Chapitre 10
1 Mon âme a du dégoût pour ma vie, je lâcherai ma propre parole contre moi, je parlerai dans l’amertume de mon âme.
Note : Job 10, 1 : Je lâcherai ma propre parole, etc. Comparer à Job, 7, 11.
2 Je dirai à Dieu : Ne me condamnez pas; indiquez-moi pourquoi vous me jugez ainsi. 3 Est-ce qu’il vous semble bon de m’accuser en justice, de m’opprimer, moi l’ouvrage de vos mains, et d’aider au conseil des impies? 4 Est-ce que vous avez des yeux de chair, ou verrez-vous, vous aussi, comme voit un homme ? 5 Est-ce que vos jours sont comme les jours d’un homme, et vos années comme des années humaines, 6 Pour que vous recherchiez mon iniquité, et que vous scrutiez mon péché ; 7 Et que vous sachiez que je n’ai rien fait d’impie, puisqu’il n’y a personne qui puisse m’arracher de votre main?
Note : Job 10, 7 : Et que vous sachiez au moyen d’informations, d’examen et de recherches.
8 Ce sont vos mains qui m’ont fait et m’ont façonné tout entier dans mes contours; et c’est ainsi que soudain vous me précipitez dans un abîme. 9 Souvenez-vous, je vous prie, que vous m’avez fait comme un vase d’argile, et que vous me réduirez en poussière. 10 Ne m’avez-vous pas trait comme le lait et coagulé comme le fromage?
Note : Job 10, 10 : Les anciens croyaient que le foetus se formait dans le sein maternel à la manière du lait qui se caille et s’épaissit. Job pouvait d’autant mieux conformer son langage à cette opinion, qu’aujourd’hui même la génération de l’homme est un mystère incompréhensible.
11 Vous m’avez revêtu de peau et de chairs, et avec des os et des nerfs vous avez fait un tout de moi. 12 Vous m’avez donné vie et miséricorde, et vos soins ont conservé mon souffle vital. 13 Quoique vous cachiez ces choses dans votre coeur, je sais cependant que vous vous souvenez de toutes choses.
Note : Job 10, 13 : Quoique vous cachiez, etc. ; c’est-à-dire quoique par la manière dont vous me traitez aujourd’hui, vous semblez avoir oublié que je suis votre ouvrage, votre créature, comblée autrefois de vos bontés, je suis certain que vous n’êtes pas changé, et que vous ne m’avez pas rejeté.
14 Si j’ai péché, et si sur l’heure vous m’avez épargné, pourquoi ne souffrez-vous pas que je sois purifié de mon iniquité?
Note : Job 10, 14 : Pourquoi voulez-vous aujourd’hui rappeler le souvenir de mes fautes passées ?
15 Si j’ai été impie, malheur est à moi, et si juste, je ne lèverai pas la tête, saturé d’affliction et de misère.
Note : Job 10, 15 : Si j’ai été impie, etc. Injuste ou juste, je n’ai pas lieu de me plaindre, ni de vous accuser d’injustice. J’adore la profondeur de vos desseins. Comparer à Job, 9, vv. 15, 17, 21, 30, 31.
16 A cause de mon orgueil, vous me prendrez comme la lionne, et vous me tourmenterez de nouveau prodigieusement.
Note : Job 10, 16 : Comme la lionne ; c’est-à-dire comme on prend la lionne à la chasse. ― Vous me tourmenterez de nouveau ; littéralement et par hébraïsme : revenus, vous me tourmenterez.
17 Vous produisez vos témoins contre moi, vous augmentez aussi votre colère contre moi, et vos châtiments combattent contre moi.
18 Pourquoi m’avez-vous tiré du sein de ma mère? Plût à Dieu que j’eusse été consumé ! aucun oeil ne m’aurait vu. 19 J’aurais été comme n’étant point, transporté d’un sein au tombeau. 20 Est-ce que le petit nombre de mes jours ne finira pas bientôt? Laissez-moi donc que je pleure un peu ma douleur, 21 Avant que j’aille d’où je ne reviendrai pas, dans une terre ténébreuse et couverte d’une obscurité de mort; 22 Terre de misère et de ténèbres, où règne l’ombre de la mort, et où il n’y a aucun ordre, mais où habite une éternelle horreur.