Chapitre 9
1 Dans le même temps, Antiochus revenait honteusement de Perse,
Note : II Macc. 9, 1 : De Perse. Voir 1 Machabées, 3, 31.
2 Car il était entré dans la cité qui s’appelle Persépolis; il tenta de piller le temple et d’opprimer la cité; mais, la multitude ayant couru aux armes, ils furent mis en fuite; et ainsi il arriva qu’Antiochus, après cette fuite, s’en retourna honteusement.
Note : II Macc. 9, 2 : Voir 1 Machabées, 6, 1. Persépolis, une des capitales de la Perse, au nord de l’Araxe, dans une plaine fertile ; elle fut appelée Istakhar sous les Sassassides. Brûlée, mais non détruite par Alexandre le Grand, elle demeura longtemps encore une ville importante, mais finit par tomber tout à fait en ruines. On y voit encore de nombreux monuments des rois perses.
3 Et lorsqu’il fut venu vers Ecbatane, il sut ce qui s’était passé à l’égard de Nicanor et de Timothée.
Note : II Macc. 9, 3 : Ecbatane, ville capitale de la Médie. Sur Ecbatane, voir Tobie, 3, 7.
4 Or, étant transporté de colère, il pensait qu’il pourrait tourner contre les Juifs l’outrage que lui avaient fait ceux qui l’avaient mis en fuite ; et c’est pourquoi il commanda de presser son char, hâtant sa marche sans relâche, la vengeance céleste le poursuivant, parce qu’il avait dit superbement qu’il viendrait à Jérusalem et qu’il en ferait le tombeau commun des Juifs.
Note : II Macc. 9, 4 : Le tombeau ; littéralement, l’amas, le monceau de cadavres.
5 Mais celui qui voit tout, le Seigneur, Dieu d’Israël, le frappa d’une incurable et invisible plaie. Car dès qu’il eut proféré cette parole, une douleur cruelle d’entrailles le saisit, ainsi que des tourments violents dans les intestins;
Note : II Macc. 9, 5 : Voir 2 Paralipomènes, 16, 9.
6 Et à la vérité très justement, puisqu’il avait déchiré lui-même les entrailles des autres par de nombreux et de nouveaux tourments, et qu’il n’avait en aucune manière renoncé à sa méchanceté.
Note : II Macc. 9, 6 : Très justement. C’est le vrai sens des mots satis juste, expliqués par le grec et même par l’hébreu. Comparer à 1 Machabées, 7, 21.
7 Mais, outre cela, rempli d’orgueil, respirant en son coeur feu et flamme contre les Juifs, et comme il ordonna qu’on précipitât sa marche, il arriva qu’en allant avec impétuosité, il tomba de son char, et que par le choc terrible de son corps ses membres furent meurtris. 8 Ainsi celui qui se figurait qu’il commandait même aux flots de la mer, plein d’un orgueil dépassant la limite de l’orgueil humain, et qui pesait dans une balance les hauteurs des montagnes, alors humilié jusqu’à terre, était porté dans une litière, attestant dans sa personne la vertu manifeste de Dieu ;
Note : II Macc. 9, 8 : Les hauteurs des montagnes ; hébraïsme, pour, les montagnes très élevées.
9 Au point que du corps de cet impie des vers sortaient comme d’une source, et que vivant dans les douleurs, ses chairs tombaient par pièces, et que même l’armée était incommodée de son odeur infecte.
Note : II Macc. 9, 9 : Son odeur infecte ; littéralement, son odeur et infection ; figure grammaticale, dont la Bible fournit un certain nombre d’exemples. Du corps de cet impie des vers sortaient. Hérode Agrippa Ier mourut d’une maladie semblable, très probablement l’helminthiasis, maladie qui produit des vers dans les entrailles, des abcès, des ulcères remplis de vers qui répandent une infection insupportable.
10 Et celui qui un peu auparavant croyait toucher les astres du ciel, personne ne pouvait le porter, à cause de son infection insupportable. 11 Dès lors donc, il commença, descendu de ce grand orgueil, à venir à la connaissance de lui-même, averti par la plaie divine, ses douleurs à chaque moment prenant de l’accroissement.
Note : II Macc. 9, 11 : La plaie divine ; la plaie dont Dieu l’avait frappé.
12 Et comme lui-même ne pouvait plus souffrir son infection, il dit : Il est juste d’être soumis à Dieu, et qu’un mortel ne se croie pas égal à Dieu. 13 Or ce criminel priait le Seigneur, de qui il ne devait pas obtenir miséricorde.
Note : II Macc. 9, 13 : De qui, etc. ; parce que sa prière était l’effet de l’excès de son mal, mais nullement de la conversion de son coeur. Les rendre égaux ou semblables aux Athéniens, leur accorder l’indépendance et l’autonomie.
14 Et la cité vers laquelle il venait en se hâtant, afin de l’abaisser jusqu’au sol, et d’en faire un sépulcre de cadavres amoncelés, il souhaite maintenant de la rendre libre. 15 Et les Juifs, dont il avait dit qu’il ne les traiterait pas comme étant dignes de la sépulture, mais qu’il les livrerait aux oiseaux et aux bêtes féroces, pour être déchirés, et qu’il les exterminerait avec les plus petits enfants, il promet maintenant de les rendre égaux aux Athéniens; 16 Et le temple saint aussi, qu’il avait auparavant pillé, il promet de l’orner de dons précieux, de multiplier les vases sacrés, et de fournir de ses revenus aux dépenses relatives aux sacrifices; 17 Outre cela, de se faire Juif et de parcourir tous les lieux de la terre, pour publier la puissance de Dieu.
18 Mais, les douleurs ne cessant pas (car le juste jugement de Dieu lui était survenu), perdant l’espérance, il écrivit aux Juifs en forme de supplication, une lettre contenant ceci :
19 Aux excellents citoyens juifs, le roi et prince Antiochus souhaite une très longue vie, et de bien se porter et d’être heureux. 20 Si vous vous portez bien, vous et vos enfants, et si toutes choses vont à votre gré, nous en rendons de grandes actions de grâces à Dieu.
Note : II Macc. 9, 20 : A Dieu est exprimé dans le grec.
21 Et moi, étant retenu par la maladie, mais me souvenant de vous avec bonté, revenu du pays de Perse, et surpris par une maladie grave, j’ai jugé nécessaire de prendre soin des intérêts communs;
22 Ne désespérant pas de moi-même, mais ayant un grand espoir d’échapper à la maladie. 23 Considérant donc que mon père lui-même, dans les temps où il conduisait son armée dans les hautes provinces, désigna celui qui, après lui, devait recevoir la domination;
Note : II Macc. 9, 23 : Les hautes provinces, les provinces d’au-delà de l’Euphrate. Mon père, Antiochus III le Grand. Il avait péri en essayant de piller un temple en Elymaïde, comme venait de le faire Antiochus IV Epiphane à Persépolis. Voir plus haut, 2 Machabées, 1, 11. Désigna celui qui devait recevoir la domination, son fils aîné, Séleucus IV Philopator, frère d’Antiochus Epiphane. Séleucus succéda en effet à son père sans aucune contestation.
24 Afin que, si quelque chose s’y opposait ou qu’une nouvelle fâcheuse se répandait, ceux qui étaient dans les provinces de son royaume, sachant à qui était laissée la domination, ne se trouvassent point. 25 De plus, considérant que tous les puissants les plus proches et nos voisins épient les temps, et attendent l’événement, j’ai désigné pour roi mon fils Antiochus, que je recommandais souvent à beaucoup d’entre vous, en retournant dans les royaumes supérieurs; et je lui ai écrit ce qui est ci-dessous.
Note : II Macc. 9, 25 : Les royaumes supérieurs sont les contrées d’au-delà de l’Euphrate (voir verset 23). Antiochus V Eupator. Voir 1 Machabées, 3, 32.
26 C’est pourquoi je vous prie, et je demande que, vous souvenant de mes bienfaits publics et particuliers, chacun garde la fidélité envers moi et envers mon fils. 27 Car j’ai confiance qu’il se conduira avec modération et humanité, et qu’il suivra mes intentions, et qu’il sera tout à vous.
Note : II Macc. 9, 27 : Il sera, etc. ; littéralement, il vous sera commun.
28 Ainsi cet homicide et blasphémateur a été frappé d’une horrible plaie, et comme lui-même avait traité les autres, il termina sa vie dans les montagnes, à l’étranger, par une mort misérable. 29 Et Philippe, son frère de lait, transporta son corps ; et craignant le fils d’Antiochus, il s’en alla en Egypte, vers Ptolémée Philométor.
Note : II Macc. 9, 29 : Voir sur ce verset, 1 Machabées, 6, 14-17.