Chapitre 7
1 Qu’est-il nécessaire à l’homme de rechercher ce qui est au-dessus de lui, lorsqu’il ignore ce qui lui est avantageux dans sa vie, durant le nombre des jours de son pèlerinage, et dans le temps qui comme l’ombre passe? ou qui pourra lui indiquer ce qui après lui doit arriver sous le soleil? 2 Mieux vaut une bonne réputation que les parfums précieux; et le jour de la mort que le jour de la naissance.
Note : Eccl. 7, 2 : Voir Proverbes, 22, 1.
3 Mieux vaut aller dans une maison de deuil que dans une maison de festin ; car dans celle-là on est averti de la fin de tous les hommes, et le vivant pense à ce qui doit arriver. 4 Mieux vaut la colère que le rire, parce que par la tristesse du visage est corrigé le coeur de celui qui pèche.
Note : Eccl. 7, 4 : Mieux vaut la colère ; c’est-à-dire le ton sévère, d’un homme juste, par exemple, que le rire ou l’approbation du méchant, parce qu’en effet le regard sévère du premier et la tristesse de son visage peuvent faire sur le pécheur une impression salutaire, et le porter à se corriger.
5 Le coeur des sages est où est la tristesse ; et le coeur des insensés où est la joie. 6 Mieux vaut être repris par un sage que d’être trompé par les flatteries des insensés; 7 Parce que, comme est le pétillement des épines qui brûlent sous une marmite, ainsi est le rire de l’insensé ; mais cela même est vanité.
8 L’oppression trouble le sage, et elle détruira la force de son coeur.
Note : Eccl. 7, 8 : L’oppression (calumnia). Voir Proverbes, 14, 31.
9 Mieux vaut la fin d’un discours que le commencement. Mieux vaut un homme patient qu’un arrogant.
10 Ne sois pas prompt à te mettre en colère ; parce que la colère repose dans le sein de l’insensé. 11 Ne dis pas : Quelle est la cause, penses-tu, que les temps anciens furent meilleurs qu’ils ne sont maintenant? car insensée est une question de ce genre. 12 La sagesse est plus utile avec les richesses, et elle sert davantage à ceux qui voient le soleil.
13 Car comme la sagesse protège, l’argent protège aussi ; mais l’instruction a cela de plus, ainsi que la sagesse, qu’elles donnent la vie à leur possesseur. 14 Considère les oeuvres de Dieu : personne ne peut corriger celui qu’il méprise. 15 Au jour heureux, jouis des biens, et précautionne-toi contre le mauvais jour; car comme l’un, ainsi il a fait l’autre, sans que l’homme trouve contre lui de justes plaintes. 16 J’ai encore vu ceci dans les jours de ma vanité : le juste périt dans sa justice, et l’impie vit longtemps dans sa malice. 17 , Ne sois point juste à l’excès, ni plus sage qu’il n’est nécessaire, pour que tu ne deviennes pas insensible.
Note : Eccl. 7, 17 : A l’excès ; c’est le sens qu’a ici, comme dans bien d’autres passages, le multum de la Vulgate. D’ailleurs le contexte, dans ce verset, suffirait seul pour le justifier.
18 N’agis pas en impie à l’excès ; et ne sois pas insensé, afin que tu ne meures pas dans un temps qui n’est pas le tien.
Note : Eccl. 7, 18 : N’agis pas, etc. Si le sage conseille, comme on vient de le voir, de ne pas excéder dans la justice et la sagesse, à plus forte raison fera-t-il la même recommandation, quand il s’agira du mal et de l’impiété. Ainsi, en défendant d’être trop impie, il ne permet pas pour cela de l’être un peu ; il veut dire seulement que puisque la vie de l’homme ne peut être sans défaut et sans péché, il faut au moins éviter les grands désordres, les chutes trop fréquentes, les mauvaises habitudes. ― Qui n’est pas le tien ; prématuré, avant ton temps.
19 Il est bon que tu soutiennes le juste; mais même ne retire pas de celui-là ta main, parce que celui qui craint Dieu ne néglige rien.
Note : Eccl. 7, 19 : De celui-là ; c’est-à-dire de l’impie, nommé au verset 16. ― Ne néglige rien ; aucune occasion de faire le bien.
20 La sagesse a rendu le sage plus fort que dix princes d’une cité. 21 Car il n’est pas d’homme juste sur la terre qui fasse le bien et ne pèche point.
Note : Eccl. 7, 21 : Voir 3 Rois, 8, 46 ; 2 Paralipomènes, 6, 36 ; Proverbes, 20, 9 ; 1 Jean, 1, 8.
22 Mais surtout, à toutes les paroles qui se disent, ne prête pas ton coeur; de peur que tu n’entendes ton serviteur te maudire ;
23 Car ta conscience sait que toi-même tu as fréquemment maudit les autres. 24 J’ai tout tenté avec la sagesse. J’ai dit : Je deviendrai sage, et la sagesse s’est retirée bien loin de moi
25 Beaucoup plus loin qu’elle n’était, et grande est sa profondeur ; qui la trouvera ?
26 J’ai parcouru toutes choses avec mon esprit, afin de savoir, de considérer, et de chercher la sagesse et la raison des choses, et de connaître l’impiété de l’insensé et l’erreur des imprudents :
27 Et j’ai trouvé la femme plus amère que la mort; elle est un lacs de chasseur, son coeur est un filet, ses mains sont des chaînes. Celui qui plaît à Dieu lui échappera; mais celui qui est pécheur sera pris par elle. 28 Voilà ce que j’ai trouvé, dit l’Ecclésiaste, une chose et une autre, afin de trouver une raison, 29 Que cherche encore mon âme, et que je n’ai pas trouvée. J’ai trouvé un homme entre mille ; une femme entre toutes, je ne l’ai pas trouvée. 30 J’ai trouvé cela seulement, que Dieu a fait l’homme droit, et que celui-ci s’est embarrassé lui-même dans des questions infinies. Qui est tel que le sage? et qui connaît la solution de la parole?
Note : Eccl. 7, 30 : Qui est tel que le sage ? qui est semblable au sage ? ― Qui connaît, etc. ; qui est assez éclairé pour comprendre ce qui vient d’être dit, et pouvoir donner la solution complète des grandes questions relatives à la condition présente des hommes, au penchant qui les entraîne au mal, à leur aveuglement et à leur état de misère ? ― Dans le texte hébreu, les mots : Qui est… parole, forment el commencement du chapitre 8, et le sens de ce texte paraît être : Qui sait l’explication des choses ? D’autant que l’hébreu dâbâr signifie chose aussi bien que parole (la Vulgate elle-même l’a rendu, voir Ecclésiaste, 8, 3, par opus), et qu’il s’emploie souvent pour le pluriel.