Chapitre 5
1 Dans le même temps, Antiochus prépara une seconde expédition en Egypte.
Note : II Macc. 5, 1 : Dans le même temps, c’est-à-dire, lorsque le jeune roi Ptolémée Philométor était monté sur le trône d’Egypte. Voir 2 Machabées, 4, 21. Voir aussi, 1 Machabées, 1, 17.
2 Or il arriva que, dans toute la cité de Jérusalem, on vit, durant quarante jours, des cavaliers courant à travers les airs, ayant des robes d’or, et armés de lances comme les cohortes ; 3 Et des combats de chevaux rangés par escadrons, des engagements qui se livraient de près, et des mouvements de boucliers, et une multitude de soldats coiffés d’un casque avec des glaives nus, et des dards lancés, et l’éclat des armes d’or, et de toute sorte de cuirasses. 4 C’est pourquoi tous priaient que ces prodiges tournassent à bien.
5 Mais, comme un faux bruit de la mort d’Antiochus s’était répandu, Jason, ayant pris non moins de mille hommes, attaqua tout d’un coup la cité ; et les citoyens accourant au mur, et la cité à la fin ayant été prise, Ménélaüs s’enfuit dans la citadelle.
Note : II Macc. 5, 5 : Jason. Voir plus haut, 2 Machabées, 4, 7.
6 Mais Jason n’épargnait pas dans le carnage ses concitoyens, et il ne considérait pas que la prospérité au préjudice des proches est un très grand malheur, croyant remporter un trophée sur des ennemis et non sur des concitoyens. 7 Et cependant il ne put obtenir la principauté ; et pour dernier fruit de sa trahison, il recueillit sa propre confusion; et fugitif de nouveau, il se retira dans le pays des Ammanites.
Note : II Macc. 5, 7 : Ammanites. Voir 2 Machabées, 4, 26.
8 A la fin il fut enfermé dans une prison par Arétas, tyran des Arabes, qui voulait sa perte ; et s’étant échappé, et fuyant de cité en cité, odieux à tous, comme un violateur des lois, et exécrable, comme ennemi de la patrie et de ses concitoyens, il fut chassé en Egypte;
Note : II Macc. 5, 8 : Arétas, tyran ou roi des Arabes Nabatéens, qui s’étaient emparés de l’Idumée et dont la capitale était Pétra. On connait quatre Arétas, roi des Nabatéens. Celui-ci est Arétas Ier (169 avant Jésus-Christ). Celui que nomme saint Paul, voir 2 Corinthiens, 11, 32, est Arétas IV AEnéas Philodème.
9 Et celui qui avait banni beaucoup de personnes de leur patrie, périt dans une terre étrangère, étant allé à Lacédémone, comme devant y trouver un refuge à cause de la parenté.
Note : II Macc. 5, 9 : A cause de la parenté que les Lacédémoniens prétendaient avoir des Juifs, se croyant issus d’Abraham aussi bien qu’eux. Comparer à 1 Machabées, 12, 21.
10 Et celui qui avait jeté beaucoup de corps sans les ensevelir, est lui-même jeté sans être pleuré et enseveli, et sans recevoir une sépulture même étrangère, et sans avoir part à un sépulcre dans sa patrie.
11 Les choses s’étant ainsi passées, le roi soupçonna que les Juifs abandonneraient son alliance; et à cause de cela il partit d’Egypte, la rage dans le coeur, et prit la cité d’assaut. 12 Or il commanda à ses soldats de tuer, et de ne point épargner ceux qu’ils rencontreraient, de monter même dans les maisons pour massacrer. 13 Il se fit donc un carnage de jeunes hommes et de vieillards, et une extermination de femmes et d’enfants, et un massacre de vierges et de tout petits enfants. 14 Or il y eut, dans l’espace entier de trois jours, quatre-vingt mille tués, quarante mille enchaînés, et pas moins de vendus.
Note : II Macc. 5, 14 : Enchaînés (vincti) ; c’est-à-dire, faits captifs ou prisonniers. Vendus comme esclaves.
15 Mais cela ne suffisait point à Antiochus; il osa même entrer dans le temple, lieu plus saint que toute la terre, conduit par Ménélaüs, qui fut traître aux lois et à la patrie ; 16 Et prenant de ses mains criminelles les vases sacrés, qui par d’autres rois et d’autres cités avaient été placés pour être l’ornement et la gloire du lieu saint, il les touchait indignement et les souillait.
Note : II Macc. 5, 16 : Lieu. Ce mot désigne le temple ici et aux versets 17, 19 et 20.
17 Ainsi Antiochus, ayant l’esprit aliéné, ne considérait pas que c’était à cause des péchés des habitants de la cité, que Dieu était irrité pour un peu de temps ; que c’était pour cela que le mépris avait atteint ce lieu. 18 Autrement, s’il ne leur était pas arrivé d’être enveloppés dans beaucoup de péchés, comme Héliodore, qui fut envoyé par Séleucus pour piller le trésor, lui aussi, aussitôt arrivé, eût été flagellé, et certainement repoussé dans son audace.
Note : II Macc. 5, 18 : Voir 2 Machabées, 3, vv. 25, 27. Lui aussi, Antiochus. Repoussé, etc. , empêché d’exécuter son entreprise audacieuse.
19 Mais Dieu n’a pas choisi la nation à cause du lieu, mais le lieu à cause de la nation. 20 Et c’est pourquoi le lieu lui-même a participé aux maux du peuple, mais dans la suite il sera associé à ses biens; et lui qui a été délaissé pendant la colère du Dieu tout-puissant, sera encore élevé à une très grande gloire, dans la réconciliation du souverain Seigneur avec son peuple.
21 Ainsi Antiochus, mille et huit cents talents ayant été emportés du temple par lui, retourna promptement à Antioche, pensant dans son orgueil et à cause de la fierté de son esprit, qu’il rendrait la terre navigable, et ferait marcher sur la mer.
Note : II Macc. 5, 21 : Talents. Voir 1 Machabées, 11, 28.
22 Il laissa aussi des gouverneurs pour tourmenter la nation ; savoir : dans Jérusalem, Philippe, Phrygien d’origine, par nature plus cruel que celui par qui il fut établi;
Note : II Macc. 5, 22 : Philippe, Phrygien. Voir 1 Machabées, 6, 14.
23 Et, à Garizim, Andronique, et Ménélaüs, qui étaient plus acharnés que les autres contre leurs concitoyens.
Note : II Macc. 5, 23 : A Garizim, montagne de la Samarie, vis-à-vis du mont Hébal. Sichem est bâtie dans la vallée qui sépare les deux montagnes. Les Samaritains, après la captivité, élevèrent sur le mont Garizim un temple qu’ils opposèrent à celui de Jérusalem. Voir Jean, note 4. 20. Andronique, différent de celui dont l’histoire est racontée, voir 2 Machabées, 4, 31, et d’ailleurs inconnu.
24 Et comme il avait été emporté contre les Juifs, il leur envoya comme gouverneur l’odieux Apollonius avec une armée de vingt-deux mille hommes, lui ordonnant de tuer tous ceux qui seraient dans la force de l’âge, de vendre les femmes et les jeunes hommes.
Note : II Macc. 5, 24 : Apollonius. Voir plus haut, 2 Machabées, 3, 5 et 1 Machabées, 1, 30.
25 Lorsqu’Apollonius fut arrivé à Jérusalem, feignant de vouloir la paix, il se reposa jusqu’au saint jour du sabbat; mais alors les Juifs se livrant au repos de la fête, il ordonna aux siens de prendre les armes. 26 Et tous ceux qui étaient venus comme spectateurs, il les massacra; et, parcourant la cité avec les siens, il fit périr une grande multitude de personnes.
Note : II Macc. 5, 26 : Comme spectateurs des exercices militaires.
27 Cependant Judas Machabée s’était retiré, lui dixième, en un lieu désert; et il y vivait avec les siens, parmi les bêtes sauvages, sur les montagnes; et se nourrissant de l’herbe des champs, ils demeuraient là, afin de ne prendre point part à la contagion.
Note : II Macc. 5, 27 : Le dixième, c’est-à-dire avec neuf autres personnes. L’auteur termine ici son récit par la mention de la retraite de Judas Machabée dans le désert de Juda, pour préparer le récit de ses exploits, qu’il commencera au chapitre 8.