Chapitre 7
1 Holoferne donc, le jour suivant, ordonna à ses armées de monter contre Béthulie. 2 Or il y avait cent vingt mille combattants à pied, et vingt-deux mille cavaliers, outre les hommes armés que la captivité avait atteints, et toute la jeunesse qui avait été amenée des provinces et des villes.
Note : Judith 7, 2 : Outre les hommes armés ; littéralement Outre les préparations ou les armements des hommes ; car, dans le langage de l’Ecriture, ces deux mots se confondent quand il s’agit de guerres, de batailles. ― Que la captivité avait atteints ; qui avaient été faits captifs par Holoferne. ― Toute la jeunesse est dans la Vulgate au génitif, comme complément du mot préparations ou armements ; ainsi le véritable sens est : et outre toute la jeunesse armée.
3 Tous se préparèrent également au combat contre les enfants d’Israël, et vinrent par le bas de la montagne jusqu’à la cime qui regarde sur Dothaïn, depuis le lieu qui est appelé Belma, jusqu’à Chelmon, qui est contre Esdrélon. 4 Or les enfants d’Israël, dès qu’ils virent leur multitude, se prosternèrent sur la terre, mettant de la cendre sur leurs têtes, priant unanimement pour que le Dieu d’Israël montrât sa miséricorde sur son peuple. 5 Et, prenant leurs armes guerrières, ils s’établirent dans les lieux qui mènent au passage du chemin étroit entre les montagnes, et ils les gardaient pendant tout le jour et toute la nuit,
6 Or Holoferne, tandis qu’il tournait tout autour, trouva que la fontaine qui coulait dans la ville, y dirigeait son cours par leur aqueduc, du côté du midi, hors de la ville : et il ordonna qu’on coupât leur aqueduc. 7 Il y avait cependant, non loin des murs, des fontaines auxquelles on les envoyait furtivement puiser de l’eau, pour se rafraîchir plutôt que pour boire.
Note : Judith 7, 7 : Pour se rafraîchir, etc. ; c’est-à-dire pour soulager leur soif, plutôt que pour l’étancher ; car le peu d’eau qu’ils pouvaient prendre ne suffisait pas pour les désaltérer.
8 Mais les fils d’Ammon et de Moab s’approchèrent d’Holoferne, disant : Les enfants d’Israël n’ont pas de confiance dans la lance ni dans la flèche; mais les montagnes les défendent, et les collines situées sur un précipice les fortifient. 9 Afin donc que vous les puissiez vaincre sans livrer de combat, mettez des gardes aux fontaines, pour qu’ils n’y puisent point d’eau, et vous les tuerez sans le glaive, ou certainement découragés, ils livreront leur ville, qu’ils pensent ne pouvoir être prise, parce qu’elle est placée dans les montagnes. 10 Ces paroles plurent à Holoferne et à ses gardes, et il établit des centurions autour de chaque fontaine.
11 Et lorsque cette garde eut été faite pendant vingt jours, les citernes et les réservoirs d’eau manquèrent à tous ceux qui habitaient Béthulie, en sorte qu’il n’y avait pas dans la ville de quoi les rassasier même un seul jour, parce que c’était par mesure que l’eau était donnée au peuple chaque jour. 12 Alors tous les hommes, les femmes, les jeunes gens et les petits enfants se rassemblèrent près d’Ozias, et tous ensemble d’une seule voix, 13 Dirent : Que Dieu juge entre nous et vous, parce que vous avez attiré ces maux sur nous, n’ayant pas voulu parler pacifiquement aux Assyriens ; et c’est à cause de cela que Dieu nous a livrés en leurs mains.
Note : Judith 7, 13 : Voir Exode, 5, 21.
14 Pour cela aussi il n’est personne qui nous secoure, lorsque nous sommes abattus devant leurs yeux par la soif, et par une grande ruine. 15 Maintenant donc assemblez tous ceux qui sont dans la ville, afin que spontanément nous nous livrions au peuple d’Holoferne ; 16 Car il vaut mieux que captifs nous bénissions le Seigneur en vivant, que si nous mourions et si nous étions l’opprobre de toute chair, lorsque nous verrons nos femmes et nos enfants mourir devant nos yeux. 17 Nous invoquons aujourd’hui le ciel et la terre, et le Dieu de nos pères, qui se venge de nous selon nos péchés, pour que vous livriez la ville à la main de la milice d’Holoferne, et que l’on abrège par le tranchant du glaive notre fin, qui devient trop longue par les ardeurs de la soif. 18 Or, lorsqu’ils eurent dit ces choses, il se fit un pleur et de grands cris déchirants dans l’assemblée parmi tout le monde, et pendant bien des heures ils crièrent d’une seule voix vers le Seigneur, disant :19 Nous avons péché avec nos pères, nous avons agi injustement, nous avons commis l’iniquité.
Note : Judith 7, 19 : Voir Psaumes, 105, 6.
20 Vous, parce que vous êtes bon, ayez pitié de nous, ou par vos châtiments, vengez nos iniquités, et ne livrez point ceux qui vous glorifient à un peuple qui vous ignore, 21 Afin qu’on ne dise pas parmi les nations : Où est leur Dieu?
22 Et lorsque, fatigués par ces cris et lassés de ces pleurs, ils se turent, 23 Ozias, se levant, couvert de larmes, dit : Ayez l’esprit calme, mes frères, et pendant ces cinq jours attendons du Seigneur miséricorde.
Note : Judith 7, 23 : Ozias était sans doute persuadé que le peuple pourrait souffrir la soif pendant cinq jours, et il espérait en même temps que dans cet intervalle le grand prêtre lui enverrait quelque secours pour se défendre.
24 Car peut-être réprimera-t-il son indignation, et donnera-t-il la gloire à son nom.
Note : Judith 7, 24 : Donnera-t-il, etc. , c’est-à-dire glorifiera-t-il son nom, fera-t-il éclater la gloire de son nom ?
25 Mais si, ces cinq jours passés, il ne vient point de secours, nous accomplirons les paroles que vous avez dites.