Chapitre 37
1 C’est pour cela que mon coeur a été saisi d’effroi, et qu’il est sorti de sa place.
Note : Job 37, 1 : C’est pour cela ; c’est à cause des merveilles dont je viens de parler, et surtout du tonnerre dont les effets sont si terribles et dont la cause est si inconnue. ― « Dans le 37e chapitre, … on sent que les accidents météorologiques qui se produisent dans la région des nuages, les vapeurs qui se condensent ou se dissipent, suivant la direction des vents, les jeux bizarres de la lumière, la formation de la grêle et du tonnerre, avaient été observés avant d’être décrits. Plusieurs questions aussi sont posées, que la physique moderne peut ramener sans doute à des formules plus scientifiques, mais pour lesquelles elle n’a pas trouvé encore de solution satisfaisante. On tient généralement le livre de Job pour l’oeuvre la plus achevée de la poésie hébraïque. Il y a autant de charme pittoresque dans la peinture de chaque phénomène que d’art dans la composition didactique de l’ensemble. Chez tous les peuples qui possèdent une traduction du livre de Job, ces tableaux de la nature orientale ont produit une impression profonde : « Le Seigneur marche sur les sommets de la mer, sur le dos des vagues soulevées par la tempête. ― L’aurore embrasse les contours de la terre et façonne diversement les nuages comme la main de l’homme pétrit l’argile docile. » Nous y voyons “ l’air pur, quand viennent à souffler les vents dévorants du sud, étendu comme un métal en fusion sur les désert altérés. ” » (Alex. De HUMBOLDT. )
2 Ecoutez très attentivement sa voix terrible, et les sons qui sortent de sa bouche.
Note : Job 37, 2 : Le tonnerre est souvent appelé dans l’Ecriture la voix de Dieu.
3 Lui-même porte ses regards au-dessous de tous les cieux, et sa lumière se répand sur les confins de la terre.
Note : Job 37, 3 : Il considère tout ce qui se passe sous le ciel. ― Sa lumière ; c’est-à-dire les éclairs qui accompagnent le tonnerre.
4 Après lui un bruit éclatera comme un rugissement ; il tonnera par la voix de sa grandeur, et lorsqu’on aura entendu sa voix, on ne pourra la comprendre.
Note : Job 37, 4 : Après lui. Partout où il va, des bruits effrayants annoncent sa présence. Selon d’autres : Après l’éclair, qui est représenté dans le verset précédent par le mot lumen ; mais ce mot étant du genre neutre, eum qui est du masculin ne saurait s’y rapporter. ― On ne pourra la comprendre ; on ne pourra rien dire de certain et d’incontestable sur la cause, sur le lieu et sur les circonstances du tonnerre.
5 Dieu tonnera merveilleusement par sa voix, lui qui fait des choses grandes et impénétrables ;
6 Qui ordonne de descendre sur la terre à la neige et aux pluies de l’hiver, et à ses fortes ondées;
Note : Job 37, 6 : Ses fortes ondées ; littéralement Les ondées de sa force ; ce genre de construction est assez usité dans le style biblique.
7 Qui met un sceau sur la main de tous les hommes, afin qu’ils reconnaissent chacun leurs oeuvres.
Note : Job 37, 7 : Qui met un sceau, etc. Nous sommes tous comme les esclaves de Dieu, qui a gravé, pour ainsi dire, dans la main de chaque homme son emploi, sa qualité et son rang, son engagement. Cette coutume d’imprimer des marques aux esclaves, est connue dans toute l’antiquité, et on la pratique encore aujourd’hui dans l’Orient. Comparer à Isaïe, 44, 5 ; Ezéchiel, 9, 6 ; Apocalypse, 7, 3 ; 13, 16. Chez les Romains, on imprimait avec un fer chaud une certaine marque aux soldats qu’on enrôlait. Voir Veget. , liv. I, chap. VIII ; liv. II, chap. V. Eliu peut donc faire ici allusion à cet ancien usage, pour montrer notre dépendance du Seigneur. Cependant d’autres expliquent ce passage dans le sens que Dieu, pendant les orages, ferme la main des hommes et la scelle, en quelque sorte, pour les empêcher de travailler à la terre, et qu’ils reconnaissent que toutes leurs oeuvres ne se font que par l’ordre du Seigneur.
8 La bête entrera dans sa tanière, et elle demeurera dans son antre. 9 Des lieux intérieurs sortira la tempête, et d’Arcturus le froid.
Note : Job 37, 9 : D’Arcturus, la constellation de la grande Ourse.
10 Au souffle de Dieu, la glace se durcit, et de nouveau les eaux les plus abondantes se répandent. 11 Le blé désire les nuées, et les nuées répandent leur lumière. 12 Elles parcourent tous les lieux où les conduit la volonté de celui qui les gouverne, et selon ce qu’il leur a ordonné sur la face du globe de la terre, 13 Soit dans une tribu, soit dans sa terre, soit en quelque lieu de sa miséricorde que ce soit, où il leur aura commandé de se trouver.
Note : Job 37, 13 : Dans une tribu étrangère, où Dieu est inconnu. ― Dans sa terre, dans une terre qui est à lui, où il a ses adorateurs. Comparer à Psaumes, 68, 10. ― Lieu de sa miséricorde ; c’est-à-dire lieu où il veut répandre sa miséricorde.
14 Job, écoute ceci attentivement; arrête-toi, et considère les merveilles de Dieu. 15 Est-ce que tu sais quand Dieu a ordonné aux pluies de faire paraître la lumière des nuées ? 16 Est-ce que tu connais les grands sentiers des nuées et les sciences parfaites?
Note : Job 37, 16 : Les sciences parfaites, qui sont nécessaires pour comprendre les phénomènes relatifs aux nuées.
17 Tes vêtements ne sont-ils pas échauffés, lorsque le vent du midi souffle sur la terre? 18 Tu as peut-être formé avec lui les cieux qui sont très solides, comme s’ils avaient été coulés en bronze.
Note : Job 37, 18 : Comme s’ils avaient été coulés en bronze, c’est-à-dire comme des miroirs de bronze, car c’est le sens de l’original. Les miroirs ne sont mentionnés dans l’Ecriture que dans ce passage et Exode, 38, 8. Tous les miroirs des anciens étaient en métal ; c’est ce qui explique la comparaison renfermée dans ce verset. On a trouvé en Egypte un grand nombre de miroirs antiques. Ils sont fabriqués avec un métal composé principalement de cuivre. L’habileté des Egyptiens à mélanger les métaux était telle qu’on a pu rendre leur pouvoir réflecteur à quelques-uns de ceux qui ont été découverts à Thèbes, quoiqu’ils fussent ensevelis dans la terre depuis des siècles.
19 Montre-nous ce que nous pourrons lui dire; car nous, nous sommes enveloppés de ténèbres. 20 Qui lui racontera ce que je dis? Que si un homme en parle, il sera absorbé.
Note : Job 37, 20 : Absorbé ; accablé par la grandeur du sujet et le poids de la majesté de Dieu.
21 Mais maintenant ils ne voient pas la lumière : soudain l’air s’épaissira en nuées, et le vent, passant, les dissipera. 22 C’est du côté de l’aquilon que l’or vient, et la louange qu’on donne à Dieu doit être accompagnée de crainte.
Note : Job 37, 22 : Du temps de Job, de Moïse, de Salomon, et encore longtemps depuis, l’or venait du côté de la Colchide, de l’Arménie, du pays d’Ophir, qui sont tous au septentrion de la Judée et de l’Idumée, et qui sont ordinairement désignés dans l’Ecriture sous le nom de pays du nord.
23 Nous ne pouvons le comprendre dignement: il est grand en puissance, en jugement et en justice, et il ne peut être l’objet d’un récit. 24 C’est pourquoi les hommes le craindront, et aucun de ceux qui croient être sages n’osera le contempler.