Chapitre 32
1 Jacob aussi s’en alla par le chemin qu’il avait pris : et les anges du Seigneur furent à sa rencontre.
Note : Gn. 32, 1 : Voir Genèse, 48, 16.
2 Quand il les eut vus, il dit : C’est le camp de Dieu ; et il appela ce lieu du nom de Mahanaïm, c’est-à-dire camp.
Note : Gn. 32, 2 : Mahanaïm, à l’est du Jourdain, au nord du Jaboc.
3 Mais il envoya aussi des messagers devant lui à Esaü son frère dans la terre de Séir, dans la contrée d’Edom,
Note : Gn. 32, 3 : Séir, Edom, l’Idumée. Voir Marc, note 3. 8. ― Esaü ne s’était pas encore établi définitivement en Idumée, voir plus loin, Genèse, 36, 6, mais il y vivait alors en nomade, pour y faire paître ses troupeaux, et il fit plus tard la conquête du pays.
4 Et leur commanda, disant : Parlez ainsi à mon seigneur Esaü : Voici ce que dit votre frère Jacob: J’ai demeuré comme étranger chez Laban, et j’y ai été jusqu’au présent jour. 5 J’ai des boeufs, des ânes, des brebis, des serviteurs et des servantes; et j’envoie maintenant un message à mon seigneur, afin de trouver grâce en votre présence. 6 Et les messagers retournèrent vers Jacob, disant : Nous sommes venus auprès d’Esaü, votre frère, et voici qu’il vient en grande hâte au-devant de vous avec quatre cents hommes.
7 Jacob eu t une grande frayeur, et tout épouvanté, il divisa les gens qui étaient avec lui, de même que les troupeaux, les brebis, les boeufs et les chameaux, en deux troupes, 8 Disant : Si Esaü vient à une troupe et qu’il la batte, l’autre qui restera, sera sauvée. 9 Jacob dit ensuite : Dieu de mon père Abraham, Dieu de mon père Isaac, Seigneur qui m’avez dit : Retourne en ton pays et au lieu de ta naissance et je te ferai du bien,
10 Je suis au-dessous de vos miséricordes et de la fidélité que vous avez gardée envers votre serviteur. J’ai passé ce Jourdain n’ayant qu’un bâton; et maintenant je reviens avec deux troupes. 11 Délivrez-moi de la main de mon frère Esaü, car je le crains extrêmement; de peur que, venant, il ne frappe la mère avec les enfants. 12 Vous avez dit que vous me feriez du bien, et que vous étendriez ma postérité comme le sable de la mer, lequel par sa multitude ne peut se compter. 13 Et, quand il eut dormi là cette nuit, il sépara de ce qu’il avait, des présents pour Esaü son frère :
14 Deux cents chèvres, vingt boucs, deux cents brebis et vingt béliers, 15 Trente femelles de chameaux pleines avec leurs petits, quarante vaches, vingt taureaux, vingt ânesses et dix de leurs petits. 16 Et il envoya par ses serviteurs chacun des troupeaux séparément, et il dit à ses serviteurs : Précédez-moi, et qu’il y ait un intervalle entre un troupeau et un troupeau. 17 Et il commanda au premier, disant : Si tu rencontres mon frère Esaü, et qu’il te demande : A qui es-tu? ou bien : Où vas-tu? ou : A qui sont ces bêtes que tu suis? 18 Tu répondras : A votre serviteur Jacob, qui les envoie en présent à mon seigneur Esaü : lui-même aussi vient après nous. 19 Il donna pareillement des ordres au second, au troisième, et à tous ceux qui suivaient les troupeaux, disant : C’est en ces mêmes termes que vous parlerez à Esaü, quand vous l’aurez trouvé. 20 Et vous ajouterez: Lui-même aussi votre serviteur Jacob suit notre chemin ; car il a dit : Je l’apaiserai par les présents qui me précèdent, et après cela je le verrai, peut-être qu’il me deviendra propice. 21 C’est pourquoi les présents le précédèrent, mais lui-même demeura cette nuit-là dans le camp.
22 Et lorsqu’il se fut levé de bonne heure, il prit ses deux femmes et autant de servantes avec ses onze fils, et passa le gué de Jaboc.
Note : Gn. 32, 22 : Le gué de Jaboc. Jaboc, sur la rive gauche du Jourdain, s’appelle aujourd’hui ouadi Zerka, le bleu, à cause de la couleur de ses eaux. Il se jette dans le Jourdain, entre le lac de Tibériade et la mer Morte, plus près de cette dernière. Il prend sa source à l’est du plateau de Galaad. Près de son embouchure, il n’est jamais à sec, et en hiver, il est souvent impossible de le passer à gué.
23 Et ayant fait passer tout ce qui lui appartenait, 24 Il demeura seul : et voilà qu’un homme lutta avec lui jusqu’au matin.
Note : Gn. 32, 24 : Un homme ; le prophète Osée (12, 4) lui donne le nom d’ange.
25 Or comme cet homme vit qu’il ne pouvait le vaincre, il toucha le nerf de sa cuisse, lequel aussitôt se dessécha. 26 Et il lui dit : Laisse-moi; car déjà se lève l’aurore. Jacob répondit : Je ne vous laisserai point, si vous ne me bénissez. 27 Il lui demanda donc : Quel est ton nom? Il répondit : Jacob. 28 Mais l’homme : On ne t’appellera plus, dit-il, du nom de Jacob, mais du nom d’Israël; parce que si tu as été fort contre Dieu, combien plus prévaudras-tu contre les hommes?
Note : Gn. 32, 28 : On ne t’appellera plus, etc. c’est-à-dire : Tu ne t’appelleras plus seulement Jacob, tu t’appelleras aussi Israël. Ce dernier nom fut donné plus particulièrement à ses descendants, puisqu’ils ne furent connus que sous la dénomination d’Israélites.
29 Jacob lui demanda : Dites-moi, de quel nom vous appelez-vous? Il répondit : Pourquoi demandes-tu mon nom? Et il le bénit en ce même lieu. 30 Jacob appela ce lieu du nom Phanuel, disant : J’ai vu Dieu face à face, et mon âme a été sauvée.
Note : Gn. 32, 30 : Comme on l’a déjà remarqué plusieurs fois, par le mot âme les Hébreux entendaient souvent la personne, l’individu même. Comme c’était anciennement une opinion générale que l’on ne pouvait Dieu ou un ange sans en mourir, quelques interprètes supposent que le sens de ce passage est : J’ai vu le Seigneur, et cependant je n’en suis pas mort ; mais il est plus naturel de croire que Jacob voulait dire par là que Dieu l’avait délivré de la frayeur extrême qu’il avait de son frère Esaü, au-devant duquel il alla ensuite avec plus de confiance. ― Phanuel était probablement entre le Djébel Adjloun et le Djébel Djeloud.
31 Et le soleil se leva aussitôt après qu’il eut passé Phanuel; mais il boitait d’un pied. 32 C’est pour ce motif que les enfants d’Israël ne mangent point jusqu’au présent jour, le nerf qui se dessécha dans la cuisse de Jacob, parce que l’ange toucha le nerf de sa cuisse, qui fut paralysé.