Chapitre 11
1 Or, peu de temps après, Lysias, gouverneur du roi et son parent, et préposé aux affaires du royaume, supportant avec peine ce qui était arrivé,
Note : II Macc. 11, 1 : Lysias. Voir 1 Machabées, 3, 32.
2 Ayant assemblé quatre-vingt mille hommes de pied, et toute sa cavalerie, il venait contre les Juifs, pensant qu’après avoir pris la cité, il en ferait une habitation pour les nations; 3 Que, quant au temple, il en tirerait un profit en argent comme de tous les autres temples des nations, et qu’il vendrait tous les ans le sacerdoce;
Note : II Macc. 11, 3 : Il en tirerait, etc. , soit en vendant les charges et les dignités de ce temple, soit en exigeant de l’argent de ceux qui y venaient offrir des victimes.
4 Ne songeant nullement à la puissance de Dieu, mais effréné en son esprit, c’était à la multitude de ses hommes de pied, et aux milliers de ses cavaliers et à ses quatre-vingts éléphants qu’il se confiait.
5 Or, étant entré en Judée, et s’étant approché de Bethsura, qui était dans un lieu étroit distant de Jérusalem de cinq stades, il attaquait cette place.
Note : II Macc. 11, 5 : Etant entré, etc. Cette guerre est différente de celle qui est mentionnée à 1 Machabées, 6, verset 28 et suivants. Stades, ou selon la version alexandrine Schènes. Or le schène variait selon les lieux, mais le moindre valait trente stades ; ce qui s’accorde mieux avec Eusèbe et saint Jérôme qui mettent en effet la ville de Bethsura à vingt milles de Jérusalem.
6 Mais, dès que Machabée et ceux qui étaient avec lui surent que les places fortes étaient attaquées, ils conjurèrent le Seigneur avec des soupirs et des larmes, eux et toute la multitude avec eux, d’envoyer un bon ange pour le salut d’Israël. 7 Et Machabée lui-même, le premier, ayant pris les armes, exhorta tous les autres à s’exposer avec lui au péril, et à porter secours à leurs frères. 8 Et comme ils s’avançaient tous également avec un esprit résolu, apparut à Jérusalem un cavalier marchant devant eux avec un vêtement blanc, des armes d’or, et agitant une lance. 9 Alors tous ensemble bénirent le Seigneur miséricordieux, et s’animèrent d’un grand courage, prêts, non seulement à passer au travers des hommes, mais encore au travers des bêtes les plus féroces et des murs de fer. 10 Ils allaient donc bien résolus, ayant du ciel un aide, et le Seigneur qui avait pitié d’eux. 11 Or, comme des lions se précipitant impétueusement sur les ennemis, ils en tuèrent onze mille hommes de pied, et seize cents cavaliers ; 12 Pour tous les autres, ils les mirent en fuite; mais la plupart d’entre eux échappèrent blessés et désarmés. Lysias lui-même échappa aussi, mais en fuyant honteusement.
13 Et comme il ne manquait pas de sens, considérant en lui-même la diminution qui s’était faite de ses troupes, et reconnaissant que les Hébreux étaient invincibles, lorsqu’ils s’appuyaient sur le secours du Dieu tout-puissant, il envoya vers eux, 14 Et il promit qu’il consentirait à tout ce qui serait juste, et qu’il persuaderait au roi de devenir leur ami.
Note : II Macc. 11, 14 : Il persuaderait au roi de devenir leur ami. Le roi Antiochus V Eupator n’étant qu’un enfant, Lysias pouvait lui faire faire tout ce qu’il voulait.
15 Or Machabée se rendit aux prières de Lysias, consultant en toutes choses l’intérêt public; et tout ce que Machabée écrivit à Lysias touchant les Juifs, le roi l’accorda.
16 Car il avait été écrit aux Juifs par Lysias des lettres contenant ce qui suit : Lysias au peuple des Juifs, salut.
Note : II Macc. 11, 16 ; 11. 22 ; 11. 27 ; 11. 34 : Salut (salutem). Voir 1 Machabées, 10, 18.
17 Jean et Abesalom, qui avaient été envoyés par vous pour remettre vos écrits, demandaient que ce qui était exprimé par eux, je l’accomplisse.
Note : II Macc. 11, 17 : Ecrits (scripta), c’est-à-dire, lettres.
18 Ainsi tout ce qui a pu être rapporté au roi, je l’ai exposé ; ce que l’état des choses permettait, il l’a accordé. 19 Si donc dans les traités vous gardez la foi, je m’efforcerai désormais de vous être utile.
Note : II Macc. 11, 19 : Je m’efforcerai ; littéralement, et je, etc. Voir sur ce et, Osée, 11, 1.
20 Pour toutes les autres choses, j’ai commandé de vive voix et à ceux-ci, et à ceux qui ont été envoyés par moi, de conférer de chacune en particulier.
Note : II Macc. 11, 20 : Ceux-ci, ceux qui sont ici présents, vos envoyés.
21 Portez-vous bien. En l’année cent quarante-huitième, au mois de Dioscorus, le vingt-quatrième jour.
Note : II Macc. 11, 21 ; 11. 33 ; 11. 38 : L’année cent quarante-huitième du règne des Grecs, la cent soixante-troisième avant Jésus-Christ. Dioscorus ou Dioscore, moins connu parmi les Grecs ; le texte grec lit Dios corinthiou, c’est-à-dire Jupiter de Corinthe qui n’est pas plus connu ; de là les diverses opinions des savants.
22 Or la lettre du roi contenait ceci : Le roi Antiochus, à son frère Lysias, salut.
Note : II Macc. 11, 22 : Son frère ; titre honorifique. Voir 1 Machabées, 10, 18. Le roi Antiochus V Eupator.
23 Notre père ayant été transporté parmi les dieux, nous, voulant que ceux qui sont dans notre royaume vivent sans tumulte, et qu’ils soient appliqués à leurs affaires,
Note : II Macc. 11, 23 : Notre père Antiochus IV Epiphane.
24 Nous avons appris que les Juifs n’ont pas cédé à mon père en passant au rite des Grecs, mais qu’ils veulent conserver leur règle de conduite, et qu’à cause de cela ils nous demandent qu’il leur soit accordé de suivre leurs lois. 25 Voulant donc que cette nation aussi soit en paix, statuant, nous avons jugé que leur temple leur soit rendu, afin qu’ils vivent selon la coutume de leurs ancêtres.
Note : II Macc. 11, 25 : Voulant que cette nation soit aussi en paix. Lysias, qui fait parler et agir le roi enfant, avait tout intérêt à faire la paix avec les Juifs, afin de pouvoir combattre Philippe qu’Antiochus Epiphane avait désigné en mourant comme tuteur de son fils, ce que Lysias ne voulait pas accepter, étant bien décidé à garder lui-même une tutelle qui le rendrait maître du royaume de Syrie. Voir 1 Machabées, 3, 32 ; 6, 14.
26 Tu feras donc bien si tu envoies vers eux, et si tu leur donnes la main droite, afin que, notre volonté étant connue, ils reprennent courage et s’attachent à leurs propres intérêts.
27 Mais la lettre du roi aux Juifs était ainsi: Le roi Antiochus, au sénat des Juifs et aux autres Juifs, salut.
28 Si vous vous portez bien, vous êtes comme nous le désirons; et nous aussi nous nous portons bien. 29 Ménélaüs est venu vers nous, disant que vous voulez descendre vers les vôtres qui sont auprès de nous.
Note : II Macc. 11, 29 : Ménélaüs passait encore pour grand prêtre des Juifs, ayant été établi par Antiochus Epiphane (voir 2 Machabées, 4, verset 23 et suivants), quoiqu’il ne fût pas reçu dans Jérusalem et qu’il n’exerçât point les fonctions du sacerdoce dans le temple. Pendant son absence, les Juifs avaient déféré la dignité de grand prêtre à Judas.
30 A ceux donc qui voudront venir jusqu’au trentième jour du mois de Xanthicus, nous donnons la main droite en signe d’assurance,
Note : II Macc. 11, 30 ; 11. 33 ; 11. 38 : Xanthicus ou Xanthique. Ce mois des Macédoniens répond au mois d’avril.
31 Afin que les Juifs usent de leurs aliments et de leurs lois comme auparavant, et que personne d’entre eux n’éprouve de la peine en aucune manière des choses qui ont été faites par ignorance. 32 Et nous avons aussi envoyé Ménélaüs pour vous parler. 33 Portez-vous bien. En l’année cent quarante-huitième, du mois de Xanthicus le quinzième jour.
34 Or les Romains aussi envoyèrent une lettre ainsi conçue : Quintus Memmius et Titus Manilius, envoyés des Romains, au peuple des Juifs, salut.
Note : II Macc. 11, 34 : Quintius Memmius et Titus Manilius. Ces noms sont écrits très différemment dans les textes et les manuscrits et l’on ne sait pas au juste quels sont ces personnages.
35 Ce que Lysias, parent du roi, vous a accordé, nous vous l’accordons nous aussi. 36 Mais quant à ce qu’il a jugé devoir être référé au roi, envoyez aussitôt quelqu’un, après en avoir très soigneusement délibéré entre vous, afin que nous ordonnions comme il vous convient; car nous, nous allons à Antioche. 37 Et c’est pourquoi hâtez-vous de nous récrire, afin que nous aussi nous sachions quel est votre désir. 38 Portez-vous bien. En l’année cent quarante-huitième, au quinzième jour du mois de Xanthicus.