Chapitre 31
1 Paroles de Lamuel roi. Vision par laquelle l’a instruit sa mère.
Note : Prov. 31, 1-9 : Le second appendice, chapitre 31, versets 1 à 9, porte pour inscription : « Paroles du roi Lamuel. » Ce court morceau est écrit en vers d’un parallélisme synonymique et très régulier.
Note : Prov. 31, 1 : Lamuel, roi. La plupart des interprètes conviennent que ce Lamuel, dont le nom en hébreu signifie qui est à Dieu, ou qui a Dieu avec lui, ou consacré à Dieu, ou enfin consacré de Dieu, n’est autre que Salomon, d’autant plus qu’il n’y a jamais eu de roi d’Israël ou de Juda qui ait porté ce nom, et que jamais on n’aurait inséré dans le canon des Ecritures sacrées l’ouvrage d’un prince païen.
2 Que te dirai-je, mon bien aimé, que te dirai-je, bien aimé de mon sein, que te dirai-je, bien-aimé de mes voeux?
Note : Prov. 31, 2 : Bien-aimé de mes voeux ; c’est-à-dire que j’ai souhaité par tant de voeux les plus ardents.
3 Ne donne pas aux femmes ton bien, et tes richesses pour perdre des rois.
4 Non aux rois, ô Lamuel, non aux rois, ne donne pas de vin, parce qu’il n’est nul secret où règne l’ivresse :5 Et de peur qu’ils ne boivent et qu’ils n’oublient les jugements, et qu’ils ne changent la cause des fils du pauvre.
Note : Prov. 31, 5 : Les jugements ; la justice, l’équité dans les jugements, ou bien les lois, les ordonnances. ― Qu’ils ne changent, etc. ; qu’ils ne donnent de fausses décisions dans la cause des pauvres.
6 Donnez de la cervoise à ceux qui sont affligés, et du vin à ceux qui ont le coeur dans l’amertume ; 7 Qu’ils boivent et qu’ils oublient leur détresse, et que de leur douleur ils ne se souviennent plus.
8 Ouvre ta bouche pour le muet, et pour les causes de tous les fils qui passent;
Note : Prov. 31, 8 : De tous les fils, etc. ; de tous les mortels dont la vie n’est qu’un voyage et un passage ; ou bien de tous les étrangers qui ne font que passer dans les pays et qui n’ont d’autre protection que la justice des princes et des juges.
9 Ouvre ta bouche, décrète ce qui est juste, et juge l’homme qui est sans ressources, et le pauvre.
10 Une femme forte, qui la trouvera? au-dessus de ce qui vient de loin et des derniers confins du monde est son prix.
Note : Prov. 31, 10-31 : Le livre des Proverbes se termine par une pièce alphabétique, composée d’autant de versets ou de distiques qu’il existe de lettres dans l’alphabet hébreu, c’est-à-dire de 22, chacun d’eux commençant par une de ces lettres, placée selon l’ordre ordinaire. C’est l’éloge de la femme forte, un portrait idéal tel que le conçoit le sage, inspiré par l’Esprit-Saint. « Salomon ne prend pas la femme forte sur un trône, ni dans un somptueux palais, ni dans les conseils des rois, ni au milieu des assemblées humaines ; il va plutôt la chercher dans la condition commune et ordinaire où Dieu a voulu placer la femme, c’est-à-dire dans son rôle d’épouse, de mère, de maîtresse de maison, de femme même des champs, car ce n’est que dans ce rôle simple et modeste que la femme est appelée à se montrer forte, ce qui veut dire intelligente, active, soigneuse, prévoyante, ordonnée en toutes choses, uniquement occupée de ses devoirs et accomplie dans la vertu. Le portrait que Salomon a fait de cette femme est admirable ; il montre, suivant la pensée de Herder, « l’hommage qu’on rendait chez les Juifs à une femme laborieuse, et sachant rester dans le cercle domestique et champêtre où la renfermait la constitution du pays, qui, elle aussi, était toute domestique et toute champêtre. » Les nations païennes, qui avaient assigné l’épouse un rang subalterne et un rôle presque effacé dans la maison de l’époux, n’ont jamais eu pour elle des éloges semblables ; il appartenait à la religion de Moïse et finalement au Christianisme de relever la femme avilie. » (H. LAURENS. )
Note : Prov. 31, 10 : Une femme forte. Les Pères ont considéré cette femme forte comme la figure de la sainte Vierge et de l’Eglise de Jésus-Christ. Ils ont expliqué en ce sens tout le reste du chapitre.
11 Le coeur de son mari se confie en elle ; et il ne manquera pas de dépouilles. 12 Elle lui rendra le bien et non le mal, tous les jours de sa vie. 13 Elle a cherché la laine et le lin, et elle a travaillé par le conseil de ses mains.
Note : Prov. 31, 13 : Elle a travaillé, etc. ; elle n’a pas acheté les toiles et les étoffes toutes faites, mais elle les a travaillées elle-même de ses propres mains.
14 Elle est devenue comme le vaisseau d’un marchand, portant de loin son pain.
Note : Prov. 31, 14 : Son pain. Nous avons déjà remarque que le terme hébreu, rendu dans la Vulgate par pain, s’applique à toutes sortes d’aliments.
15 Et de nuit elle s’est levée, et elle a donné de la nourriture aux personnes de sa maison, et des vivres à ses servantes. 16 Elle a considéré un champ et l’a acheté : du fruit de ses mains, elle a planté une vigne. 17 Elle a ceint de force ses reins, et elle a affermi son bras. 18 Elle a goûté et elle a vu que son commerce est bon : pendant la nuit, sa lampe ne s’éteindra pas. 19 Elle a mis sa main à des choses fortes ; et ses doigts ont pris le fuseau.
Note : Prov. 31, 19 : A des choses fortes ; à des travaux pénibles.
20 Elle a ouvert sa main à l’homme sans ressources, et ses paumes, elles les a détendues vers le pauvre. 21 Elle ne craindra pas pour sa maison le froid de la neige, car toutes les personnes de sa maison ont un double vêtement. 22 Elle s’est fait une couverture : le fin lin et la pourpre forment son vêtement. 23 Illustre sera son mari aux portes de la ville, quand il siégera avec les sénateurs de la terre.
Note : Prov. 31, 23 : Aux portes de la ville, là où l’on se rassemble et où se rend la justice. ― Les sénateurs, en hébreu, les vieillards, les chefs du peuple.
24 Elle a fait un fin tissu, et elle l’a vendu ; et elle a livré une ceinture au Chananéen.
Note : Prov. 31, 24 : Au Chananéen. Les Chananéens étaient célèbres dans l’antiquité par leur commerce. C’est pour cela que Chananéen est devenu synonyme de marchand, commerçant.
25 La force et la beauté sont son vêtement, et elle rira au jour dernier. 26 Elle a ouvert sa bouche à la sagesse, et la loi de la clémence est sur sa langue. 27 Elle a considéré les sentiers de sa maison, et elle n’a pas mangé de pain dans l’oisiveté. 28 Ses fils se sont levés et l’ont proclamée très heureuse ; son mari s’est levé, et l’a louée. 29 Beaucoup de filles ont amassé des richesses : mais toi, tu les as toutes surpassées. 30 Trompeuse est la grâce, et vaine est la beauté : la femme qui craint le Seigneur est celle qui sera louée. 31 Donnez-lui le fruit de ses mains, et que ses oeuvres la louent aux portes de la ville.