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Chapitre 44

1 Et maintenant écoute, Jacob mon serviteur; et toi, Israël, que j’ai choisi,

Note : Is. 44, 1 : Voir Jérémie, 30, 10 ; 46, 27.

2 Voici ce que dit le Seigneur qui t’a fait et formé, dès le sein de ta mère, ton aide : Ne crains point, Jacob mon serviteur, et toi le très juste, que j’ai choisi.

Note : Is. 44, 2 : Le très juste (rectissime). La Vulgate a rendu (voir Deutéronome, 32, 15) le même mot hébreu par bien-aimé (dilectus), et c’est ainsi que l’ont traduit les Septante dans les deux endroits. La racine hébraïque à laquelle on attache généralement l’idée de justice, de droiture, signifie, selon nous, être heureux, fortuné. Dans tous les cas, c’est un nom propre symbolique qui s’applique au peuple d’Israël.

3 Car je répandrai des eaux sur un sol altéré, et des ruisseaux sur une terre aride; je répandrai mon esprit sur ta postérité, et ma bénédiction sur ta race.

4 Et elles germeront parmi les herbes, comme des saules sur des eaux courantes.

5 Celui-ci dira : Moi je suis au Seigneur; et celui-là prendra le nom de Jacob ; et un autre écrira de sa main : Au Seigneur ; et par le nom, à Israël il sera assimilé.

Note : Is. 44, 5 : Et par le nom, etc. ; il se fera honneur de porter le nom d’Israël.

6 Voici ce que dit le Seigneur, le roi d’Israël, et son rédempteur, le Seigneur des armées : Je suis le premier et je suis le dernier; et hors moi il n’y a point de Dieu.

Note : Is. 44, 6 : Voir Isaïe, 41, 4 ; 48, 12 ; Apocalypse, 1, vv. 8, 17 ; 22, 13. ― 5e Discours : Contraste entre Dieu et les idoles, chapitre 44, versets 6 à 23. Le prophète nous montre la grandeur du vrai Dieu qu’il met en opposition avec la vanité des dieux ridicules des gentils. ― Israël doit se confier en Dieu, parce qu’il lui annonce à l’avance ce qu’il se propose de faire, versets 6 à 8 ; tandis que les dieux des gentils trompent leurs adorateurs, parce qu’ils ne sont que de vaines images, oeuvres des hommes, versets 9 à 17 ; l’aveuglement des païens peut seul fermer les yeux sur le néant de leurs divinités, versets 18 à 20. Puisse Israël, lui du moins, comprendre que l’idolâtrie n’est qu’un mensonge, et servir le Seigneur qui l’aime et lui pardonne ses péchés, versets 21 à 23 ! ― Le tableau de la vanité des idoles est un morceau littéraire achevé.

7 Qui est semblable à moi? qu’il appelle et qu’il annonce; et qu’il m’expose la série des choses, depuis que j’ai fondé un peuple antique ; qu’ils leur annoncent les choses à venir et celles qui doivent être.

Note : Is. 44, 7 : Qu’ils, etc. ; que les faux dieux annoncent et exposent par ordre à leurs adorateurs le passé et l’avenir.

8 Ne craignez pas, ne soyez pas troublés ; dès lors je t’ai fait entendre, et je t’ai annoncé : C’est vous qui êtes mes témoins. Est-ce qu’il y a un Dieu hors moi, et un créateur que moi je n’ai pas connu?

9 Tous les fabricateurs d’idoles ne sont rien, et leurs oeuvres qu’ils estiment le plus ne leur seront pas utiles; eux-mêmes sont témoins qu’elles ne voient pas, et qu’elles ne comprennent pas ; en sorte qu’ils sont confondus. 10 Qui a formé un dieu, et a jeté en fonte une image qui n’est utile à rien?

11 Voici que tous ceux qui y ont pris part seront confondus; car ces artisans sont des hommes; ils se réuniront tous, ils se présenteront, et ils auront peur, et seront confondus tous ensemble.

12 Le forgeron a travaillé avec une lime ; au moyen de charbons ardents et de marteaux il a formé l’idole, et il a travaillé de son bras vigoureux; il aura faim et il défaillira ; il ne boira pas d’eau et il sera épuisé.

Note : Is. 44, 12 : Voir Sagesse, 13, 11. ― Au moyen, etc. ; c’est-à-dire qu’il met le fer dans le feu. ― Son bras vigoureux ; ou très vigoureux ; littéralement, et par hébraïsme, le bras de sa force.

13 Le sculpteur en bois a étendu la règle ; il a formé l’idole avec le rabot; il l’a dressée à l’équerre, et l’a contournée avec le compas: et il a fait l’image d’un homme, représentant un bel homme, habitant dans une maison.

14 Il a coupé des cèdres, il a pris un chêne vert, et un chêne qui avait été parmi les arbres d’une forêt ; et il a planté un pin que la pluie a nourri. 15 Et les hommes s’en sont servis pour le feu; il en a pris lui-même et il s’est chauffé; et il y a mis le feu, et il a cuit des pains; mais avec le reste il a façonné un dieu, et l’a adoré; il a fait une image taillée au ciseau, et il s’est courbé devant elle.

Note : Is. 44, 15 : Les hommes, etc. ; littéralement elle est devenue (facta est) aux hommes par le feu. Ce féminin singulier se rapporte vraisemblablement au substantif pin (pinum), qui en latin est féminin. Dans les textes hébreu et grec, le verbe est également au singulier. ― Lui-même ; c’est-à-dire le sculpteur dont il est parlé dans les versets précédents.

16 Il a brûlé au feu une moitié de bois, et de son autre moitié il a préparé des viandes pour manger; il en a préparé un mets, et il s’en est rassasié; il s’est chauffé et a dit : Ah! je me suis chauffé, j’ai vu le feu.

17 Mais de son reste il fait un dieu et une idole; il se courbe devant elle, l’adore et la prie et la supplie, disant : Délivrez-moi, parce que mon Dieu, c’est vous. 18 Ils n’ont pas su, ils n’ont pas compris; car leurs yeux sont couverts d’un enduit, en sorte que leurs yeux ne voient pas et que leur coeur ne comprend pas.

19 Ils ne réfléchissent pas en leur esprit, et ils n’ont pas assez de sens pour dire : J’ai brûlé la moitié de ce bois au feu, et j’ai cuit sur ses charbons des pains; j’ai cuit des viandes et j’ai mangé, et du reste ferai-je une idole? devant un tronc d’arbre me prosternerai-je?

20 Une partie de ce bois est de la cendre; un coeur insensé a adoré l’idole, et il ne délivrera pas son âme, et il ne dira pas : Peut-être qu’il y a un mensonge dans ma main droite.

21 Souviens-toi de ces choses, Jacob, et toi, Israël, parce que mon serviteur, c’est toi; je t’ai formé, mon serviteur ; c’est toi, Israël, ne m’oublie pas. 22 J’ai effacé comme un nuage tes iniquités, et comme une vapeur tes péchés; reviens à moi, parce que je t’ai racheté.

Note : Is. 44, 22 : Comme un nuage et comme un vapeur ; sont dissipés et disparaissent.

23 Louez, cieux, parce que le Seigneur a fait miséricorde ; jubilez, extrémités de la terre, faites retentir la louange, montagnes, forêts, et tous ses arbres, parce que le Seigneur a racheté Jacob, et qu’Israël se glorifiera.

24 Voici ce que dit le Seigneur ton rédempteur, et qui t’a formé dès le sein de ta mère : Je suis le Seigneur, faisant toutes choses, seul étendant les cieux, affermissant la terre, et nul n’est avec moi.

Note : Is. 44, 24 et suivants : 6e Discours : Cyrus, l’oint de Jéhovah, libérateur d’Israël, du chapitre 44, verset 24 au chapitre 45. Les promesses deviennent plus précises, le Prophète annonce par son nom le futur libérateur d’Israël, Cyrus. ― Dieu, qui a tout crée et qui sait tout, veut tenir ses promesses, relever Jérusalem, ouvrir Babylone au conquérant, à Cyrus, son oint, qui sera son instrument et le restaurateur de la ville sainte, chapitre 44, versets 24 à 28. A la force irrésistible de ses armes, on verra qui l’envoie : Cyrus ne connaissait pas Jéhovah, mais Jéhovah l’a pris à son service, afin que les gentils reconnaissent sa puissance divine et que la bénédiction céleste descende sur terre, chapitre 45, versets 1 à 8. Israël doit donc se soumettre au Seigneur, se confier en lui et ne pas redouter Cyrus, car il est l’instrument de son salut, versets 9 à 13, celui qui doit exécuter ses vengeances contre les païens et faire reconnaître sa divinité, verset 14. Israël reconnaît son Dieu, versets 15 à 17. La promesse s’accomplira, les gentils confesseront Dieu, versets 18 à 21, car tous les peuples doivent le servir et être rendus heureux par lui, versets 22 à 26.

Note : Is. 44, 24 : Et nul n’est avec moi ; pour faire ces choses avec moi.

25 Rendant sans effet les présages des devins, et jetant les magiciens dans la fureur. Faisant tourner les sages en arrière, et rendant leur science insensée.

Note : Is. 44, 25 : Dans la fureur (in furorem) ; ou dans l’aveuglement. ― Faisant tourner en arrière ; c’est-à-dire couvrant de confusion, comme la Vulgate elle-même a traduit l’expression hébraïque correspondante dans 3 Rois, 2, vv. 16, 20. ― Rendant, etc. ; convainquant leur vaine science de folie.

26 Suscitant la parole de son serviteur, et accomplissant les conseils de ses messagers. Moi qui dis à Jérusalem : Tu seras habitée, et aux cités de Juda : Vous serez édifiées, et à ses déserts, je donnerai la vie.

Note : Is. 44, 26 : Son serviteur, ses messagers, ses déserts. C’est ce que portent l’hébreu et les Septante aussi bien que la Vulgate. Ne sachant à qui se rapportent les pronoms son, ses, plusieurs traducteurs ont changé le texte sacré, et ont mis mon, mes. Pour nous, nous n’avons pas cru que ce fût un motif suffisant de changer le texte sacré. ― Je donnerai la vie (suscitabo) aux déserts ; en les peuplant d’habitants.

27 Moi qui dis à l’abîme : Sois détruit, et je mettrai tes fleuves à sec. 28 Moi, qui dis à Cyrus : Tu es mon pasteur, et tu accompliras toute ma volonté. Moi, qui dis à Jérusalem : Tu seras édifiée; et au temple : Tu seras fondé.

Note : Is. 44, 28 : Cyrus ; roi de Perse, est nommé par son propre nom plus de cent ans avant sa naissance, ce qui prouve jusqu’à l’évidence l’inspiration divine du prophète Isaïe. ― Mon pasteur. Le nom de pasteur que Dieu donne à Cyrus prouve sa qualité de roi ; car les anciens donnaient le titre de pasteur aux princes ; c’est l’épithète ordinaire qu’Homère leur donne. Sous ce rapport encore, Cyrus est la figure de Jésus-Christ, le pasteur par excellence. ― C’est ce verset et le suivant, que les Juifs montrèrent à Cyrus, à la fin de la captivité, d’après le témoignage de Josèphe, ce qui le détermina à leur permettre de retourner en Palestine. Le nom de Cyrus signifie, d’après Ctésias et autres, soleil. Il paraît venir de la même racine, mais il ne se confond pas avec le nom du soleil, qui est, en zend, hvaré (karé), d’où l’on a tiré des noms propres comme Charsid, qui signifie éclat du soleil ou soleil. Sur les monuments, le nom de Cyrus est écrit Kuru ou Khuru ; ainsi on lit sur son tombeau : Adam K’ur’us Khsâyathiya Hakkâmanisiya. « Je suis Cyrus, le roi, l’Achéménide. » Son nom est identique avec celui du fleuve Kur. Voir Strabon, XV, 3, 6.

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