Chapitre 12
1 Qu’il est bon et doux, Seigneur, votre esprit en toutes choses!2 Et c’est pour cela que vous châtiez par parties ceux qui s’égarent; au sujet de leurs fautes, vous les reprenez et les exhortez, afin qu’abandonnant le mal, ils croient en vous, Seigneur.
Note : Sg. 12, 2 : Par parties (partibus) ; partiellement ou graduellement, peu à peu et non tout d’un coup, comme ceux qui craignent que leurs ennemis ne leur échappent.
3 Car ces anciens habitants de votre terre sainte que vous avez eus en horreur,
Note : Sg. 12, 3 : Voir Deutéronome, 9, vv. 2, 12, 29 ; 18, 12. ― Ces anciens habitants, etc. ; c’est-à-dire les Chananéens.
4 Parce qu’ils faisaient des oeuvres odieuses à vos yeux par des enchantements, et des sacrifices injustes;
Note : Sg. 12, 4-5 : On ne saurait taxer de faux l’auteur de la Sagesse dans les détails qu’il donne ici des crimes des Chananéens, et dont les anciennes Ecritures ne chargent pas ce peuple. On sait que plusieurs peuples de Chananéens immolaient leurs propres enfants aux fausses divinités. On sait encore que dans la plupart des sacrifices la coutume était de manger quelque partie de la victime offerte ; il est donc très vraisemblable que ceux qui immolaient des victimes humaines aient porté l’excès jusqu’à manger quelque partie de ces victimes. Ainsi, quoique dans les autres endroits de l’Ecriture, où il est parlé de Chananéens, il ne soit rien dit de cette coutume abominable de manger les entrailles des hommes et de dévorer leur sang, ce n’est pas une raison suffisante pour rejeter le témoignage de l’auteur de ce livre, lorsqu’il assure positivement cette abomination et cette horreur.
Note : Sg. 12, 4 : Des sacrifices injustes ; dans lesquels ils immolaient leurs enfants à l’idole de Moloch. Comparer le verset suivant et Lévitique, 18, 21.
5 Qu’ils tuaient sans pitié leurs propres enfants ; qu’ils mangeaient les entrailles des hommes et dévoraient leur sang, au milieu de votre terre sacrée,
Note : Sg. 12, 5 : Au milieu de votre terre sacrée (a medio sacramento suo). C’est l’explication des anciens interprètes et celle qui nous semble la meilleure. La Palestine était, en effet, une terre consacrée à Dieu, depuis qu’il avait promis par serment (sacramento) de la donner aux descendants d’Abraham, et d’y établir le siège de la vraie religion. C’est de là qu’elle est encore appelée terre sainte (voir verset 3), et terre la plus chère de toutes à Dieu (voir verset 7).
6 Et étaient tout ensemble les pères et les meurtriers des âmes non secourues, vous les avez voulu perdre par les mains de nos pères, 7 Afin qu’elle reçût, la colonie des enfants de Dieu, cette terre qui vous est la plus chère de toutes. 8 Et cependant vous les avez épargnés, comme étant hommes, et vous avez envoyé, comme des avant-coureurs de votre armée, des guêpes, afin qu’elles les exterminassent peu à peu.
Note : Sg. 12, 8 : Et vous avez envoyé, etc. Comparer à Exode, 23, vv. 28, 30 ; Deutéronome, 8, 20.
9 Non que vous fussiez impuissant à assujettir par la guerre les impies aux justes, ou à les faire périr soudain par des bêtes cruelles ou par votre parole sévère ; 10 Mais les châtiant par parties, vous donniez lieu au repentir, n’ignorant pas que leur nation était méchante, leur malice naturelle, et que leur pensée ne pourrait être changée à jamais.
Note : Sg. 12, 10 : Voir Exode, 23, 30 ; Deutéronome, 7, 22. ― Châtiant ; littéralement jugeant (judicans). Nous avons déjà fait observer que dans le style biblique, juger signifiait aussi les suites du jugement, comme condamner, punir, châtier. ― Par parties ; par degrés, peu à peu. Comparer au verset 2.
11 Car leur race était maudite dès le commencement : et, ne craignant personne, vous donniez pardon à leurs péchés.
12 Car qui vous dira : Qu’avez-vous fait? ou qui s’élèvera contre votre jugement? ou qui viendra devant vous comme vengeur des hommes iniques? ou qui vous imputera à blâme, si ont péri des nations que vous-même avez faites13 Car il n’est pas d’autre Dieu que vous, à qui est le soin de toutes choses, pour que vous ayez à montrer que ce n’est pas injustement que vous prononcez vos jugements.
Note : Sg. 12, 13 : Voir 1 Pierre, 5, 7. ― De toutes choses ; ou de tous les hommes ; l’expression est amphibologique, dans le grec aussi bien que dans la Vulgate.
14 Ni roi ni prince, en votre présence, ne s’enquerront de ceux que vous avez détruits. 15 Puisque donc vous êtes juste, c’est justement que vous disposez toutes choses ; aussi condamner celui qui ne doit pas être puni, vous regardez cela comme en dehors de votre puissance.
16 Car votre puissance est le principe de la justice, et par cela même que vous êtes le Seigneur de tous, vous vous faites indulgent envers tous. 17 Car vous montrez votre puissance, lorsqu’on ne vous croit pas souverain en puissance, et vous confondez l’audace de ceux qui ne vous connaissent pas. 18 Mais vous, dominateur de la puissance, c’est avec tranquillité que vous jugez, et avec une grande réserve que vous nous gouvernez; car il dépend de vous, lorsque vous voulez, de pouvoir.
Note : Sg. 12, 18 : De pouvoir ; c’est-à-dire d’exercer votre pouvoir, d’user de votre puissance.
19 Or, vous avez appris à votre peuple par de telles oeuvres, qu’il faut être juste et humain; et vous avez donné à vos enfants une bonne espérance, puisqu’en les jugeant, vous laissez au milieu de leurs péchés place au repentir. 20 Car, si vous avez puni avec tant de précaution les ennemis de vos serviteurs et ceux qui étaient dus à la mort, leur donnant le temps et le lieu de pouvoir se convertir de leur malice, 21 Avec combien de circonspection avez-vous jugé vos enfants, aux pères desquels vous avez fait de bonnes promesses par serment et par convention? 22 Lors donc que vous nous corrigez, vous frappez nos ennemis de coups multipliés, afin que nous considérions attentivement votre bonté, et que, lorsque nous sommes en jugement, nous espérions votre miséricorde.
23 De là vient qu’à ceux qui ont vécu en insensés et injustement, vous avez fait souffrir les plus grands tourments par les choses mêmes qu’ils adoraient.
Note : Sg. 12, 23 : Par les choses mêmes qu’ils adoraient. Les Egyptiens adoraient les serpents ; les Philistins et vraisemblablement aussi les Chananéens adoraient Béelzébuth, le dieu-mouche ou des mouches, dont il est souvent parlé dans l’Ecriture. Ainsi, pour les punir par les choses mêmes qu’ils adoraient, Dieu envoya contre eux une armée de mouches pour les chasser et les tourmenter.
24 Car, très longtemps ils s’égarèrent dans la voie de l’erreur, estimant dieux ceux des animaux qui sont inutiles, et vivant à la manière des enfants insensés.
Note : Sg. 12, 24 : Voir Romains, 1, 23. ― Inutiles (supervacua). Voir Sagesse, 11, 16.
25 A cause de cela, comme à des enfants insensés, vous leur avez d’abord infligé un châtiment en dérision.
Note : Sg. 12, 25-26 : Châtiment ; littéralement jugement (judicium). Comparer au verset 10.
26 Mais ceux qui n’ont pas été corrigés par les railleries et par les réprimandes ont éprouvé ensuite un châtiment digne de Dieu. 27 Car au milieu des maux qu’ils souffraient, voyant avec indignation qu’ils étaient exterminés par les choses mêmes qu’ils prenaient pour des dieux, ils reconnurent le Dieu véritable qu’ils disaient autrefois ne pas reconnaître, et à cause de cela la dernière condamnation vint sur eux.
Note : Sg. 12, 27 : Ils reconnurent le Dieu véritable ; mais ils s’en tinrent là ; ils furent du nombre de ces païens, dont parle saint Paul, lesquels, ayant connu Dieu, ne l’ont pas glorifié come Dieu (voir Romains, 1, 21). ― Et à cause de cela, etc. ; c’est ce qui attira enfin sur eux les derniers malheurs ; ils furent exterminés.