Chapitre 8
1 La sagesse de l’homme luit sur son visage, et le tout-puissant changera sa face.
Note : Eccl. 8, 1 : Voir Ecclésiaste, 2, 14. ― La sagesse luit, se fait remarquer sur le visage du sage, et le Tout-Puissant change son visage, selon les circonstances ; par exemple, il lui donnera un air triste ou joyeux, selon que le sage se trouvera avec des gens qui seront dans la tristesse ou dans la joie.
2 Pour moi j’observe la bouche du roi, et les préceptes du serment de Dieu.
Note : Eccl. 8, 2 : La bouche ; c’est-à-dire ce qui sort de la bouche, les paroles, les ordres. On a déjà remarqué que cette sorte de métonymie était très usitée dans la Bible. ― Les préceptes, etc. , pour les préceptes que Dieu a donnés avec serment.
3 Ne te hâte pas de te retirer de devant sa face, et ne persévère pas dans une oeuvre mauvaise; parce que tout ce qu’il voudra, il le fera; 4 Et sa parole est pleine de puissance ; et nul ne peut lui dire: Pourquoi faites-vous ainsi?
5 Celui qui garde le précepte n’éprouvera rien de mal. Le temps et la réponse, le coeur du sage les comprend. 6 A toute chose est son temps et son opportunité, et grande est l’affliction de l’homme, 7 Parce qu’il ignore les choses passées, et que les futures, il ne peut les savoir par aucun messager. 8 Il n’est pas au pouvoir de l’homme de retenir le souffle de la vie ; et il n’a pas de pouvoir au jour de la mort; il ne lui est pas permis de se reposer, la guerre éclatant : et l’impiété ne sauvera pas l’impie.
9 J’ai considéré toutes ces choses, et j’ai appliqué mon coeur à toutes les oeuvres qui se font sous le soleil Quelquefois l’homme domine un homme pour son propre malheur.
10 J’ai vu des impies ensevelis, qui, lors même qu’ils vivaient, étaient dans le lieu saint et étaient loués dans la cité, comme si leurs oeuvres eussent été justes; mais cela aussi est vanité.
Note : Eccl. 8, 10 : Comme si leurs oeuvres eussent été justes ; littéralement comme de justes oeuvres (quasi justorum operum) ; ce génitif est gouverné par le mot hommes (viri) sous-entendu.
11 Car, parce que la sentence n’est pas portée promptement contre les méchants, les fils des hommes, sans aucune crainte, commettent le mal. 12 Et cependant, parce que le pécheur, cent fois, fait le mal et qu’avec patience il est supporté, j’ai connu, moi, que le bien sera pour ceux qui craignent Dieu, qui révèrent sa face. 13 Que le bien ne soit pas pour l’impie ; que ses jours ne soient pas prolongés ; mais que, comme l’ombre, ils passent, ceux qui ne craignent pas la face du Seigneur.
14 Il est une autre vanité qui a lieu sur la terre ; il y a des justes à qui les maux arrivent, comme s’ils avaient fait les oeuvres des impies, et il y a des impies qui vivent dans la sécurité, comme s’ils avaient pour eux les actions des justes; mais cela aussi je le juge très vain.
15 J’ai donc loué la joie, parce qu’il n’était, pour l’homme, de bien sous le soleil que de manger, de boire et de se réjouir; et que c’était cela seul qu’il emportait avec lui de son travail durant les jours de sa vie, que lui a donnés Dieu, sous le soleil.
Note : Eccl. 8, 15 : Le but de l’auteur dans ce verset n’est nullement de recommander une vie molle et voluptueuse. Voir Ecclésiaste, 2, 24.
16 Et j’ai appliqué mon coeur à connaître la sagesse, et à comprendre la tension d’esprit qui règne sur la terre. Il est tel homme qui, les jours et les nuits, ne prend pas de sommeil pour ses yeux.
Note : Eccl. 8, 16 : La 4e et dernière section du livre de l’Ecclésiaste commence ici au verset et elle s’étend jusqu’au chapitre 12, verset 7. Elle donne le résumé des recherches et des expériences des trois sections précédentes et la conclusion finale. Il est impossible à la sagesse humaine d’approfondir l’oeuvre de Dieu, voir Ecclésiaste, 8, 16-17 ; les bons, comme les méchants, sont soumis à la Providence dont la volonté est inscrutable, voir Ecclésiaste, 9, 1-2 ; ils doivent mourir et être oubliés, voir Ecclésiaste, 9, 3-6 ; nous devons donc jouir de la vie en attendant la mort, voir Ecclésiaste, 9, 7-10 ; le succès ne récompense pas toujours les efforts de l’habile et du sage, voir Ecclésiaste, 9, 11-12 ; la sagesse, quoique avantageuse en bien des cas, est souvent un objet de mépris pour la folie, voir Ecclésiaste, du chapitre 9, verset 13 au chapitre 10, verset 3. Nous devons être patients et obéir à ceux qui gouvernent, même quand ils sont injustes, parce que la résistance ne ferait qu’accroître nos maux, voir Ecclésiaste, 10, 4-11 ; la prudence dans les choses de la vie vaut mieux que la folie, voir Ecclésiaste, 10, 12-26. Il faut être charitable, dussions-nous faire des ingrats, car ceux à qui nous faisons du bien peuvent après tout nous en être reconnaissants, voir Ecclésiaste, 11, 1-2. Nous devons toujours travailler, puisque nous ignorons lesquels de nos efforts seront couronnés de succès, et rendre par ce travail la vie agréable, voir Ecclésiaste, 11, 3-8. Néanmoins, comme tout cela ne satisfait point l’âme, l’Ecclésiaste conclut en définitive que la pensée du jugement dernier doit être la règne de notre vie, voir Ecclésiaste, 11, 9-10, et que nous devons vivre depuis notre jeunesse jusqu’à la vieillesse dans la crainte de Dieu et du jugement final, dans lequel tout sera expliqué, voir Ecclésiaste, 12, 1-7.
17 Et j’ai compris que l’homme ne peut trouver aucune raison de toutes les oeuvres de Dieu, qui se font sous le soleil, et que plus il travaille pour chercher, moins il trouve. Quand même le sage dirait qu’il sait, il ne pourra rien trouver.