Chapitre 9
1 Ceux-ci s’étant retirés, Judith entra dans son oratoire ; et, se revêtant d’un cilice, elle mit de la cendre sur sa tête, et, se prosternant devant le Seigneur, elle criait vers le Seigneur, disant :
2 Seigneur, Dieu de mon père Siméon, qui lui avez donné un glaive pour se venger des étrangers qui commirent une violence dans leur profanation, et découvrirent la nudité d’une vierge pour sa confusion;
Note : Judith 9, 2 : Voir Genèse, 34, 26. ― Judith loue ici le zèle que Siméon avait mis à venger la gloire de Dieu et l’outrage fait par les Sichémites à sa soeur ; mais nullement la manière inhumaine dont il avait exercé cette vengeance. Voir Genèse, 34, 30 ; 49, 5-7.
3 Qui avez livré leurs femmes en proie, et leurs filles en captivité, et toutes leurs dépouilles en partage à vos serviteurs qui ont brûlé de zèle pour vous, venez, je vous prie. Seigneur mon Dieu, au secours de moi, veuve :
Note : Judith 9, 3 : Qui ont brûlé, etc. , littéralement et par hébraïsme, qui ont zélé le zèle, ou ont été zélé de zèle.
4 Car c’est vous qui avez fait les choses antérieures, et vous avez conçu celles-ci après celles-là; et il n’a été fait que ce que vous-même avez voulu, 5 Car toutes vos voies sont préparées; et vos jugements, c’est dans votre providence que vous les avez établis. 6 Regardez maintenant le camp des Assyriens, comme alors vous daignâtes voir le camp des Egyptiens, quand armés ils couraient après vos serviteurs, se confiant en leurs quadriges et leur cavalerie, et dans la multitude de leurs combattants.
Note : Judith 9, 6 : Voir Exode, 14, 9.
7 Mais vous jetâtes un regard sur leur camp, et des ténèbres les fatiguèrent.
Note : Judith 9, 7 : Les fatiguèrent. Au passage de la mer Rouge, les Egyptiens furent dans l’inquiétude ; ils ne pouvaient pas avancer à cause des ténèbres qui les enveloppaient. Voir Exode, 14, vv. 19, 24.
8 L’abîme retint leurs pieds, et les eaux les couvrirent. 9 Seigneur, qu’il en soit fait de même de ceux-ci aussi qui se confient en leur multitude, en leurs chariots et en leurs épieux, en leurs boucliers, en leurs flèches, et qui se glorifient en leurs lances, 10 Et qui ne savent pas que c’est vous-même qui êtes notre Dieu, vous qui rompez les guerres depuis le commencement, et que votre nom est le Seigneur.
Note : Judith 9, 10 : Vous rompez ; vous faites cesser, vous arrêtez.
11 Elevez votre bras comme au commencement, brisez leur force par votre force; qu’elle tombe devant votre courroux, la force de ceux qui promettent de violer vos choses saintes, de souiller le tabernacle de votre nom, et d’abattre de leur glaive la corne de votre autel.
Note : Judith 9, 11 : Vos choses saintes. Voir Judith, 4, 10. ― La corne de votre autel. Il y avait aux quatre coins de l’autel des holocaustes quatre éminences en formes de cornes.
12 Faites, Seigneur, que par son propre glaive, son orgueil soit tranché :13 Qu’il soit pris par le piège de ses yeux en me regardant, et vous le frapperez par mes paroles gracieuses.
Note : Judith 9, 13 : Par mes paroles gracieuses ; littéralement par les lèvres de ma grâce. Comparer (Psaumes, 44, 3) à l’expression la grâce est répandue sur vos lèvres. Ici, comme souvent ailleurs, saint Jérôme a donné à un mot latin, dérivé du grec, le sens qu’il a dans cette dernière langue. ― Judith se proposait d’user de sa beauté pour perdre Holoferne, mais son but unique était de sauver son peuple en faisant périr le chef de l’armée ennemie. C’est son intention qui fait le mérite de son action. Elle exposait sa propre vie pour le salut d’Israël. Elle avait d’ailleurs le droit de faire périr Holoferne, soit par ruse, soit par violence, puisque le général assyrien faisait la guerre aux habitants de Béthulie.
14 Mettez-moi dans le coeur de la constance, afin que je le méprise; et de la force, afin que je le renverse. 15 Ce sera assurément un souvenir de votre nom, que la main d’une femme l’ait abattu.
Note : Judith 9, 15 : Voir Juges, 4, 21 ; 5, 26.
16 Car ce n’est point dans la multitude qu’est votre puissance, Seigneur, ni dans les forces des chevaux qu’est votre plaisir, et les superbes dès le commencement ne vous ont pas plu ; mais la prière des hommes humbles et doux vous a toujours plu. 17 Dieu des cieux, créateur des eaux, et seigneur de toute créature, exaucez-moi, pauvre suppliante, et qui présume de votre miséricorde. 18 Souvenez-vous, Seigneur, de votre alliance, et mettez la parole dans ma bouche, et fortifiez en mon coeur ma résolution, afin que votre maison vous demeure toujours consacrée ; 19 Et que toutes les nations reconnaissent que c’est vous qui êtes Dieu, et qu’il n’y en a point d’autre hors vous.