Chapitre 1
1 Au commencement Dieu créa le ciel et la terre.
Note : Gn. 1, 1 : Voir Psaumes, 32, 6 ; 135, 5 ; Ecclésiastique, 18, 1 ; Actes des Apôtres, 14, 14 ; 17, 24. ― Au commencement ; c’est-à-dire rien n’existant encore que Dieu seul. ― Voir à la fin du volume la note 1 sur la cosmogonie mosaïque.
2 Mais la terre était informe et nue, et des ténèbres étaient sur la face d’un abîme, et l’Esprit de Dieu était porté sur les eaux.
3 Or Dieu dit : Que la lumière soit. Et la lumière fut.
Note : Gn. 1, 3 : Voir Hébreux, 11, 3. ― Littéralement : Que lumière soit, et lumière fut. Par lumière, il faut entendre ici le fluide lumineux dont les astres sont devenus les moteurs.
4 Et Dieu vit que la lumière était bonne, et il sépara la lumière des ténèbres. 5 Et il appela la lumière, Jour, et les ténèbres, Nuit : et d’un soir et d’un matin se fit un jour unique.
6 Dieu dit encore : Qu’un firmament soit fait entre les eaux, et qu’il sépare les eaux d’avec les eaux.
Note : Gn. 1, 6-7 : Le mot firmament de la Vulgate, aussi bien que l’hébreu expansion, étendue signifie l’atmosphère, qui non seulement divise les eaux des nuées que les vapeurs y forment, de celles de la terre, mais qui pesant sur les eaux des mers, les maintient et les affermit dans leur état liquide et dans leurs limites.
7 Et Dieu fit le firmament, et il sépara les eaux qui étaient sous le firmament de celles qui étaient sur le firmament. Et il fut fait ainsi.
Note : Gn. 1, 7 : Voir Psaumes, 13, 5 ; 148, 4 ; Jérémie, 10, 12 ; 51, 15.
8 Or Dieu nomma le firmament, Ciel ; et d’un soir et d’un matin se fit un second jour.
9 Dieu dit ensuite : Que les eaux qui sont sous le ciel se rassemblent en un seul lieu, et que la partie aride paraisse. 10 Or Dieu nomma la partie aride. Terre, et les amas d’eaux, il les appela Mers. Et Dieu vit que cela était bon.
Note : Gn. 1, 10 : Voir Job, 38, 4 ; Psaumes, 32, 7 ; 88, 12 ; 135, 6.
11 Et il dit : Que la terre produise de l’herbe verdoyante, et faisant de la semence, et des arbres fruitiers, faisant du fruit selon leur espèce, dont la semence soit en eux-mêmes sur la terre. Et il fut fait ainsi.
Note : Gn. 1, 11 : Faisant du fruit ; portant déjà du fruit, chargés de leurs fruits. ― Selon leur espèce : littéralement Selon son genre. Ces deux mots sont souvent confondus dans la Vulgate ; le texte hébreu porte partout le même terme, que l’on rend généralement par espèce.
12 Et la terre produisit de l’herbe verdoyante, et faisant de la semence selon son espèce, et des arbres faisant du fruit, et ayant chacun de la semence selon son espèce. Et Dieu vit que cela était bon.
13 Et d’un soir et d’un matin se fit un troisième jour.
14 Dieu dit aussi : Qu’il soit fait des luminaires dans le firmament du ciel, et qu’ils séparent le jour et la nuit, et qu’ils servent de signes pour marquer et les temps et les jours et les années,
Note : Gn. 1, 14 : Voir Psaumes, 135, 7. ― Le soleil et la lune ne sont pas, il est vrai, les deux plus grands astres, bien qu’ils nous paraissent tels ; mais ils sont les deux plus grands luminaires, puisque, de tous les globes célestes, ce sont ceux qui répandent le plus de lumière.
15 Qu’ils luisent dans le firmament du ciel, et qu’ils éclairent la terre. Et il fut fait ainsi. 16 Dieu fit donc deux grands luminaires; l’un plus grand, pour présider au jour; l’autre moins grand, pour présider à la nuit; et les étoiles.
Note : Gn. 1, 16 : Dieu fit deux grands luminaires. « Le soleil et la lune ne son pas les deux plus grands corps célestes ; ils sont néanmoins les deux plus grands luminaires (relativement à nous), puisque ce sont ceux de tous les astres qui répandent le plus de lumière sur la terre. » ― Pour présider au jour. « Moïse dit que le soleil est destiné à présider au jour, comme la lune et les étoiles sont destinées à éclairer la nuit, afin d’ôter aux Israélites la tentation d’accorder ces corps inanimés (comme le faisaient les peuples voisins), voir Deutéronome, 4, 19. » (DUCLOT. )
17 Et il les plaça dans le firmament du ciel pour luire sur la terre, 18 Pour présider au jour et à la nuit, et pour séparer la lumière et les ténèbres. Et Dieu vit que cela était bon.
19 Et d’un soir et d’un matin se fit un quatrième jour.
20 Dieu dit encore : Que les eaux produisent des reptiles d’une âme vivante, et des volatiles sur la terre, sous le firmament du ciel.
Note : Gn. 1, 20 : Les Hébreux appelaient les poissons reptiles, parce qu’ils n’ont généralement point de pieds et qu’ils se traînent sur leur ventre. ― D’une âme vivante ; c’est-à-dire doués du principe vital, animés.
21 Dieu créa donc les grands poissons, et toute âme vivante et ayant le mouvement, que les eaux produisirent selon leurs espèces, et tout volatile selon son espèce. Et Dieu vit que cela était bon. 22 Il les bénit, disant : Croissez et multipliez-vous, et remplissez les eaux de la mer : et que les oiseaux se multiplient sur la terre.
23 Et d’un soir et d’un matin se fit un cinquième jour.
24 Dieu dit aussi : Que la terre produise des âmes vivantes selon leur espèce, des animaux domestiques, des reptiles et des bêtes de la terre selon leurs espèces. Et il fut fait ainsi. 25 Dieu fit donc les bêtes de la terre selon leurs espèces, les animaux domestiques et tous les reptiles de la terre selon leur espèce. Et Dieu vit que cela était bon.
26 Il dit ensuite : Faisons un homme à notre image et à notre ressemblance : et qu’il domine sur les poissons de la mer, sur les volatiles du ciel, et sur les bêtes, et sur toute la terre et sur tous les reptiles qui se meuvent sur la terre.
Note : Gn. 1, 26 : Voir Genèse, 5, 1 ; 9, 6 ; 1 Corinthiens, 11, 7 ; Colossiens, 3, 10. ― Faisons marque évidemment la pluralité des personnes en Dieu. ― A notre image, etc. L’homme est fait à l’image de Dieu en ce qu’il est doué d’une âme immatérielle, immortelle, intelligente, libre, capable de sagesse, de vertu et de béatitude, c’est-à-dire, de voir Dieu et d’en jouir. ― « Dieu, dit Bossuet, a formé les autres animaux en cette sorte : Que la terre, que les eaux produisent les plantes et les animaux, et c’est ainsi qu’ils ont reçu l’être et la vie. Mais Dieu, après avoir mis en ses mains toutes puissantes la boue dont le corps humain a été formé, il n’est pas dit qu’il en ait tiré son âme, mais il est dit qu’il inspira sur sa face un souffle de vie, et c’est ainsi qu’il a été fait une âme vivante. Dieu fait sortir chaque chose de ses principes : il produit de la terre les herbages et les arbres avec les animaux, qui n’ont d’autre vie qu’une vie terrestre et purement animale : mais l’âme de l’homme est tirée d’un autre principe, qui est Dieu. C’est ce que veut dire ce souffle de vie, que Dieu tire de sa bouche pour en animer l’homme : ce qui est fait à la ressemblance de Dieu ne sort point des choses matérielles ; et cette image n’est point cachée dans ces bas éléments pour en sortir, comme fait une statue de marbre ou de bois. L’homme a deux principes : selon le corps, il vient de la terre ; selon l’âme, il vient de Dieu seul ; et c’est pourquoi, dit Salomon, pendant que le corps retourne à la terre d’où il a été tiré, l’esprit retourne à Dieu qui l’a donné. »
27 Et Dieu créa l’homme à son image : c’est à l’image de Dieu qu’il le créa : il les créa mâle et femelle.
Note : Gn. 1, 27 : Voir Sagesse, 2, 23 ; Ecclésiastique, 17, 1 ; Matthieu, 19, 4.
28 Et Dieu les bénit et leur dit : Croissez et multipliez-vous; remplissez la terre et assujettissez-la, et dominez sur les poissons de la mer, sur les volatiles du ciel et sur tous les animaux qui se meuvent sur la terre.
Note : Gn. 1, 28 : Voir Genèse, 8, 17 ; 9, 1. ― Remplissez la terre, parce que la terre est faite pour l’homme. La terre « tient dignement son rang [au milieu des astres] par la suprême harmonie de toutes ses parties et de tous ses mouvements ; planète aux allures rythmiques, elle est en petit le représentant des mondes. Carl Ritter caractérisait la terre comme étant la planète du juste milieu. La plasticité du globe terrestre offrait, disait-il, plus d’harmonie que celle des autres planètes ; les aspérités qui en hérissent la surface sont moins accentuées que celles qui existent sur Vénus et sur la lune. N’étant ni trop voisine ni trop éloignée du soleil, la terre n’est exposée qu’à une chaleur modérée ; elle n’a qu’un seul satellite, pendant que d’autres planètes en ont jusqu’à 8 ou n’en ont pas du tout. Elle représente en toutes choses une sorte de terme moyen également éloigné de tous les extrêmes et cet équilibre admirable des conditions d’existence de la terre semble indiquer un développement individuel qui s’est harmonisé d’une manière définitive avec le système solaire tout entier et qui fait de la terre le séjour prédestiné de l’homme. » (RADAU. )
29 Dieu dit encore : Voici que je vous donne toute herbe portant de la semence sur la terre, et toutes les plantes ayant en elles-mêmes la semence de leur espèce, pour être votre nourriture;
Note : Gn. 1, 29 : Voir Genèse, 9, 3.
30 Et à tous les animaux de la terre, à tous les oiseaux du ciel, et à tout ce qui se meut sur la terre et en qui est une âme vivante, pour qu’ils aient à manger. Et il fut fait ainsi. 31 Et Dieu vit toutes les choses qu’il avait faites, et elles étaient très bonnes. Et d’un soir et d’un matin se fit le sixième jour.
Note : Gn. 1, 31 : Voir Ecclésiastique, 39, 21 ; Marc, 7, 37.