Chapitre 16
1 Alors Judith chanta ce cantique au Seigneur, disant :
2 Commencez à chanter le Seigneur avec des tambours, chantez le Seigneur avec des cymbales, entonnez un psaume nouveau, exaltez et invoquez son nom.
3 Le Seigneur rompt les guerres, le Seigneur est son nom.
Note : Judith 16, 3 : Rompt les guerres. Voir Judith, 9, 10.
4 Il a mis son camp au milieu de son peuple, afin de nous délivrer de la main de tous nos ennemis.
5 Assur est venu des montagnes du côté de l’aquilon avec sa multitude forte; et sa multitude a rempli les torrents, et ses chevaux ont converties vallées.
Note : Judith 16, 5 : Sa multitude forte ; littéralement et par hébraïsme la multitude de sa force.
6 Il a dit qu’il brûlerait mes confins, et qu’il tuerait mes jeunes hommes par le glaive, qu’il donnerait mes enfants en proie, et les vierges en captivité.
7 Mais le Seigneur tout-puissant lui a été funeste, et il l’a livré aux mains d’une femme, et elle l’a percé ; 8 Car leur fort n’est pas tombé devant des jeunes hommes, des fils de Titan ne l’ont point frappé, des géants ne sont point opposés à lui ; mais c’est Judith, la fille de Mérari, qui par la beauté de son visage, l’a détruit.
Note : Judith 16, 8 : Des fils de Titan… des géants. Ces mots traduisent probablement les mots Raphaïm et Enacim qui devaient se trouver dans le texte original.
9 Car elle s’est dépouillée du vêtement de son veuvage, et elle s’est revêtue d’un vêtement de joie pour le triomphe des enfants d’Israël ; 10 Elle a oint son visage avec des essences, elle a lié ensemble ses cheveux avec un bandeau, elle a pris une robe neuve pour le séduire.
11 Ses sandales ont ravi ses yeux, sa beauté a rendu son âme captive, et elle lui a tranché le cou avec son propre sabre.
12 Les Perses ont frissonné de sa constance, et les Mèdes, de son audace.
Note : Judith 16, 12 : Les Perses… et les Mèdes faisaient partie sans doute comme auxiliaires de l’armée d’Holoferne.
13 Alors tout le camp des Assyriens a poussé des hurlements, quand ont paru les miens, faibles et desséchés par la soif.
14 Les fils des jeunes femmes les ont blessés et les ont tués comme des enfants qui fuient; ils ont péri dans le combat à la face du Seigneur mon Dieu.
15 Chantons un hymne au Seigneur, chantons un hymne nouveau à notre Dieu. 16 Adonaï Seigneur, vous êtes grand, vous, et magnifique dans votre puissance, et personne ne peut s’élever au-dessus de vous.
Note : Judith 16, 16 : Adonaï signifie en hébreu, maître, seigneur.
17 Que toute créature vous obéisse; parce que vous avez parlé, et les choses ont été faites; vous avez envoyé votre esprit, et elles ont été créées, et il n’y a personne qui résiste à votre voix.
Note : Judith 16, 17 : Voir Genèse, 2, 1 ; Psaumes, 32, 9.
18 Les montagnes seront ébranlées jusqu’aux fondements avec les eaux, et les pierres se fondront comme la cire devant votre face. 19 Mais ceux qui vous craignent seront grands devant vous en toutes choses.
20 Malheur à la nation qui s’élève contre mon peuple! car le Seigneur tout-puissant se vengera d’eux, et les visitera au jour du jugement. 21 Et il répandra du feu et des vers dans leur chair, afin qu’ils brûlent et qu’ils le sentent éternellement.
22 Or il arriva, après cela, que tout le peuple après la victoire vint à Jérusalem adorer le Seigneur ; et aussitôt qu’ils furent purifiés, ils offrirent tous leurs holocaustes, leurs voeux et leurs promesses. 23 Quant à Judith, ce sont tous les instruments de guerre d’Holoferne, que le peuple lui avait donnés, et le rideau qu’elle-même avait enlevé de son lit, ‘qu’elle offrit, en anathème d’oubli.
Note : Judith 16, 23 : En anathème d’oubli ; c’est-à-dire, selon les uns, comme un monument consacré à Dieu, et qui devait empêcher à jamais les Israélites d’oublier la victoire signalée que le Seigneur venait de leur accorder ; ou bien, selon les autres, un monument consacré à Dieu, et destiné à leur faire oublier les maux passés.
24 Or tout le peuple était joyeux, à la vue des choses saintes, et pendant trois mois la joie de cette victoire fut célébrée avec Judith.
Note : Judith 16, 24 : Des choses saintes. Voir Judith, 4, 10.
25 Et après ces jours, chacun retourna en sa maison, et Judith devint grande dans Béthulie, et elle était la plus illustre dans toute la terre d’Israël. 26 Car la chasteté était jointe à sa vertu; en sorte qu’elle n’a pas connu d’homme durant tous les jours de sa vie, depuis qu’est mort Manassé, son mari. 27 Or aux jours de fête elle paraissait avec une grande gloire. 28 Et elle demeura dans la maison de son mari cent cinq ans ; elle renvoya libre sa servante, et elle mourut, et fut ensevelie avec son mari dans Béthulie ; 29 Et tout le peuple la pleura pendant sept jours. 30 Or dans tout l’espace de sa vie, et bien des années après sa mort, il n’y eut personne qui troublât Israël.
31 Et le jour de fête de sa victoire est mis par les Hébreux au nombre des jours saints, et il est honoré par les Juifs, depuis ce temps-là jusqu’au présent jour.