Chapitre 4
1 Je me suis tourné vers d’autres choses, et j’ai vu les oppressions qui se font sous le soleil, et les larmes des innocents que personne ne console : j’ai vu qu’ils ne peuvent résister à la violence des oppresseurs, étant destitués du secours de tous.
Note : Eccl. 4, 1 : Les oppressions ; littéralement les calomnies. Voir Proverbes, 14, 31. ― Des oppresseurs ; littéralement d’eux (eorum), c’est-à-dire de ceux qui sont les auteurs des oppressions et des larmes dont il vient d’être fait mention.
2 Et j’ai loué les morts plus que les vivants;
Note : Eccl. 4, 2 : Et j’ai loué, etc. ; c’est-à-dire j’ai trouvé l’état des morts préférable à celui des vivants. Saint Jérôme remarque que le sage ne considère dans cette expression que la souffrance dans l’état des vivants, et que le repos dans celui des morts. C’est ainsi que plusieurs saints personnages ont trouvé, dans certaines circonstances, la mort préférable à la vie. Voir 3 Rois, 19, 4 ; Tobie, 3, 1 ; 1 Machabées, 3, 50.
3 Et j’ai jugé plus heureux que les uns et les autres, celui qui n’est pas encore né, et qui n’a pas vu les maux qui se font sous le soleil.
4 De nouveau j’ai contemplé tous les travaux des hommes ; et j’ai vu que l’industrie est exposée à l’envie du prochain : et en cela donc est vanité et soin superflu. 5 L’insensé met ses mains l’une dans l’autre, et mange ses chairs, disant :6 Mieux vaut une poignée avec le repos, que les deux mains pleines avec le travail et l’affliction d’esprit.
7 Considérant, j’ai trouvé encore une autre vanité sous le soleil :8 Tel est seul et n’a pas un second, ni fils, ni frère, et cependant il ne cesse de travailler, et ses yeux ne se rassasient pas de richesses; et il ne réfléchit pas, et il ne dit pas : Pour qui est-ce que je travaille ? pour qui est-ce que je prive mon âme des biens? En cela aussi est vanité, et une affliction très malheureuse.
9 Mieux vaut donc être deux ensemble, que d’être seul; car ils ont l’avantage de leur société ; 10 Si l’un tombe, il sera soutenu par l’autre. Malheur à celui qui est seul! Parce que, lorsqu’il tombe, il n’a pas qui le relève. 11 Et s’ils dorment deux, ils s’échaufferont mutuellement : un seul, comment s’échauffera-t-il? 12 Et si quelqu’un prévaut contre un seul, deux lui résistent: un cordon triple est difficilement rompu.
13 Vaut mieux un enfant pauvre et sage, qu’un roi vieux et insensé qui ne sait pas prévoir pour l’avenir. 14 Parce que quelquefois, tel sort de la prison et des chaînes pour régner : tel autre, né dans la royauté, se consume dans une extrême pauvreté. 15 J’ai vu tous les vivants qui marchent sous le soleil avec le second jeune homme qui se lèvera à sa place.
Note : Eccl. 4, 15 : Le second ; l’héritier d’un roi, lequel doit régner en sa place, a souvent beaucoup plus de partisans que le roi régnant lui-même ; tout le peuple porte sur lui ses espérances. ― Pro eo. Le pronom eo tient lieu de primo ou rege, sous-entendu, et que suppose évidemment l’adjectif secundo. Plusieurs pensent que l’auteur fait ici allusion au roi vieux et insensé, et à l’enfant pauvre et sage du verset 13.
16 Il est infini, le nombre du peuple de tous ceux qui ont été avant lui; et ceux qui doivent venir après ne se réjouiront pas en lui ; mais cela aussi est vanité et affliction d’esprit.
Note : Eccl. 4, 16 : Du peuple ; c’est-à-dire de la multitude.
17 Garde ton pied en entrant dans la maison de Dieu, et approche afin d’écouter. Car l’obéissance vaut beaucoup mieux que les victimes des insensés qui ne savent pas ce qu’ils font de mal.
Note : Eccl. 4, 17 : Garde, etc. Considère où tu mets le pied, quand tu entres dans le temple ; c’est-à-dire songe à la conduite que tu dois y tenir ; et approche-toi de ceux qui annoncent sa parole, pour écouter et pratiquer les vérités qu’ils t’enseigneront. Cette docilité te rendra agréable au Seigneur. ― Car l’obéissance, etc. Voir 1 Rois, 15, 22 ; Osée, 6, 6.