Chapitre 12
1 Or Jonathas vit que le temps le favorisait, et il choisit des hommes, et les envoya à Rome, pour établir et renouveler amitié avec les Romains;
Note : I Macc. 12, 1 : Jonathas dut envoyer cette ambassade à Rome vers 143 ou 142, peu après la prise de Carthage et de Corinthe.
2 Et aux Spartiates, et en d’autres lieux il envoya des lettres avec la même formule ;
Note : I Macc. 12, 2 : Numénius et Antipater, envoyés à Rome, voir verset 16, passèrent à leur retour de Rome par Sparte.
3 Et ses messagers allèrent à Rome, et ils entrèrent dans le Sénat, disant: Jonathas, le grand prêtre, et la nation des Juifs, nous ont envoyés, afin que nous renouvelions amitié et alliance comme par le passé. 4 Et les Romains leurs donnèrent des lettres pour leurs gouverneurs dans les divers lieux, afin qu’on les ramenât en paix dans la terre de Juda.
5 Or voici la copie des lettres que Jonathas écrivit aux Spartiates :
6 Jonathas, grand prêtre, et les anciens de la nation, et les prêtres, et le reste du peuple des Juifs, aux Spartiates leurs frères, salut.
Note : I Macc. 12, 6 ; 12. 20 : Salut (salutem). Voir 1 Machabées, 10, 18.
7 Déjà depuis longtemps des lettres ont été envoyées à Onias, le grand prêtre, par Arius, qui régnait chez vous, pour dire que vous êtes nos frères, comme le contient l’écrit mis sous vos yeux.
Note : I Macc. 12, 7 : Onias. On distingue quatre grands prêtres de ce nom. Onias Ier , fils de Jaddus, qui était grand prêtre à l’époque d’Alexandre le Grand. Il fut contemporain de Ptolémée Ier Lagus et de Séleucus Ier Nicator ; il exerça ses fonctions de 323 à 300 avant Jésus-Christ. ― Onias II, fils de Simon II, était pontife du temps de Séleucus IV Philopator (187-175). ― Onias III était grand prêtre sous le règne d’Antiochus IV Epiphane (175-164) et il fut forcé d’abandonner le souverain sacerdoce à son frère Jason, voir 2 Machabées, du chapitre 3 au chapitre 5. ― Son fils Onias IV éleva en Egypte le temple de Léontopolis. Les commentateurs ont vu dans l’Onias dont il est question ici, les uns le premier, d’autres le second et d’autres le troisième, mais il ne peut être question que d’Onias Ier , parce qu’il est le seul contemporain d’Arius, roi de Sparte. Il y a eu deux rois de ce nom. Arius Ier régna de 309 à 265 avant notre ère. C’est celui dont parle la lettre de Jonathas. Arius II, petit-fils du Ier , mourut à l’âge de huit ans en 257.
8 Et Onias accueillit avec honneur l’homme qui avait été envoyé, et il reçut les lettres dans lesquelles il était question d’alliance et d’amitié. 9 Pour nous, quoique nous n’eussions aucun besoin de ces choses, ayant pour consolation les saints livres qui sont en nos mains ; 10 Nous avons mieux aimé envoyer vers vous pour renouveler la fraternité et l’amitié, de peur que nous ne vous devenions étrangers ; car il s’est passé bien du temps depuis que vous avez envoyé vers nous. 11 Nous donc en tout temps sans interruption dans les jours solennels, et tous les autres auxquels il le faut, nous nous souvenons de vous dans les sacrifices que nous offrons et dans les observances, comme il est permis, et comme il convient de se souvenir de ses frères.
Note : I Macc. 12, 11 : Dans les observances ; le grec porte, dans nos prières, ce qui a fait penser qu’on lisait primitivement dans la Vulgate in obsecrationibus, au lieu de in observationibus. D’autant que les Juifs priaient et offraient des sacrifices pour les princes leurs alliés, et pour ceux auxquels ils étaient soumis (voir 1 Machabées, 7, 33 ; Baruch, 1, 10-11).
12 C’est pourquoi nous nous réjouissons de votre gloire. 13 Mais de nombreuses tribulations et de nombreux combats nous ont environnés, et ils ont combattu contre nous, les rois qui sont autour de nous. 14 Nous n’avons donc pas voulu vous être à charge ni à nos autres alliés et amis, dans ces combats. 15 Car nous avons eu du ciel du secours, et nous avons été délivrés, nous, et nos ennemis ont été humiliés. 16 C’est pourquoi nous avons choisi Numénius, fils d’Antiochus, et Antipate, fils de Jason, et nous les avons envoyés vers les Romains pour renouveler avec eux l’amitié et l’alliance ancienne.
Note : I Macc. 12, 16 : Numénius et Antipater nous sont inconnus ; mais le Jason, dont celui-ci est le fils, doit être celui qui avait été envoyé à Rome par Judas Machabées, voir 1 Machabées, 8, 17.
17 C’est pourquoi nous leur avons ordonné de venir aussi vers vous, et de vous saluer; et de vous remettre nos lettres sur le renouvellement de notre fraternité. 18 Et maintenant vous ferez bien en nous répondant à ce sujet.
19 Or voici la copie des lettres qu’Arius avait envoyées à Onias :
20 Arius, roi des Spartiates, à Onias, grand prêtre, salut. 21 Il a été trouvé dans un écrit sur les Spartiates et les Juifs, qu’ils sont frères et qu’ils sont de la race d’Abraham. 22 Et maintenant que nous avons su ces choses, vous faites bien de nous écrire si vous jouissez de la paix.
Note : I Macc. 12, 22 : Vous faites bien. Le mot de la Vulgate benefacitis semble avoir été mis pour benefacietis (vous ferez bien), plus conforme au contexte, et confirmé par la leçon du grec.
23 Mais nous aussi nous vous avons écrit : Nos troupeaux et nos possessions sont à vous, et les vôtres à nous; c’est pourquoi nous avons ordonné que cela vous soit annoncé.
24 Cependant Jonathas apprit que les princes de la milice de Démétrius étaient revenus avec une armée beaucoup plus forte qu’auparavant pour combattre contre lui. 25 Il sortit donc de Jérusalem, et il alla à leur rencontre dans la région d’Amath; car il ne leur avait pas donné le temps d’entrer dans sa propre région.
Note : I Macc. 12, 25 : La région d’Amath ; littéralement, la région d’Amathite. Plusieurs entendent qu’Amath est la même qu’Emath (en hébreu Hamath), ville située sur les frontières septentrionales de la Palestine.
26 Et il envoya des espions dans leur camp; et ceux-ci, étant revenus, rapportèrent que les ennemis avaient résolu de les surprendre pendant la nuit. 27 Or, lorsque le soleil fut couché, Jonathas commanda aux siens de veiller et d’être en armes toute la nuit, prêts au combat, et il mit des gardes autour du camp. 28 Et les ennemis apprirent que Jonathas était prêt au combat avec les siens; et ils craignirent, et ils redoutèrent en leur coeur, et ils allumèrent des feux dans leur camp, et se retirèrent.
Note : I Macc. 12, 28 : Ils allumèrent des feux dans leur camp, pour faire croire aux Juifs qu’ils étaient toujours là.
29 Mais Jonathas, et ceux qui étaient avec lui, ne surent pas leur retraite jusqu’au matin, puisqu’ils voyaient des feux allumés. 30 Et Jonathas les suivit, mais il ne les atteignit pas ; car ils avaient déjà traversé le fleuve Eleuthère.
Note : I Macc. 12, 30 : Le fleuve Eleuthère. Voir 1 Machabées, 11, 7.
31 Et Jonathas alla de là vers les Arabes qui sont appelés Zabadéens, et il les frappa, et prit leurs dépouilles.
Note : I Macc. 12, 31 : Zabadéens. On ne connaît pas d’Arabes de ce nom ; c’est pourquoi la plupart des commentateurs lisent avec l’historien Josèphe Nabathéens, en supposant que les Nabathéens ou Nabuthéens (voir plus haut, 1 Machabées, 5, 25), qui étaient amis des Juifs, étaient devenus leurs ennemis en se déclarant pour Démétrius.
32 Et il continua, et vint à Damas ; et il parcourait toute cette contrée.
33 Mais Simon sortit, et vint jusqu’à Ascalon et aux garnisons voisines, et il se dirigea vers Joppé et la prit
Note : I Macc. 12, 33 : Ascalon. Voir plus haut, 1 Machabées, 10, 86.
34 (Car il avait appris qu’on voulait livrer la forteresse à ceux du parti de Démétrius); et il y mit une garnison pour la garder.
35 Et Jonathas revint, et convoqua les anciens du peuple, et il songea avec eux à bâtir des garnisons dans la Judée, 36 Et à bâtir des murs à Jérusalem, et à élever une muraille d’une grande hauteur entre la citadelle et la cité, afin de séparer la citadelle de la cité, et qu’elle fût sans communication, et qu’on n’achetât ni ne vendît. 37 On s’assembla donc afin de bâtir la ville; et le mur qui était sur le torrent, du côté du lever du soleil, tomba, et Jonathas répara celui qui est appelé Caphététha.
Note : I Macc. 12, 37 : Le torrent de Cédron, à l’orient de Jérusalem. ― Caphététha était vraisemblablement le nom de la partie du mur de Jérusalem qui était tombée dans le Cédron, parce que les fondements étaient trop faibles.
38 Et Simon bâtit Adiada en Séphéla, et la fortifia, et il y mit des portes et des serrures.
Note : I Macc. 12, 38 : Adiada, ville à l’occident de Jérusalem. ― Séphéla, plaine au couchant des montagnes de Juda. ― Sur la Séphéla, voir Juges, note 15. 5.
39 Et comme Tryphon avait songé à régner sur l’Asie, et à prendre le diadème et à étendre la main sur le roi Antiochus,
Note : I Macc. 12, 39 : Sur l’Asie, voir plus haut, 1 Machabées, 8, 6. ― Sur l’usurpation de Tryphon, voir 1 Machabées, 11, 39.
40 Craignant que Jonathas ne le lui permit point, mais qu’il ne combattit contre lui, il cherchait à le prendre et à le faire mourir. Et se levant, il alla à Bethsan.
Note : I Macc. 12, 40-41 : Bethsan. Voir 1 Machabées, 5, 52.
41 Mais Jonathas sortit au devant de lui avec quarante mille hommes choisis pour le combat et vint à Bethsan. 42 Et Tryphon vit que Jonathas était venu avec une armée nombreuse pour étendre la main sur lui; il craignit. 43 Et il le reçut avec honneur et le recommanda à tous ses amis, et lui donna des présents et commanda à ses armées de lui obéir comme à lui-même. 44 Et il dit à Jonathas : Pourquoi avez-vous tourmenté tout ce peuple, puisqu’il n’y a point de guerre entre nous?
Note : I Macc. 12, 44 : Ce ; pronom qui se lit dans le grec, et que le contexte réclame.
45 Maintenant donc, renvoyez-les dans leurs maisons ; mais choisissez-vous un petit nombre d’hommes qui soient avec vous, et venez avec moi à Ptolémaïde, et je vous la livrerai, ainsi que le reste des garnisons et tous ceux qui ont la conduite des affaires, et je m’en retournerai ; car c’est à cause de cela que je suis venu.
Note : I Macc. 12, 45 : A Ptolémaïde. Voir plus haut, 1 Machabées, 5, 15.
46 Jonathas le crut, et il fit comme il avait dit; et il renvoya l’armée, et ils s’en allèrent dans la terre de Juda. 47 Mais il retint avec lui trois mille hommes, dont il renvoya deux mille en Galilée ; mais mille vinrent avec lui. 48 Mais dès que Jonathas fut entré à Ptolémaïde, les Ptolémaïdiens fermèrent les portes de la cité, et ils le prirent, et tous ceux qui étaient entrés avec lui, ils les tuèrent par le glaive.
49 Et Tryphon envoya une armée et des cavaliers en Galilée et dans la grande plaine, afin de perdre tous les compagnons de Jonathas.
Note : I Macc. 12, 49 : La grande plaine. Voir 1 Machabées, 5, 52.
50 Mais ceux-ci, lorsqu’ils eurent appris que Jonathas avait été pris, et qu’il avait péri, ainsi que tous ceux qui étaient avec lui s’exhortèrent les uns les autres, et sortirent préparés au combat.
Note : I Macc. 12, 50 : Lorsqu’ils eurent appris, etc. On crut d’abord que Tryphon avait fait mourir Jonathas ; mais on sut le contraire dans la suite (voir 1 Machabées, 13, vv. 12, 15).
51 Mais ceux qui les avaient poursuivis, voyant qu’il s’agissait pour eux de sauver leur vie à tout prix, s’en retournèrent.
Note : I Macc. 12, 51 : Qu’il s’agissait, etc. ; c’est-à-dire, qu’ils feraient payer leur vie bien cher, littéralement, que pour l’âme ou la vie, à eux est la chose.
52 Ainsi ils vinrent tous en paix dans la terre de Judée. Et ils pleurèrent beaucoup Jonathas et ceux qui étaient avec lui; et Israël pleura d’un grand pleur. 53 Et toutes les nations qui étaient autour d’eux cherchèrent à les détruire ; car elles dirent :54 Ils n’ont pas de chef et d’aide ; maintenant donc attaquons-les, et effaçons leur mémoire parmi les hommes.