Chapitre 50
1 Pour la fin, psaume de David.
Note : Ps. 50, 1-2 : Ce psaume est le plus beau de touts les actes de contrition. Jamais pécheur n’a senti plus vivement et exprimé plus fortement le besoin d’obtenir la rémission de ses péchés. Il renferme quatre strophes. Chacune d’elles commence par une invocation à Dieu, unique dispensateur de la grâce. La 1re strophe (versets 3 à 6) contient la confession du crime, la 2e (versets 7 à 10) demande que la souillure soit lavée, la 3e (versets 11 à 15) que l’âme soit renouvelée et créée, la 4e (versets 16 à 19) promet la reconnaissance et un sacrifice de louanges. Il y a peu de pages de la Bible qui renferment autant de vérités dogmatiques en si peu de lignes. Le péché souille l’âme, c’est une offense directe faite à Dieu. Seul, Dieu, l’unique dispensateur de la grâce, peut l’effacer. L’hysope, plante dont la tige servait d’aspersoir, n’est mentionnée qu’à ce titre poétique. Le pardon est obtenu seulement par la contrition. « La volupté avait séduit David, mais il en attaque le principe par le remède que Dieu a spécialement préparé pour ce désordre. Il devient le type de la mortification, il mange un pain qui est pour lui comme de la cendre… L’orgueil l’avait subjugué, mais il brise son joug par l’aveu de son crime. Et quel aveu ! Ce n’est pas une confession particulière, c’est une confession à tout son peuple, aux générations futures, à tous les lieux, à tous les siècles. Il ne la murmure pas à voix basse, il ne la parle pas, il la chante pour la faire retentir plus loin dans la mémoire des hommes. Quelle admirable énergie de langage ! quelle puissance et quelle vérité de sentiments !… Comme sa voix, après avoir rugi les gémissements de son coeur, soupire une douleur plus calme ; puis se relève, se dilate !… Ce sublime testament de pénitence, il l’avait légué à toutes les âmes qui passent sur cette terre, aux pécheurs repentants pour leur inspirer la confiance, aux criminels endurcis pour les attendrir, aux justes pour les édifier. Les âmes ont répondu à son appel. » (Mgr GERBET. ) ― Le psaume 50 est le quatrième des psaumes pénitentiaux.
2 Lorsque le prophète Nathan vint le trouver, après qu’il eut péché avec Bethsabée.
3 Ayez pitié de moi. Seigneur, selon votre grande miséricorde ; Et selon la multitude de vos bontés, effacez mon iniquité. 4 Lavez-moi encore plus de mon iniquité, et purifiez-moi de mon péché.
Note : Ps. 50, 4 : Encore plus ; le sens de l’hébreu est un grand nombre de fois, beaucoup.
5 Parce que moi aussi, je connais mon iniquité, et mon péché est toujours devant moi.
6 J’ai péché contre vous seul, et j’ai fait le mal devant vous : je fais cet aveu, afin que vous soyez reconnu juste dans vos paroles, et que vous soyez victorieux quand on vous juge.
Note : Ps. 50, 6 : Voir Romains, 3, 4. ― J’ai péché contre vous seul. Plusieurs l’expliquent ainsi : Vous êtes le seul témoin de mon crime ; ce qui n’est pas exact. Nathan, à la vérité, dit à David : Tu as agi secrètement ; mais il ajoute : Cependant, parce que tu as fait blasphémer les ennemis du Seigneur, etc. (Voir 2 Rois, 12, vv. 12, 14). Or, ces dernières paroles du prophète prouvent clairement que non seulement les Israélites étaient informés du crime de David, mais que les étrangers eux-mêmes en avait eu connaissance. Il veut mieux dire avec les Pères de l’Eglise et beaucoup de commentateurs que David, en qualité de roi, ne reconnaissait aucune autorité supérieure à la sienne, et qu’ainsi il n’était responsable qu’à Dieu seul de sa conduite.
7 Voilà, en effet, que j’ai été conçu dans des iniquités, et que ma mère m’a conçu dans des péchés.
Note : Ps. 50, 7 : Iniquités, péchés ; l’hébreu porte le singulier iniquité, péché ; c’est-à-dire le péché originel.
8 Voilà, en effet, Seigneur, que vous aimez la vérité; que vous m’avez manifesté les choses obscures et cachées de votre sagesse. 9 Vous m’aspergerez avec de l’hysope et je serai purifié; vous me laverez, et je deviendrai plus blanc que la neige.
Note : Ps. 50, 9 : Voir Lévitique, chapitre 14, Nombres, chapitre 19. ― Avec de l’hysope. Voir Exode, note 12. 23
10 Vous me ferez entendre une parole de joie et d’allégresse, et mes os humiliés exulteront.
Note : Ps. 50, 10 : Humiliés ; brisés par la douleur.
11 Détournez votre face de mes péchés; et effacez toutes mes iniquités. 12 Créez un coeur pur en moi, ô mon Dieu! et renouvelez un esprit droit dans mes entrailles. 13 Ne me rejetez pas de devant votre face, et ne me retirez pas votre esprit saint de moi.
14 Rendez-moi la joie de votre salut, et par votre esprit souverain fortifiez-moi.
Note : Ps. 50, 14 : La joie de votre salut ; la joie que procure le salut qui vient de vous. C’est comme si David disait : Rendez-moi la joie en me sauvant. ― Votre esprit souverain. C’est aussi le sens des Septante ; l’hébreu dit esprit spontané, généreux.
15 J’enseignerai aux hommes iniques vos voies, et les impies se convertiront à vous. 16 Délivrez-moi d’un sang versé, ô Dieu, Dieu de mon salut: et ma langue publiera avec joie votre justice.
Note : Ps. 50, 16 : D’un sang versé ; littéralement de sangs. Voir Psaumes, 5, 7.
17 Seigneur, vous ouvrirez mes lèvres, et ma bouche annoncera votre louange. 18 Parce que si vous aviez voulu un sacrifice, je vous l’aurais offert certainement; mais des holocaustes ne vous seront point agréables. 19 Le sacrifice que Dieu désire est un esprit brisé de douleur : vous ne dédaignerez pas, ô Dieu, un coeur contrit et humilié.
20 Dans votre bonne volonté, Seigneur, traitez bénignement Sion; et que les murs de Jérusalem soient bâtis.
Note : Ps. 50, 20-21 : Ces deux derniers versets ont été ajoutés après coup, peut-être du temps d’Esdras. Ils sont placés, non plus dans la bouche de David, mais dans celle du peuple.
21 Alors vous agréerez un sacrifice de justice, des oblations et des holocaustes ; alors on mettra sur votre autel des veaux.