais ces quatre se réduisent à deux, la guerre et la famine.
20 Tes fils ont été jetés par terre, et ils sont couchés dans tous les carrefours, comme un oryx pris dans les filets; pleins de l’indignation du Seigneur, et de la réprimande de ton Dieu.
Note : Is. 51, 20 : Comme un oryx ; boeuf sauvage. D’autres traduisent : comme une gazelle.
21 C’est pourquoi écoute ceci, Jérusalem, pauvre et ivre, non de vin.
Note : Is. 51, 21 : Ivre, non de vin ; mais de maux, de calamités.
22 Voici ce que dit ton dominateur, le Seigneur et ton Dieu, qui combattra pour son peuple : Voilà, j’ai pris de ta main le calice d’assoupissement, le fond du calice de mon indignation; tu ne continueras plus à le boire à l’avenir. 23 Mais je le mettrai dans la main de ceux qui t’ont humiliée, et ont dit à ton âme : Courbe-toi, afin que nous passions ; et tu as mis ton corps comme la terre, et comme la voie des passants.
Note : Is. 51, 23 : Ton âme ; hébraïsme, pour ta personne, toi. ― Courbe-toi, etc. Les rois chaldéens avaient apparemment contraint les princes vaincus à leur servir de marchepied, ou à se prosterner à leurs pieds, afin de marcher sur leurs corps. Cela n’était pas sans exemple parmi les rois de l’Orient. Comparer à Josué, 10, 24 ; Psaumes, 109, 1.