Bible Glaire
Visitez le site vaticancatholique.com pour des informations cruciales sur la foi catholique traditionnelle.

Chapitre 3

1 Voici les nations que le Seigneur laissa, pour instruire par elles Israël et tous ceux qui ne connaissaient pas les guerres des Chananéens; 2 Afin que dans la suite leurs enfants apprissent à combattre contre les ennemis, et qu’ils s’accoutumassent à livrer bataille :3 Les cinq satrapes des Philistins, tous les Chananéens, les Sidoniens et les Hévéens qui habitaient sur la mont Liban, depuis la montagne de Baal-Hermon jusqu’à l’entrée d’Emath.

Note : Juges 3, 3 : Les cinq satrapes, etc. Ces mots se rapportant à : Voici les nations, etc. , 1er du verset dont ils sont l’explicatif ; mais ils sont à l’accusatif, parce qu’on peut les considérer aussi comme complément du verbe, qui les précède immédiatement, livrer bataille, ou abandonner (verset 1). ― Baal-Hermon. Voir Josué, 11, 17. Emath. Voir 2 Rois, 7, 9.

4 Or, il les laissa, afin que par eux il éprouvât Israël, en voyant s’il écouterait les commandements du Seigneur, qu’il avait donnés à leurs pères par l’entremise de Moïse, ou non. 5 C’est pourquoi les enfants d’Israël habitèrent au milieu du Chananéen, de l’Héthéen, de l’Amorrhéen, du Phérézéen, de l’Hévéen et du Jébuséen ; 6 Ils prirent pour femmes, leurs filles, et ils donnèrent eux-mêmes leurs propres filles à leurs fils, et ils servirent leurs dieux.

7 Ainsi, ils firent le mal en la présence du Seigneur, et ils oublièrent leur Dieu, servant les Baalim et les Astaroth.

Note : Juges 3, 7 : Baalim. Voir Juges, 2, 11. ― Astaroth, pluriel féminin hébraïque, signifie les idoles de la divinité, qui dans le texte original se produit sous la forme aschtoreth, ou mieux haschthoreth, et dans la Vulgate sous celle d’Astharthé. L’hébreu lit ici aschéroth, qui veut dire bois sacré, parce qu’on l’adorait plus particulièrement dans les bois. ― Astoreth ou Astarté avait beaucoup de traits de ressemblance avec Vénus. Elle est souvent nommée dans le livre des Juges, en compagnie de Baal. Il y avait d’ailleurs plusieurs Astoreths ou Astartés, comme il y avait plusieurs Baals : chaque Baal avait son Astarté, la multiplication du dieu impliquant la multiplication de la déesse. De même que Baal était quelquefois le ciel, Astarté était aussi la terre fécondée par le ciel. Mais de nombreux indices montrent aussi qu’elle est souvent la lune, emblème de la beauté féminine, de même que le soleil, qui fait pousser les plantes et dessèche, est le symbole de la force et de la destruction ; elle est le principe passif et productif, la mère, comme Baal est le principe actif et générateur, le père. Une figurine en albâtre du Musée du Louvre représente Astarté portant un croissant d’or au-dessus de sa tête, mais on la représente le plus souvent sous la forme d’un pieu symbolique.

8 Or, irrité contre Israël, le Seigneur les livra aux mains de Chusan Rasathaïm, roi de Mésopotamie, et ils le servirent pendant huit ans.

Note : Juges 3, 8 : Chusan-Rasathaïm ne nous est connu que par ce passage du livre des Juges. ― Sur Amalec, voit Exode, 17, 8.

9 Et ils crièrent au Seigneur, qui leur suscita un sauveur qui les délivra, Othoniel, fils de Cénez, frère puîné de Caleb.

Note : Juges 3, 9 : Un sauveur qui les délivra ; ce qui semblerait donner à ce verbe le mot Seigneur pour sujet. Mais voir Josué, 24, 7.

10 Et l’esprit du Seigneur fut en lui, et il jugea Israël. Il s’en alla au combat, et le Seigneur livra en ses mains Chusan Rasathaïm, roi de Syrie, et il le subjugua. 11 Et le pays se reposa durant quarante ans, et Othoniel, fils de Cénez, mourut.

12 Mais les enfants d’Israël recommencèrent à faire le mal en la présence du Seigneur, qui fortifia contre eux Eglon, roi de Moab, parce qu’ils firent le mal en sa présence. 13 Et il joignit à lui les enfants d’Ammon et d’Amalec ; et il alla et battit Israël, et il se rendit maître de la ville des Palmes.

Note : Juges 3, 13 : La ville des Palmes, probablement Jéricho.

14 Et les enfants d’Israël servirent Eglon, roi de Moab, pendant dix-huit ans;

15 Et après cela ils crièrent au Seigneur, qui leur suscita un sauveur du nom d’Aod, fils de Géra, fils de Jémini, qui se servait des deux mains comme de la droite. Or, les enfants d’Israël envoyèrent par lui des présents à Eglon, roi de Moab.

Note : Juges 3, 15 : Aod… se servait des deux mains comme de la droite. Aod n’était pas le seul Israélite habitué à se servir également des deux mains dans le combat. Les Benjamites, à la tribu desquels appartenait Aod, étaient célèbres comme archers et comme frondeurs, comme également habiles à se servir de la main gauche et de la main droite, et capables de frapper un cheveu avec leur fronde, voir Juges, 20, 16 ; 1 Paralipomènes, 12, 2. Mucius Scaevola, qui se rendit célèbre chez les Romains par un acte semblable à celui d’Aod, était aussi gaucher ; et c’est la signification même de son surnom de Scaevola.

16 Aod se fit un glaive à deux tranchants, qui avait au milieu une garde de la longueur de la paume de la main, et il le ceignit sous son sayon, sur la cuisse droite. 17 Et il offrit les présents à Eglon, roi de Moab. Or, Eglon était extrêmement gros. 18 Lors donc qu’il lui eut offert les présents, il suivit ses compagnons qui étaient venus avec lui. 19 Puis, revenu de Galgala, où étaient les idoles, il dit au roi : J’ai une parole secrète pour vous, ô roi. Et le roi commanda le silence, et tous ceux qui étaient autour de lui étant sortis,

Note : Juges 3, 19 : De Galgala. Voir Juges, 2, 1. ― Où étaient les idoles, c’est peut-être un nom de lieu, Pesilim. Au verset 26, nous lisons le lieu des idoles.

Note : Juges 3, 19-22 : Si on était obligé de justifier cette conduite d’Aod, on pourrait dire qu’il croyait, d’après les préjugés du temps, et le droit de la guerre, beaucoup plus rigoureux à cette époque reculée qu’il ne l’est aujourd’hui, qu’il lui était permis de recourir à un pareil stratagème. N’est-il pas possible d’ailleurs que Dieu ait suscité ce général pour sauver son peuple, sans lui inspirer ce meurtre ? ― Chez tous les peuples et dans tous les temps, on a admiré le sang-froid, l’audace, le courage et le dévouement qu’indiquent, dans leurs auteurs, des actes comme ceux d’Aod, quoique ces actes ne soient pas du tout point irrépréhensibles. Les Athéniens ont chanté les louanges d’Harmodius et d’Aristogiton, les Romains ont glorifié Mucius Scaevola.

20 Aod s’approcha de lui : or, il était assis dans sa chambre d’été, seul; Aod lui dit donc : J’ai une parole de Dieu pour vous. Le roi aussitôt se leva de son trône. 21 Et Aod étendit la main gauche, et prit le glaive de dessus sa cuisse droite, et l’enfonça dans son ventre, 22 Si fortement, que la poignée suivit le fer dans la blessure, et s’y trouva très resserrée par la graisse extrêmement épaisse. Il ne retira donc point le glaive, mais il le laissa dans le corps, comme il était, lorsqu’il eut porté le coup : et aussitôt les excréments renfermés dans le ventre s’échappèrent par les conduits naturels. 23 Or, Aod, ayant fermé avec le plus grand soin les portes de la chambre, et y ayant mis les verrous, 24 Sortit par le derrière. Cependant les serviteurs du roi étant venus, virent les portes de la chambre fermées, et ils dirent : Peut-être satisfait-il à un besoin dans la chambre d’été. 25 Et ayant attendu longtemps jusqu’à en être troublés, et voyant que personne n’ouvrait, ils prirent la clef; et ouvrant, ils trouvèrent leur maître étendu sur la terre, mort. 26 Mais Aod, pendant que ceux-ci étaient dans le trouble, s’enfuit et traversa le lieu des idoles, d’où il était revenu. Il vint à Séirath ;

Note : Juges 3, 26 : Séirath, localité inconnue de la montagne d’Ephraïm.

27 Et aussitôt il sonna de la trompette sur la montagne d’Ephraïm, et les enfants d’Israël descendirent avec lui, marchant lui-même en tête. 28 Il leur dit : Suivez-moi; car le Seigneur a livré nos ennemis, les Moabites, en nos mains. Et ils descendirent après lui, et ils occupèrent les gués du Jourdain, par lesquels on va à Moab ; et ils ne laissèrent passer personne.

Note : Juges 3, 28 : Personne ; c’est-à-dire aucun des Moabites. ― Il n’y avait pas de ponts sur le Jourdain ; on ne pouvait le passer qu’à gué.

29 Mais ils tuèrent en ce temps-là environ dix mille Moabites, tous hommes forts et vaillants; nul d’entre eux ne put échapper. 30 Ainsi Moab fut humilié en ce jour-là sous la main d’Israël; et le pays se reposa durant quatre-vingts ans.

31 Après Aod il y eut Samgar, fils d’Anath, qui défit six cents hommes d’entre les Philistins avec un soc de charrue et lui aussi défendit Israël.

Note : Juges 3, 31 : D’entre les Philistins. Sur les Philistins, voir Juges, note 13. 1.

0%