Chapitre 20
1 Or, David s’enfuit de Naïoth, qui est en Ramatha, et étant venu, il dit devant Jonathas : Qu’ai-je fait? quelle est mon iniquité, et quel est mon péché contre ton père, puisqu’il cherche mon âme?
Note : I Rois 20, 1 : En Ramatha. Voir 1 Rois, 19, 19. ― Il cherche mon âme; hébraïsme, pour il cher à m’ôter la vie.
2 Jonathas lui répondit : A Dieu ne plaise ! tu ne mourras pas ; car mon père ne fait rien de grand ni de petit, s’il ne me l’a fait savoir auparavant. C’est donc la seule parole que mon père m’ait célée? Cela ne sera nullement. 3 Et il jura de nouveau à David. Et celui-ci dit : Ton père sait certainement que j’ai trouvé grâce à tes yeux, et il dira : Que Jonathas ne sache point ceci, de peur qu’il ne soit contristé. Bien plus, le Seigneur vit, et ton âme vit! car c’est d’un seul pas (pour ainsi dire) que moi et la mort nous sommes séparés.
4 Et Jonathas répondit à David : Tout ce que me dira ton âme, je le ferai pour toi. 5 David dit alors à Jonathas : Voici que les calendes sont demain, et moi d’après l’usage, j’ai coutume de m’asseoir auprès du roi pour manger; laisse-moi donc aller me cacher dans la campagne jusqu’au soir du troisième jour.
Note : I Rois 20, 5 : Les calendes ; c’est-à-dire la néoménie, ou fête de la nouvelle lune (voir Nombres, 28, 11-15), qui était célébrée par des sacrifices et un festin sacré. ― Jusqu’au soir du troisième jour, parce que le second jour était le jour du sabbat, et qu’il n’était pas permis, ce jour-là, de faire de longs voyages. D’un autre côté David ne pouvait pas savoir avant ce terme la disposition du roi à son égard.
6 Si, regardant, ton père me demande, tu lui répondras : David m’a demandé d’aller promptement à Bethléhem, sa ville; parce que là les victimes solennelles sont présentées pour tous ceux de sa tribu.
Note : I Rois 20, 6 : Les victimes solennelles, annuelles.
7 S’il dit : Bien, la paix sera faite avec ton serviteur; mais s’il s’irrite, sache que sa malice est à son comble. 8 Fais donc miséricorde à ton serviteur, puisque tu m’as fait faire, à moi, ton serviteur, l’alliance du Seigneur avec toi; mais s’il est quelque iniquité en moi, tue-moi toi-même, et ne m’introduis point auprès de ton père. 9 Et Jonathas dit : Loin de toi une pareille chose ; car il ne peut pas se faire, que je sache d’une manière certaine que la malice de mon père contre toi est à son comble, et que je ne t’en informe point. 10 Et David répondit à Jonathas : Qui m’informera, si par hasard ton père répond durement à mon sujet? 11 Et Jonathas dit à David : Viens, et sortons dehors dans la campagne. Et lorsqu’ils furent sortis tous deux dans la campagne,
12 Jonathas dit à David : Seigneur Dieu d’Israël, si je découvre le dessein de mon père demain, ou après-demain, et qu’il y ait quelque chose de bon pour David, et que je n’envoie aussitôt vers toi, et que je ne t’en donne point connaissance, 13 Que le Seigneur fasse ceci à Jonathas, et qu’il ajoute cela. Mais si la malice de mon père persévère contre toi, j’ouvrirai ton oreille, et je te laisserai partir, afin que tu ailles en paix, et que le Seigneur soit avec toi, comme il a été avec mon père.
Note : I Rois 20, 13 : Que le Seigneur fasse ceci, etc. Voir Ruth, 1, 17.
14 Et si je vis, tu useras envers moi de la miséricorde du Seigneur; mais si je meurs,
Note : I Rois 20, 14 : La miséricorde du Seigneur, c’est-à-dire la miséricorde semblable à celle du Seigneur, la plus grande possible.
15 Tu ne retireras point à jamais ta miséricorde de ma maison, quand le Seigneur aura exterminé de la terre les ennemis de David jusqu’au dernier. Que le Seigneur enlève Jonathas de sa maison, et qu’il tire vengeance, des ennemis de David.
Note : I Rois 20, 15 : Qu’il tire vengeance des ennemis ; littéralement ; qu’il demande de la main des ennemis, qu’il demande compte à la main des ennemis. Comparer à Genèse, 9, 5.
16 Jonathas fit donc alliance avec la maison de David, et le Seigneur tira vengeance des ennemis de David. 17 Et Jonathas renouvela ses serments à David, parce qu’il l’aimait; car il l’aimait comme son âme.
18 Et Jonathas lui dit : Demain sont les calendes, et on s’enquerra de toi ;
Note : I Rois 20, 18 : Demain sont les calendes. Voir verset 5.
19 Car on s’enquerra de ta place jusqu’après demain. Tu descendras donc, te hâtant, et tu viendras dans le lieu où tu dois être cachée au jour auquel il est permis de travailler, et tu te tiendras près de la pierre dont le nom est Ezel.
Note : I Rois 20, 19 : On s’enquerra de ta place ; on demandera pourquoi elle est vide, et que tu ne l’occupes point. ― Au jour où il est permis de travailler ; c’est-à-dire le lendemain du sabbat, le troisième jour du mois.
20 Et moi je décocherai trois flèches près de la pierre, et je les lancerai, comme m’exerçant à atteindre le but. 21 J’enverrai aussi mon serviteur, lui disant : Va, et apporte-moi les flèches.
Note : I Rois 20, 21 : Mon serviteur ; littéralement dans le texte originel, le serviteur, mais, comme nous l’avons déjà remarqué, l’article se met très souvent, en hébreu, pour le pronom possessif. D’ailleurs toute la suite du discours justifie pleinement notre traduction.
22 Si je dis à mon serviteur : Voici que les flèches sont en deçà de toi, prends-les; viens toi-même à moi, parce que la paix est avec toi, et il n’y a rien de mal; le Seigneur vit! Mais si je parle ainsi à mon serviteur : Voici que les flèches sont au-delà de toi ; va en paix, parce que le Seigneur te laisse aller.
Note : I Rois 20, 22 : Le Seigneur vit ! Voir Juges, 8, 19.
23 Quant à la parole que nous avons dite, moi et toi, que le Seigneur soit entre moi et toi pour toujours.
24 David donc se cacha dans la campagne, et vinrent les calendes, et le roi s’assit pour manger du pain.
Note : I Rois 20, 24 : Manger du pain ; dans l’hébreu le pain. Voir 1 Rois, 14, 24.
25 Et lorsque le roi se fut assis (selon la coutume) sur son siège près de la muraille, Jonathas se leva ; Abner s’assit à côté de Saül, et la place de David parut vide.
Note : I Rois 20, 25 : Près de la muraille. La place d’honneur en Orient est vis-à-vis la porte.
26 Et Saül ne dit rien en ce jour-là ; car il pensait que peut-être il était arrivé à David de n’être pas pur, et de n’avoir pas été purifié.
Note : I Rois 20, 26 : Il n’était pas permis de participer au festin des sacrifices, quand on avait contracté une impureté légale.
27 Et lorsque fut venu le second jour après les calendes, la place de David parut encore vide. Et Saül demanda à Jonathas, son fils : Pourquoi le fils d’Isaï n’est-il point venu, ni hier, ni aujourd’hui, pour manger? 28 Et Jonathas répondit à Saül : Il m’a demandé instamment d’aller à Bethléhem, 29 Et il a dit : Laissez-moi aller, parce qu’il y a un sacrifice solennel en ma cité, un de mes frères m’a appelé ; maintenant donc, si j’ai trouvé grâce à vos yeux, j’irai aussitôt, et je verrai mes frères. C’est pour cette raison qu’il n’est pas venu à la table du roi. 30 Or, Saül irrité contre Jonathas, lui dit : Fils d’une femme qui ravit volontiers un homme, est-ce que j’ignore que tu aimes le fils d’Isaï, à ta confusion, et à la confusion de ton ignominieuse mère ? 31 Car durant tous les jours que le fils d’Isaï vivra sur la terre, tu ne seras pas affermi, ni toi, ni ton royaume. C’est pourquoi, envoie dès maintenant, et amène-le-moi, parce que c’est un fils de mort.
Note : I Rois 20, 31 : Fils de mort; hébraïsme pour voué à la mort, digne de mort.
32 Mais Jonathas répondant à Saül, son père, dit : Pourquoi mourra-t-il? qu’a-t-il fait? 33 Et Saül saisit sa lance pour le frapper. Et Jonathas comprit qu’il avait été arrêté par son père de tuer David. 34 Jonathas donc se leva de table dans une colère de fureur, et il ne mangea pas de pain le second jour des calendes; car il était contristé au sujet de David, parce que son père l’avait outragé.
Note : I Rois 20, 34 : Une colère de fureur ; hébraïsme pour une colère furieuse.
35 Et lorsque le matin fut venu, Jonathas vint à la campagne, selon la convention faite avec David, et un petit serviteur avec lui, 36 Et il dit à son serviteur : Va, et apporte-moi les flèches que je tire. Et lorsque le serviteur eut couru, il tira une autre flèche au-delà du serviteur. 37 C’est pourquoi le serviteur vint à l’endroit du trait qu’avait lancé Jonathas ; et Jonathas cria derrière le serviteur, et dit : La voilà la flèche, là-bas, au-delà de toi. 38 Et Jonathas cria encore derrière le serviteur, disant : Hâte-toi vite, ne t’arrête point. Or le serviteur de Jonathas recueillit les flèches, et les apporta à son maître ; 39 Quant à ce qui se faisait, il l’ignorait entièrement; car Jonathas et David seulement savaient la chose. 40 Ensuite Jonathas donna ses armes au serviteur, et lui dit : Va, et porte-les à la ville. 41 Et lorsque le serviteur s’en fut allé, David se leva du lieu, qui regardait le midi, et tombant incliné vers la terre, il se prosterna par trois fois ; et, s’embrassant l’un l’autre, ils pleurèrent ensemble, mais David beaucoup plus.
Note : I Rois 20, 41 : Et il se prosterna ; littéralement : et il adora. Voir Genèse, 18, 2.
42 Jonathas donc dit à David : Va en paix; tout ce que nous avons juré tous deux, au nom du Seigneur, disant : Que le Seigneur soit entre moi et toi, et entre ma postérité et ta postérité pour toujours. . . . 43 Et David se leva et s’en alla; mais Jonathas rentra dans la ville.